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Produits de contraste iodés et réactions cutanées d'hypersensibilité retardée : recommandations de l'ANSM

Utilisés en imagerie médicale, les produits de contraste iodés exposent à des réactions cutanées d'hypersensibilité retardée, c'est-à-dire pouvant intervenir quelques heures à plusieurs jours après l'injection. L'ANSM rappelle les précautions à prendre et la conduite à tenir. 

David Paitraud
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Des mesures pour limiter ces réactions cutanées, les prendre en charge et les caractériser.

Des mesures pour limiter ces réactions cutanées, les prendre en charge et les caractériser.Denis Novikov / iStock / via Getty Images

Résumé

Les réactions cutanées d'hypersensibilité retardée sont des effets indésirables connus des produits de contraste iodés utilisés en imagerie médicale. Généralement non graves, elles peuvent survenir de quelques heures à plusieurs jours après l'examen d'imagerie. 

Notant une persistance des déclarations de pharmacovigilance, l'ANSM rappelle les recommandations permettant de limiter la survenue de ces réactions : 

  • s'assurer que l’examen est réellement nécessaire pour le diagnostic ou la prise en charge du patient et qu’aucune autre technique d’imagerie sans injection ne peut fournir les informations requises ; 
  • lors de la prescription puis lors de l'examen, identifier des antécédents d'allergie ou de réaction aux PCI, lors de précédents examens ; 
  • informer le patient sur ce risque retardé et sur les signes évoquant une réaction d'hypersensibilité. En présence de signes d'allergie, contacter le médecin et prendre des photos des lésions.

En cas de réaction d'hypersensibilité survenant après un examen d'imagerie médicale, l'ANSM recommande de réaliser un bilan allergologique a posteriori afin de confirmer une allergie aux produits de contraste iodés et d'identifier précisément les médicaments à contre-indiquer chez les patients concernés. 

Dans le domaine de l'imagerie médicale, l'administration d'un produit de contraste iodé (PCI - cf. Encadré 1) expose à un risque de réactions cutanées d’hypersensibilité retardée (HSR). Le plus souvent non graves, ces réactions peuvent survenir quelques heures à plusieurs jours après l'exposition au PCI. Elles se caractérisent par des démangeaisons et des rougeurs sur la peau qui guérissent en une à plusieurs semaines. Dans de très rares cas, certaines de ces réactions peuvent être très graves et conduire au décès.

Alors que ces effets indésirables connus continuent de faire l'objet de déclarations de pharmacovigilance, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle les recommandations pour prévenir ce risque et prendre en charge ces réactions [1]. 

Encadré 1 - Produits de contraste iodés impliqués dans les réactions cutanées d’hypersensibilité retardée

Les produits de contraste iodés impliqués dans les réactions cutanées d’hypersensibilité retardée sont notamment les suivants :

Des réactions croisées avec tous les PCI ont été observées, mais principalement entre l’iohexol et l’iodixanol.

Ne pas exposer inutilement le patient à un produit de contraste iodé

Pour réduire le risque de survenue de ces réactions cutanées, l'ANSM recommande aux médecins et aux manipulateurs en électroradiologie médicale : 

  • avant de prescrire un examen radiologique avec administration d’un PCI : 
    • de s’assurer que l’examen est réellement nécessaire pour le diagnostic ou la prise en charge du patient et qu’aucune autre technique d’imagerie sans injection ne peut fournir les informations requises,
    • de vérifier les antécédents du patient, notamment en cas d’allergie ou de réaction antérieure aux PCI ;
  • pendant l'examen : 
    • de vérifier à nouveau les antécédents allergiques du patient,
    • de renseigner le nom du PCI administré et le numéro de lot sur le compte rendu de radiologie pour retracer dans le dossier patient l’historique des expositions à des PCI ;
  • d'informer les patients sur le risque de HSR même plusieurs jours après l'examen d'imagerie, en les sensibilisant notamment à certains signes évocateurs : 
    • signes évoquant une réaction non grave : rougeurs, démangeaisons,
    • signes évoquant une réaction potentiellement grave (cf. Encadré 2) : éruption cutanée, pustules, cloques, syndrome grippal avec fièvre et fatigue, œdème du visage.
Encadré 2 - Formes graves de réactions d'hypersensibilité retardée
  • Syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systémiques (DRESS) : réaction sévère, qui commence souvent comme un syndrome grippal, avec de la fièvre et de la fatigue, puis qui entraîne une éruption avec œdème persistant du visage, ainsi que des atteintes possibles de la bouche, des yeux et des parties génitales ;
  • Pustulose exanthématique aiguë généralisée (PEAG) : poussée soudaine de petites pustules sur une peau rouge, associée à de la fièvre et de la fatigue ;
  • Syndrome de Stevens-Johnson (SSJ) : réaction grave avec un décollement de la peau (sous forme de cloques), de la fièvre, des douleurs, des éruptions et/ou des lésions dans la bouche ou les yeux ;
  • Nécrolyse épidermique toxique (ou syndrome de Lyell) : destruction rapide et importante de la couche supérieure de la peau et des muqueuses qui se manifeste par des cloques, douleurs et un décollement de la peau pouvant s’étendre sur tout le corps.

Bien que très rares, certaines réactions allergiques sévères peuvent durer plusieurs semaines, toucher d’autres organes que la peau et provoquer le décès du patient.

Signaler des antécédents d'hypersensibilité à un PCI

Il est recommandé aux patients : 

  • avant l’examen : d'informer le médecin sur un antécédent de réaction après l’administration d’un PCI (éruption cutanée, démangeaisons de la peau) ou d'une hypersensibilité connue à un PCI (bilan allergologique) ; 
  • d'être attentifs à l’apparition, même plusieurs jours après l'examen d'imagerie, d’une éruption cutanée ou de démangeaisons de la peau,
  • en présence de symptômes allergiques, de contacter immédiatement le médecin et de prendre des photos de la réaction cutanée afin de les montrer au professionnel de santé.

Demander un bilan allergologique

Les signes allergiques non graves d'une hypersensibilité retardée peuvent être traités par des dermocorticoïdes. En présence d'une réaction allergique grave, une hospitalisation rapide doit être envisagée.

Quelle que soit la sévérité de la réaction HSR ou d’un prurit possiblement liés à l’administration d’un PCI, un bilan allergologique doit être réalisé a posteriori portant sur les différentes classes de PCI et non seulement sur le PCI administré. Ce bilan a pour but de confirmer la nature allergique de la réaction et de sécuriser les procédures radiologiques ultérieures (contre-indication de certains PCI, proposition d’alternatives). Il existe en effet un risque de réactions croisées avec tous les PCI pour les réactions d’HSR (cf. Encadré 1).

En fonction des résultats du bilan allergologique et des PCI testés positifs, le patient doit être informé des PCI qui lui sont contre-indiqués (et de ceux qui peuvent lui être prescrits sans risque). Lors d'un nouvel examen, iI est important de prévenir le radiologue des allergies confirmées par un bilan allergologique.

L'ANSM en profite pour rappeler que « l'allergie à l'iode n'existe pas ». Les patients ayant une hypersensibilité à un PCI ou à un désinfectant iodé ne sont pas sensibilisés à l'iode, mais aux PCI ou aux désinfectants iodés eux-mêmes. De même, l'allergie aux produits de la mer (poisson, crustacés) n'est pas liée à l'iode. Ces allergies sont différentes et indépendantes les unes des autres. Il est certes possible d’être allergique à plusieurs de ces substances à la fois, mais ceci est très rare. Cette fausse croyance d'une allergie à l'iode « peut priver le patient d’une injection de PCI dans le cadre d’un examen et avoir des répercussions sur sa prise en charge », souligne l'ANSM.

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