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Caspofungine, burosumab et carbamazépine : des informations de sécurité émises à l'échelle européenne

L'ANSM a relayé les récentes informations de sécurité émises par le Comité de pharmacovigilance européen (Prac), concernant les médicaments suivants : spécialités de caspofungine, CRYSVITA (burosumab), TEGRETOL suspension buvable (carbamazépine). 

David Paitraud
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Une lettre va être diffusée aux professionnels de santé par les laboratoires concernés.

Une lettre va être diffusée aux professionnels de santé par les laboratoires concernés.Techa Tungateja / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a relayé les nouvelles informations de sécurité émises par le Comité pour l'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (Prac), concernant les médicaments suivants : 

  • l'antifongique caspofungine : mise en garde contre l'utilisation de membranes dérivées du polyacrylonitrile (PAN) pendant l’hémofiltration continue chez des patients en état critique. Ce type de membranes peuvent se lier à la caspofungine et réduire son efficacité ; 
  • CRYSVITA (burosumab) : mise en garde contre le risque d'hypercalcémie sévère et consignes pour la surveillance des patients en cours de traitement ;
  • la forme buvable de TEGRETOL (carbamazépine) : restriction d’utilisation de TEGRETOL suspension orale chez les nouveau-nés en raison de la concentration d’un excipient, le propylène glycol, dépassant le seuil recommandé.

Ces informations feront l'objet d'une lettre aux professionnels de santé diffusée par les laboratoires concernés. 

Début septembre, le Comité pour l'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (Prac) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a émis des nouvelles informations de sécurité pour trois médicaments commercialisés en France [1] : les spécialités de caspofungine, les spécialités CRYSVITA (burosumab), la spécialité TEGRETOL suspension buvable (carbamazépine).

En attendant les courriers d'information qui seront envoyés par les laboratoires concernés, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a partagé ces informations avec les professionnels de santé français et les invite dès à présent à respecter ces nouvelles recommandations [2].

Caspofungine : ne pas utiliser de membranes dérivées du polyacrylonitrile pendant l'hémofiltration continue

Des données obtenues en laboratoire suggèrent que les membranes à base de polyacrylonitrile (PAN) utilisées pour filtrer le sang pendant l’hémofiltration continue peuvent se lier à la caspofungine et entraîner une réduction de l'efficacité de cet antifongique. En outre, un manque d’efficacité de la caspofungine a été rapporté chez des patients traités avec ces membranes, exposant ces patients à une aggravation de l’infection fongique systémique (et à un risque de décès pour les patients en état critique).

Par conséquent, le Prac met en garde les professionnels de santé contre l’utilisation de membranes dérivées du PAN pendant l’hémofiltration continue chez des patients en état critique traités par caspofungine. 

Pour ces patients, les professionnels de santé doivent :

  • vérifier le type de membrane d’hémofiltration utilisée avant et pendant le traitement par caspofungine ;
  • passer à un autre type de membrane si des membranes à base de PAN sont utilisées, ou envisager le recours à un autre antifongique.

Le risque associé à l'utilisation de membranes dérivées du PAN en cas de traitement par caspofungine a fait l'objet d'une information en France en octobre 2024 (cf. notre article du 3 octobre 2024).

Burosumab (CRYSVITA) et risque d'hypercalcémie sévère : nouvelles recommandations

Des augmentations du taux de calcium sérique et/ou des taux d’hormone parathyroïdienne ont été rapportées chez des patients traités par burosumab. « En particulier, des cas d’hypercalcémie sévère ont été observés chez des patients présentant une hyperparathyroïdie tertiaire », souligne le Prac.

Il est donc recommandé : 

  • de ne pas administrer CRYSVITA aux patients présentant une hypercalcémie modérée à sévère (> 3 mmol/L) tant que l’hypercalcémie n’est pas traitée et reste présente ;
  • de mesurer le taux de calcium sanguin :
    • avant de débuter un traitement par CRYSVITA,
    • puis 1 à 2 semaines après l'initiation ou un ajustement posologique,
    • puis tous les 6 mois pendant le traitement (ou tous les 3 mois chez les enfants âgés de 1 à 2 ans) ;
  • de mesurer les taux d’hormones parathyroïdiennes tous les 6 mois (ou tous les 3 mois chez les enfants de 1 à 2 ans) ;
  • d'être attentifs aux facteurs qui peuvent augmenter le risque d’hypercalcémie tels qu’une hyperparathyroïdie, une immobilisation prolongée, une déshydratation, une hypervitaminose D (toxicité à la vitamine D) ou une insuffisance rénale.

Les documents d'information relatifs à CRYSVITA seront mis à jour pour inclure ces nouvelles recommandations de surveillance, et pour ajouter les effets indésirables suivants : hyperparathyroïdie, hypercalcémie, hypercalciurie (augmentation du taux de calcium dans les urines) et augmentation du taux sanguin d’hormone parathyroïdienne.

TEGRETOL suspension buvable : pas d’utilisation chez les nouveau-nés en raison de la concentration du propylène glycol

Sauf si aucune autre option thérapeutique n’est disponible et si le bénéfice attendu l’emporte sur les risques, la suspension buvable TEGRETOL 100 mg/5 mL (20 mg/mL) ne doit pas être utilisée :

  • chez les nouveau-nés de moins de 4 semaines pour les enfants nés à terme ;
  • ou les nouveau-nés de moins de 44 semaines d'âge postmenstruel pour les prématurés.

Le Prac recommande cette restriction d'utilisation en raison de la présence, dans la suspension buvable TEGRETOL, de 25 mg/mL de l’excipient propylène glycol, soit une dose supérieure au seuil recommandé de 1 mg/kg/jour pour les nouveau-nés. « À des doses égales ou supérieures à 1 mg/kg/jour, le propylène glycol s’accumule chez les nouveau-nés, car leur foie et leurs reins ne sont pas encore suffisamment matures pour le métaboliser et l’éliminer. Cela augmente le risque d’effets indésirables graves tels que l’acidose métabolique, des troubles rénaux incluant la nécrose tubulaire aiguë, une insuffisance rénale aiguë et des dysfonctionnements hépatiques », explique le Prac.

Si le traitement par TEGRETOL suspension buvable est maintenu, une surveillance rapprochée des nouveau-nés traités est nécessaire, incluant la mesure de l’osmolalité et/ou du trou anionique.

Les professionnels de santé doivent également prendre en compte l'administration concomitante d'autres médicaments contenant du propylène glycol ou toute substance métabolisée par l’enzyme appelée alcool déshydrogénase, comme l’éthanol. Ces situations majorent le risque d’accumulation et de toxicité du propylène glycol.

En France, la carbamazépine sous forme buvable n'est disponible que dans la spécialité TEGRETOL 20 mg/5 mL suspension orale. 

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