Les IPP constituent une classe de médicaments largement prescrite en France (cf. Encadré 1). Du fait de leur action sur la sécrétion gastrique, ces médicaments sont indiqués dans la prise en charge du reflux gastro-œsophagien (RGO) et des ulcères gastroduodénaux (cf. VIDAL Recos "RGO de l'adulte" et "Ulcère gastroduodénal").
Encadré 1 - Les IPP en France : quelques chiffres repères d'usage et de mésusage
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Les spécialités contenant un IPP (cf. Encadré 2) ont récemment fait l'objet d'une réévaluation médico-économique par la HAS (Haute Autorité de Santé). Outre les avis émis spécialité par spécialité, la HAS a également produit un rapport d'évaluation de 163 pages portant sur l'ensemble des IPP commercialisés en France.
Selon ses conclusions, la HAS maintient son avis favorable pour le remboursement de ces spécialités, sans conditions restrictives. Dans les indications de l'autorisation de mise sur le marché (AMM), le service médical rendu (SMR) de ces spécialités reste important.
Interrogée par la DSS (Direction de la Sécurité sociale) en août 2019 (cf. Encadré 3) sur l'opportunité de limiter la durée de remboursement des IPP, la Commission a indiqué ne pas être favorable à cette proposition.
Encadré 2 - Spécialités contenant un IPP disponibles en France
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Dans sa saisine du 2 août 2019 (cf. annexe 2 du rapport d'évaluation HAS), la DSS propose de limiter la durée de remboursement des IPP à un maximum de 90 jours par année pour un patient âgé d'au moins 18 ans, sauf dans certaines situations particulières. Cette mesure est applicable au Québec depuis 2017. |
La HAS préfère la promotion du bon usage plutôt que la restriction du remboursement
Dans son rapport d'évaluation, la HAS émet des recommandations pour une prescription raisonnée des IPP.
Plutôt que d'imposer des conditions restrictives de remboursement, la HAS souhaite déployer des actions de sensibilisation au bon usage des IPP :
- à destination des professionnels de santé, pour inciter à changer les pratiques et engager une stratégie de déprescription (et optimiser le conseil pour les IPP disponibles sans ordonnance) : actualisation de la fiche bon usage des IPP (Fiche BUM IPP chez l'adulte - 2009) et diffusion de ce document ;
- à destination des patients, pour inciter à changer les habitudes : élaboration d'un document d'information sur les IPP.
Changement des pratiques d'utilisation des IPP : 3 situations prioritaires
La HAS identifie en particulier 3 situations de mésusage pour lesquelles un changement des pratiques s'impose :
- Recours aux IPP en prévention des lésions gastroduodénales dues aux AINS chez des patients non à risque : il s'agit d'une utilisation hors AMM non justifiée (cf. Encadré 4) rapportée dans 80 % des cas de prescription (source ANSM). Outre la coprescription avec un AINS, un autre usage hors AMM non justifié est rapporté chez des patients recevant un antiagrégant plaquettaire ou un anticoagulant au long cours pour un événement de nature cardiovasculaire ou neurovasculaire.
- Durée de prescription dans le traitement du RGO : cette durée est souvent trop longue. Selon les recommandations en vigueur, un IPP doit être prescrit pour une durée initiale de 8 semaines maximum. À l'issue de ce délai, le traitement doit être réévalué régulièrement en tenant compte du soulagement obtenu chez les patients, du profil de tolérance et des résultats des examens complémentaires. Après cette période de 8 semaines, la posologie sera éventuellement réduite et une fibroscopie est nécessaire si les symptômes persistent.
- Prescription d'IPP chez les personnes les plus âgées et les nourrissons ou les jeunes enfants : ces prescriptions sont trop fréquemment injustifiées et exposent à une iatrogénie médicamenteuse. Chez les nourrissons et les jeunes enfants, les IPP sont rarement justifiés et ils ne sont pas utiles en cas de régurgitation non compliquée (cf. Encadré 5).
Encadré 4 - Situations pour lesquelles la prescription d'IPP est justifiée, en prévention des lésions gastroduodénales dues aux AINS
La prescription systématique d'un IPP en association aux AINS ne se justifie, conformément à l'AMM, que dans les situations de risque suivantes :
Les nouvelles données ne remettent pas en cause cette stratégie limitant la coprescription systématique des IPP avec les AINS uniquement chez ces patients à risque. La prévention par IPP doit être arrêtée en même temps que le traitement par AINS. |
Aucun IPP n'a d'AMM chez l'enfant de moins de 1 an et de moins de 10 kg. Au-delà de 1 an :
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Pour aller plus loin
Communiqué de presse - Les IPP restent utiles mais doivent être moins et mieux prescrits (HAS, 12 novembre 2020)
Rapport d'évaluation sur les IPP (HAS, novembre 2020)