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VIH et IST : les jeunes hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont plus vulnérables

Le BEH du 25 novembre 2025 est consacré à la prévention, au dépistage et au diagnostic du VIH et des IST en population française. L'augmentation du risque de contamination des plus jeunes hommes (de 18 à 21 ans) ayant des relations sexuelles avec des hommes y est mise en exergue.

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Les HSH de 18 à 21 ans subissent davantage d’injures homophobes que leurs aînés.

Les HSH de 18 à 21 ans subissent davantage d’injures homophobes que leurs aînés. milicad / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 25 novembre 2025 présente cinq articles analysant les enjeux et les déterminants de la prévention, du dépistage et du diagnostic du VIH et autres infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes dans différents groupes de population française.

Deux articles portent plus particulièrement sur les jeunes de moins de 25 ans :

  • l'enquête rapport au sexe (Eras) réalisée en 2023 inclut des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) âgés de 18 à 29 ans : l'analyse montre que les HSH de 18 à 21 ans ont moins recours aux solutions de prévention biomédicale, dont la prophylaxie préexposition (PrEP), par rapport aux HSH de 22 à 29 ans. Plus éloigné des dispositifs de prévention et plus confronté à des comportements homophobes, ce groupe d'HSH jeunes apparaît plus vulnérable au risque de contamination par le VIH ; 
  • l'étude sur l'évolution des données de dépistage et de diagnostic du VIH et de trois IST bactériennes (chlamydiose, gonococcie et syphilis) recueillies entre 2014 et 2023 en population jeune (de 15 ans à 24 ou 25 ans) versus population adulte (25 ans ou de 26 à 49 ans) : les résultats indiquent une augmentation des dépistages d'IST dans ces deux populations. Une augmentation de 41 % du nombre de découverte de séropositivité est rapportée chez les plus jeunes, alors qu'on observe une diminution dans le groupe adulte. 

À quelques jours de la journée mondiale de lutte contre le Sida (1er décembre), le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 25 novembre 2025 [1] offre une analyse des enjeux et des déterminants du dépistage, de la prévention et du traitement du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST). Les auteurs s'appuient sur les résultats issus de cinq études et enquêtes réalisées en population française : 

  • l'enquête ANRS-Trans&VIH dont les résultats sont décrits et commentés dans le 2e article du BEH : il s'agit d'une enquête nationale réalisée entre 2020 et 2022, portant sur les femmes transgenres vivant avec le VIH en France et bénéficiant d’une prise en charge dans des unités hospitalières. Pour la première fois, les résultats apportent un éclairage sur les caractéristiques sociodémographiques, de transition et de prise en charge au sein de cette population (cf. notre article du 26 novembre 2025) ;
  • les données de syphilis congénitale (SC) recueillies en France de 2012 à 2019, à partir des séjours hospitaliers d’enfants de moins de 2 ans pris en charge pour SC en France (4e article de ce BEH). Ces données sont extraites du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). L'analyse montre une augmentation de la SC en France (l'incidence passant de 1,6 à 2,4 pour 100 000 nais­sances vivantes). Cette élévation est plus marquée dans les régions ultramarines (de 13 à 16,7 contre 1 à 1,5 dans l'Hexagone). Les auteurs soulignent la « nécessité d’une surveillance renforcée et de stratégies de prévention ciblées pour les populations vulnérables » ;
  • les données de prévalence des infections à Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae et Mycoplasma genitalium issues de l'enquête PrévIST, qui elle-même s'appuie sur les données de l’en­quête aléatoire Contexte des sexualités en France (CSF) de 2023 (5e article du BEH). L'enquête CSF s'est adressée à des femmes et des hommes de 18 à 59 ans ayant déjà eu un rapport sexuel dans leur vie. PrévIST invitait les répon­dants à réaliser à domicile un prélèvement, vaginal pour les femmes et urinaire pour les hommes. Sur les 36 prélèvements reçus, on observe une diminution de la prévalence de l’infection à Chlamydia trachomatis (Ct) en population générale, et une prévalence élevée des infections à Mycoplasma genitalium.

Focus sur les résultats de deux enquêtes réalisées dans une population de jeunes adultes

L'enquête rapport au sexe (Eras) réalisée en 2023 (1er article du BEH) et l'étude sur le dépistage et le diagnostic du VIH et de trois IST (chlamydiose, gonococcie et syphilis) entre 2014-2023 (3e article du BEH), ont inclus des jeunes de moins de 25 ans : respectivement de 18 à 29 ans pour la première et de 15 à 25 ans pour la seconde.

Vulnérabilité accrue des HSH de 18 à 21 ans

L'enquête rapport au sexe a été réalisée en 2023 chez 6 371 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) âgés de 18 à 29 ans : elle évalue le niveau d'adoption des outils biomédicaux de prévention du VIH dans cette population jeune, c'est-à-dire la fréquence du recours à la prophylaxie préexposition (PrEP) et au traitement comme prévention (TaSP). Ces deux stratégies constituent des solutions alternatives à l'utilisation du préservatif en prévention du VIH. La cohorte de HSH de l'enquête rapport au sexe (Eras) a été répartie en 3 classes d’âge :

  • les 18-21 ans ;
  • les 22-25 ans ;
  • et les 26-29 ans.

Les données obtenues dans chaque tranche d'âge ont été comparées les unes avec les autres sur un ensemble de critères dont :

  • les caractéristiques sociodémographiques ;
  • les modes de vie ;
  • les comportements sexuels et l'accompagnement médical en santé sexuelle.

Les auteurs concluent à un « usage contrasté des outils de préventions du VIH » chez les jeunes de 18 à 29 ans. Par comparaison avec les HSH de 22 ans et plus, les jeunes de 18 à 21 ans :

  • utilisent moins les outils de prévention, avec un recours moindre à la PrEP : de l'ordre de 8 % (contre 16 % et 23 % dans les autres tranches d'âge) ;
  • ont un accès plus limité à la prévention puisque 43 % d'entre eux n'en parlent pas avec leur médecin, et 46 % n'ont pas fait de tests VIH dans l'année (contre 33 % et 28 % dans les autres tranches d'âge) ;
  • ont plus de rapports sexuels non protégés (bien que l'usage du préservatif soit plus fréquent) ; ce qui accroît le risque de contamination par le VIH : 43 % d'entre eux sont exposés, versus 35 % et 32 % dans les autres tranches d'âge en prenant en compte tous moyens de prévention ;
  • subissent davantage d'injures homophobes (48 %) et ont une santé mentale dégradée (40 % d'anxiété). 

Par ailleurs, les HSH de 18 à 21 ans se distinguent par une plus forte proportion de bisexuels (23 % versus 15-19 %).

Pour les auteurs de l'article, « le fait d’être distant des pairs homosexuels (c'est-à-dire sans appartenance à la communauté gay) apparaît comme un facteur associé à la prise de risque », car plus éloignés des dispositifs de prévention ciblés. Pour réduire cette vulnérabilité, ils préconisent « une approche intégrée, combinant prévention, soutien psychologique et réduction des inégalités pour créer des dispositifs de santé plus inclusifs et durables pour tous les jeunes HSH » (cf. notre article du 2 octobre 2025 - Infection par le VIH : garder le réflexe dépistage pour prévenir et mieux traiter).

VIH/IST entre 2014 et 2023 : augmentation des dépistages et des diagnostics chez les 15-25 ans

Dans le troisième article de ce BEH thématique, les auteurs décrivent l'évolution du dépistage et du diagnostic du VIH et de trois IST (chlamydiose, gonococcie et syphilis) chez les jeunes en France entre 2014-2023 versus la population adulte. Les données sont issues du Système national de données de santé (SNDS) et de la déclaration obligatoire du VIH, excluant les tests pour lesquels la personne ne bénéficie pas d’un remboursement individuel (centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections (CeGIDD), centres de protection mater­nelle et infantile (PMI), permanences d’accès aux soins de santé (Pass), etc.) et ceux réalisés lors d’une hospitalisation dans le secteur public ;

Les résultats montrent une augmentation globale des taux de personnes testées depuis 2014 :

  • de 44 % pour le VIH chez les femmes à 593 % pour la gonococcie chez les hommes dans le groupe « jeunes » (tranches d'âge de 15 à 24 ans pour le VIH et de 15 à 25 ans pour les IST) ;
  • de 36 % pour le VIH chez les femmes à 225 % pour la gonococcie chez les hommes dans le groupe « adultes » (tranches d'âge de 25 à 49 ans pour le VIH et de 26 à 49 ans pour les IST).

En revanche, pour le diagnostic de VIH (découverte de séropositivité), les résultats évoluent en sens inverse chez les plus jeunes et les adultes : 

  • + 41 % chez les jeunes ;
  • - 15 % chez les adultes.

On note également davantage de diagnostics de gonococcie chez les jeunes (hommes et femmes), et de chlamydioses chez les jeunes hommes. L’augmentation des découvertes de séropositivité chez les jeunes concernait surtout des personnes nées en Afrique subsaharienne.

Les auteurs de cet article concluent que : « l’augmentation des diagnostics d’IST chez les jeunes souligne l’importance des stratégies de prévention ciblées, comme l’accessibilité aux préservatifs gratuits et la mise en place du dépistage sans ordonnance, pour soutenir les efforts vers l’élimination de ces IST ».

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