En France, peu d'études ont exploré la santé des femmes transgenres.Guillem de Balanzo / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Les femmes transgenres vivant avec le VIH en France et prises en charge à l'hôpital sont quasiment toutes sous traitement antirétroviral et 88 % ont une charge virale indétectable, mais leur précarité sociale et administrative reste« très importante », révèle l'enquête nationale rétrospective ANRS-Trans&VIH, publiée le 25 novembre 2025 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France (SPF).
La prévalence de l'infection par le VIH est estimée à 19 % chez les femmes transgenres dans le monde, ce qui en fait une population clé de l'épidémie, rappellent les auteurs de l'étude, Liam Balhan de l'association Aides à Paris et ses collègues.
Ils notent qu'en France, « peu d'études ont exploré la santé des femmes transgenres vivant avec le VIH ». Parmi les 418 nouveaux diagnostics d'infection à VIH identifiés entre 2012 et 2020 chez des personnes trans en France, 87 % étaient des femmes transgenres.
Cette étude intitulée Trans&VIH et financée par l'ANRS-MIE visait à décrire les caractéristiques sociodémographiques, les parcours de transition et la prise en charge des infections à VIH des femmes transgenres vivant avec le VIH (FTVIH) suivies à l'hôpital en France. Il s'agit de la « première étude nationale à décrire finement et de manière représentative les conditions de vie et l'état de santé des FTVIH en France », font valoir les auteurs.
L'enquête a été conduite entre 2020 et 2022 auprès de 232 centres hospitaliers assurant la prise en charge en France, parmi lesquels 36 ont déclaré suivre au moins une femme transgenre vivant avec le VIH au cours de l'année précédente et ont accepté de participer à l'étude.
Sur les 777 femmes transgenres suivies au sein de ces centres, 536 ont répondu au questionnaire standardisé « administré en face-à-face par des enquêteurs et enquêtrices communautaires formés ». L'analyse a porté sur les réponses de 506 participantes pour lesquelles des données complètes étaient disponibles.
Elles étaient âgées de 43 ans en médiane et 86 % étaient de nationalité étrangère (la plupart étant originaires d'Amérique latine), 11 % étaient françaises de naissance et 3,2 % avaient acquis la nationalité française.
Ces femmes étaient sous traitement antirétroviral dans 99 % des cas et 88 % avaient une charge virale indétectable (soit moins de 50 copies par mL) au moment de l'enquête, cette part étant de 87 % parmi les étrangères et de 94 % parmi les Françaises, sans que cette différence soit statistiquement significative. Elles étaient par ailleurs 58 % à rapporter avoir eu une bonne observance du traitement au cours des derniers mois.
Les chercheurs estiment que « le mode de recrutement hospitalier explique en partie les bons résultats sur le plan de la prise en charge du VIH », puisque les femmes transgenres vivant avec le VIH, mais non prises en charge ou non diagnostiquées, n'étaient pas incluses dans l'étude.
Le diagnostic d'infection par le VIH avait été posé à l'âge médian de 29 ans dans les deux groupes.
Les participantes vivaient avec moins de 1 000 euros par mois dans 69 % des cas, et les deux tiers déclaraient avoir des relations sexuelles tarifées au moment de l'enquête. La part déclarant ne jamais avoir eu de relation sexuelle tarifée au cours de la vie était plus élevée parmi les Françaises (31 %) que chez les étrangères (6 %).
Seules 25 % disposaient de papiers d'identité « correspondant à leur identité de genre actuelle ».
« Les FTVIH en France sont majoritairement étrangères, leur prise en charge du point de vue du VIH est efficace et leur état de santé plutôt bon, mais leur précarité sociale et administrative reste très importante », concluent les chercheurs.
Les « bons résultats » observés sur le plan de la suppression virale « peuvent être en partie attribués au système de sécurité sociale français, qui offre une couverture santé universelle à tous les résidents, y compris aux personnes sans papiers », ajoutent-ils.
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 25 novembre 2025.
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