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COVID-19 : nouveautés sur les effets secondaires des vaccins ARNm et d’EVUSHELD

Deux informations relatives à la prise en charge de la COVID ont été publiées récemment : une recommandation européenne visant à ajouter les règles abondantes comme effets indésirables des vaccins ARNm, et en France, une recommandation de bon usage relative à EVUSHELD. 

David Paitraud 08 novembre 2022 Image d'une montre7 minutes icon Ajouter un commentaire
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Représentation en 3D de coronavirus.

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Résumé

Dans le cadre de la prévention et du traitement de la COVID-19, les informations suivantes ont été publiées récemment : 

  • au niveau européen : le comité européen de pharmacovigilance (PRAC) recommande d'ajouter les saignements menstruels abondants dans la liste des effets indésirables associés aux vaccins ARN messagers COMIRNATY et SPIKEVAX. Après analyse des données, le PRAC estime qu'il existe « une possibilité raisonnable » de lien entre ces vaccins et la survenue de règles abondantes ;
  • en France : tenant compte des cas notifiés d'événements cardiovasculaires et thromboemboliques, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande d'utiliser avec prudence la bithérapie d'anticorps monoclonaux EVUSHELD (tixagévimab/cilgavimab) chez des patients à haut risque cardiovasculaire. 

Vaccins ARNm et saignements menstruels abondants : un effet indésirable à mentionner dans les RCP

Réunis fin octobre, les experts du Comité de pharmacovigilance européen (PRAC) ont recommandé [1, 2] :

  • de considérer les saignements menstruels abondants (cf. Encadré 1) comme un effet indésirable des vaccins ARNm contre la COVID-19 COMIRNATY et SPIKEVAX ;
  • de mentionner cet effet indésirable dans les supports d'information, à savoir le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et la notice.
Encadré 1 - Règles abondantes : définition du PRAC

Selon le PRAC, les règles abondantes peuvent être définies comme des « saignements caractérisés par :

  • un volume et/ou une durée accrus ;
  • et qui interfèrent avec la qualité de vie physique, sociale, émotionnelle et matérielle »

Saignements et troubles menstruels : des signaux étroitement surveillés

Dans le cadre de la surveillance des vaccins, des troubles menstruels, dont des saignements anormaux survenus après la vaccination par un vaccin à ARNm, ont été déclarés en France et en Europe. Ces signes concernent les deux vaccins ARNm actuellement commercialisés, et peuvent survenir après la première dose ou les doses suivantes. Ils font l'objet d'une surveillance attentive. En France, des actions ont été mises en œuvre en réponse aux patientes témoignant de ces effets indésirables et pour accompagner les professionnels de santé [3] (cf. notre article du 23 juin 2022 et Encadré 2).

Encadré 2 - Troubles menstruels après vaccination avec un vaccin ARNm : conduite à tenir pour les femmes concernées et recommandations pour les professionnels de santé (ANSM)

Conduite à tenir pour les femmes : déclarer les troubles du cycle survenus suite à une vaccination contre la COVID :

  • S’ils sont inhabituels et persistants depuis plusieurs mois ;
  • S’ils constituent une aggravation d'une maladie gynécologique préexistante ; 
  • S’ils ont conduit à des examens complémentaires ou à un bilan médical ;
  • S’ils ont des conséquences majeures rendant les actes de la vie quotidienne non possibles.

Dans ces différentes situations, les patientes sont invitées :


Conduite à tenir pour les professionnels de santé : devant tout symptôme de troubles menstruels évoqué par une patiente et selon la connaissance de son historique médical :

  • si la patiente prend un traitement hormonal : vérifier qu’il n’y a pas eu de mauvaise observance ou des vomissements qui pourraient être à l’origine d’une interruption de la prise du traitement ;
  • si la patiente ne prend pas de traitement hormonal ou s’il n’y pas eu d’interruption de traitement :
    • vérifier qu’il ne s’agit pas d’une symptomatologie aiguë ;
    • vérifier l’absence de grossesse (retard de règles, saignements itératifs) ;
  • garder en tête la possibilité que la patiente développe une maladie gynécologique (syndrome des ovaires polykystiques, hyperprolactinémie, adénomyose, etc.) de manière concomitante à la vaccination. Si les symptômes persistent le mois suivant, il est nécessaire de lancer des investigations et d’envisager une telle pathologie sous-jacente.

Un lien raisonnablement possible selon le PRAC

Pour évaluer les règles abondantes en tant que signal de sécurité, le PRAC a analysé l’ensemble des données disponibles, y compris les cas rapportés au cours des essais cliniques, les cas signalés de façon spontanée et les résultats de la littérature médicale. 

Après avoir examiné ces données, le comité a conclu qu'« il existe au moins une possibilité raisonnable que la survenue de saignements menstruels abondants soit liée à ces vaccins ».
Par conséquent, il recommande d'ajouter les saignements menstruels abondants comme effet indésirable associé aux vaccins ARNm COMIRNATY et SPIKEVAX.

La surveillance de cet effet indésirable, et plus largement des troubles menstruels postvaccination, est maintenue.

Pas d'impact sur la reproduction ou la fertilité

En revanche, le PRAC écarte pour le moment un quelconque impact de ces troubles menstruels sur la reproduction et la fertilité des patientes.

Il rappelle que la sécurité de ces vaccins ARNm pendant la grossesse est démontrée, pour les futures mères et leurs bébés, de même que leur efficacité pour réduire le risque d'hospitalisation et de décès chez les femmes enceintes.

Effets indésirables cardiovasculaires associés à EVUSHELD : l'ANSM recommande la prudence

En France, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié les données de surveillance (arrêtées au 15 septembre 2022) des effets indésirables rapportés avec les médicaments indiqués contre l'infection COVID (EVUSHELD, XEVUDY, RONAPREVE, PAXLOVID) [4].

Analyse des événements cardiovasculaires et thromboemboliques associés à EVUSHELD

Concernant la bithérapie d'anticorps monoclonaux EVUSHELD (tixagévimab/cilgavimab) [cf. Encadré 3], 8 nouveaux cas d'événements cardiovasculaires ou thromboemboliques (8 cas graves décrivant 9 événements thromboemboliques et/ou cardiovasculaires) ont été déclarés : 

  • une tachycardie sinusale ;
  • un arrêt cardiaque ;
  • un accident ischémique transitoire ;
  • 2 accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques ;
  • une embolie pulmonaire ;
  • une insuffisance cardiaque aiguë chez une patiente traitée depuis 4 ans par rituximab ;
  • et un cas de fibrillation auriculaire et de péricardite.
Encadré 3 - Nouvelle AAP pour EVUSHELD

EVUSHELD bénéficie d'une nouvelle autorisation d’accès précoce (AAP) dans l’indication suivante [5] :

  • traitement de la COVID-19 chez les adultes et les adolescents (âgés de 12 ans et plus et pesant au moins 40 kg) qui ne nécessitent pas de supplémentation en oxygène et qui présentent un risque accru d’évolution vers une forme sévère de la COVID-19, sous réserve de la sensibilité de la souche de SARS-CoV-2 vis-à-vis d’EVUSHELD (tixagévimab/cilgavimab) et lorsque les alternatives ne peuvent être utilisées en raison de contre-indications. 

Pour rappel, EVUSHELD dispose également d'une AAP en prophylaxie préexposition de la COVID-19 chez les patients adultes et les adolescents (âgés de 12 ans et plus pesant au moins 40 kg) : 

  • ayant un déficit de l’immunité lié à une pathologie ou à des traitements et faiblement ou non répondeurs après un schéma vaccinal complet conformément aux recommandations en vigueur
  • OU non éligibles à la vaccination et qui sont à haut risque de forme sévère de COVID-19.

EVUSHELD bénéficie également d'une autorisation d'accès compassionnel (AAC) dans le traitement de la COVID-19 et en prophylaxie postexposition de la COVID-19, selon un cadre défini [6].

Profil des patients et contexte d'utilisation

Dans 5 des cas analysés, les patients étaient traités par EVUSHELD pour une infection suspectée ou confirmée au SARS-CoV-2.

Dans la majorité des cas, les patients avaient des facteurs de risque cardiovasculaires.

Certains patients recevaient aussi des médicaments connus comme pouvant être associés à des effets indésirables cardiovasculaires (ibrutinib, rituximab, lenalidomide/dexamethasone par exemple).

Selon l'ANSM, le rôle d’EVUSHELD dans la survenue des événements déclarés est « difficile à établir compte tenu des caractéristiques des patients présentant plusieurs comorbidités et souvent polymédiqués »

Elle note par ailleurs que « le délai de survenue est très variable (de quelques jours à plusieurs mois), mais reste compatible avec une possible implication d’EVUSHELD, compte tenu de sa longue demi-vie d’élimination ».

Un risque connu, qui appelle à la prudence

Le risque d’évènements cardiovasculaires et/ou thromboemboliques est connu et déjà mentionné dans les documents d’information d’EVUSHELD. 

Tenant compte de cette nouvelle analyse des données de surveillance, l'ANSM recommande aux professionnels de santé :

  • d’envisager l’administration d’EVUSHELD de façon prudente chez des patients à haut risque d'événement cardiovasculaire ;
  • d'informer les patients sur les premiers symptômes d’un évènement cardiovasculaire (notamment douleur thoracique, essoufflement, malaise, etc.) et de la nécessité de consulter immédiatement un médecin en cas d’apparition de ces symptômes.

 

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