
En France, environ 5 500 nouveaux cas d'infection à VIH par an.nndanko / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
En France, de 5 000 à 5 550 nouveaux diagnostics d’infection par le VIH sont rapportés chaque année. Dans 43 % des cas, le diagnostic est posé à un stade tardif, alors qu’il est aujourd’hui largement prouvé qu’un traitement précoce permet d’améliorer le pronostic individuel et de réduire la transmission du virus.
Si le dispositif VIH Test (sans ordonnance) a permis d’accroître le nombre de tests réalisés en laboratoire, les praticiens doivent maintenir leurs efforts de dépistage, en prescrivant et en répétant les tests dans certains groupes de transmission, jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), mais aussi femmes hétérosexuelles ayant des nouveaux ou multiples partenaires qui, souvent, ne se sentent pas exposées.
Des marges de progrès existent également en accroissant le recours à la prévention préexposition (PrEP) chez les femmes à risque, qui encore fréquemment n’en bénéficient pas.
Chaque année, quelque 5
- les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) nés à l’étranger (66
- les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger (32
- les personnes trans (2
Au total, plus de la moitié des découvertes de séropositivité en 2023 (57
L’augmentation récente des nouvelles séropositivités doit être mise en regard de la diminution importante qui avait été observée en 2020, en lien avec l’épidémie de Covid-19 (baisse de l’activité de dépistage, des flux migratoires et probablement des expositions au VIH du fait du confinement).
L’analyse de l’évolution au cours d’une période plus large, de 2012 à 2023, montre la diminution des séropositivités chez
- les usagers de drogues injectables ;
- les femmes hétérosexuelles nées en France ;
- les hommes hétérosexuels nés en France ou à l’étranger ;
- les HSH nés en France.
En revanche, elles sont en forte augmentation chez
- les HSH nés à l’étranger ;
- les personnes trans contaminées par rapports sexuels.
Leur nombre est resté quasi stable chez les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger.
Toujours selon les données de SPF, en 2023, 30
L’épidémie suit une même tendance en Europe (UE/EEE), où le taux de nouveaux diagnostics de VIH s’est élevé de près de 12 % entre 2022 et 2023 [2]. L’intensification des tests de dépistage du VIH et l’augmentation des diagnostics au sein des populations migrantes peuvent expliquer cette hausse. Plus de la moitié des diagnostics d’infection à VIH y sont également posés tardivement.
Une offre de dépistage diversifiée
Ces données soulignent l’importance qui doit toujours être accordée à la prévention et au dépistage précoce.
L’offre de dépistage est aujourd’hui très diversifiée
- en laboratoire sur ordonnance ou non, grâce au dispositif VIH
- dans les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l’immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles.
- grâce aux TROD communautaires, les tests rapides d’orientation diagnostique réalisés par les associations en milieu communautaire. En 2023, environ 51
- via les autotests VIH
En 2023, 7,5 millions de sérologies VIH ont été réalisées en laboratoires de ville et hospitaliers. Un chiffre en augmentation de 25 % par rapport à 2021 et de +16
Cependant, la cassure du dépistage lors de l’épidémie de Covid-19 n’a été que partiellement rattrapée.
Des efforts doivent donc être faits, notamment en matière de répétition des tests dans certains groupes de transmission, jeunes HSH, mais aussi femmes hétérosexuelles ayant des nouveaux ou multiples partenaires.
À cet égard, les médecins de ville, généralistes comme spécialistes (gynécologues, dermatologues) jouent un rôle majeur pour prescrire un test de dépistage de façon répétée chez les patient(e)s potentiellement à risque, mais qui souvent ne se sentent pas exposées.
Comme le souligne le Pr Gilles Pialoux, chef du service de maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon (Paris), « on ne connaît pas exactement les chiffres de l’épidémie cachée (estimés à 25 000/ 30 000 cas), mais l’objectif est de détecter les personnes positives en travaillant sur les occasions manquées, afin de réduire les dépistages à un stade tardif et couper les chaînes de transmission. Les praticiens doivent avoir le réflexe “dépistage”, qui doit être “banalisé” ».
Quelle prévention peut-on adopter ?
Pour prévenir l'infection par le VIH, il existe aujourd'hui quatre moyens.
Le préservatif
L’outil majeur de la prévention de l’infection par le VIH reste le préservatif, méthode simple qui protège également du risque d’autres infections sexuellement transmissibles, mais qui est difficile à appliquer de façon systématique. Notamment, de nombreuses femmes ne peuvent l’imposer à leur partenaire.
La PrEP
L’arrivée, en 2017, de la prévention préexposition au
Elle est indiquée (et remboursée à 100
- les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ou des personnes transgenres avec des personnes transgenres ayant des rapports anaux non protégés avec des partenaires différents, ou ayant eu une infection sexuellement transmissible au cours de l’année, ou ayant pris un traitement post-exposition au cours de l’année, ou utilisant des drogues lors des rapports sexuels
- les personnes jugées au cas par cas à haut risque d'acquisition du VIH par voie sexuelle.
Pour le Pr Gilles Pialoux, «
En fonction de l’exposition, ce traitement préventif peut être prescrit de façon discontinue ou temporaire.
Le traitement dit « postexposition »
Le traitement dit «
La stratégie TasP
Enfin, la stratégie TasP (Treatment as Prevention), qui se fonde sur le traitement systématique de toutes les personnes séropositives dès le diagnostic, participe pleinement de la prévention de l'infection par le VIH. En effet, il est désormais prouvé que lorsqu’elle induit une charge virale indétectable, la personne traitée n'est plus contaminante.
Une logique de traitement universel
Les recommandations de 2024 de la Haute Autorité de santé, du Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) et de l’Agence nationale de recherche sur le sida, les hépatites virales et les maladies infectieuses émergentes (ANRS) ont permis de clarifier la stratégie de prise en charge des personnes nouvellement diagnostiquées [3].
L’objectif de l’initiation rapide d’un traitement antirétroviral (ARV) est double
- pour les patients, il permet de réduire la morbidité et la mortalité associées au VIH, de prévenir la transmission du VIH et d’améliorer ou de maintenir la qualité de vie ;
- au niveau collectif, il permet de prévenir la transmission sexuelle, sanguine, et mère-enfant.
Les recommandations stipulent «
Elles précisent «
Il est ainsi essentiel d’adresser au plus vite à un centre spécialisé les patients nouvellement diagnostiqués.
Les modalités du premier traitement ARV, dont le choix est individualisé, se sont simplifiées. Il fait appel à une combinaison de deux ou trois ARV (bithérapie ou trithérapie) pour VIH-1, trois pour VIH-2, en privilégiant une association fixe à comprimé unique quotidien.
Dans la majorité des cas, il vise à obtenir un contrôle de la réplication virale en 6
«
D’après un entretien avec le Pr Gilles Pialoux, chef du service de maladies infectieuses et tropicales, hôpital Tenon, Paris et www.vih.org
[1] VIH/sida (Santé publique France, novembre 2024)
[2] L’éradication du sida dans la Région européenne est retardée par le sous-diagnostic ou le diagnostic tardif du VIH (Organisation mondiale de la santé / Europe. Communiqué de presse du 28 novembre 2024)
[3] Initiation d’un premier traitement antirétroviral chez l’adulte vivant avec le VIH (Haute Autorité de santé, 29 août 2024)
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