
Une ectoparasitose, due à un acarien, le sarcopte.Ignatius Harly Putranto / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
La gale est une ectoparasitose fréquente, qui touche particulièrement les enfants et les adultes jeunes. Elle se transmet essentiellement par contact cutané direct, plus rarement via l’environnement.
Son diagnostic est clinique et se fonde sur la présence d’un prurit généralisé à recrudescence nocturne, habituellement partagé avec l’entourage (même si l’absence de partage ne doit pas faire exclure le diagnostic), de lésions spécifiques (sillons scabieux, vésicules perlées, nodules scabieux) et aspécifiques, conséquences du grattage.
Selon la forme de la gale (commune, profuse ou hyperkératosique) et l’âge du patient et des cas contact, le traitement est local (benzoate de benzyle ou perméthrine) et/ou oral (ivermectine). Il doit être prescrit à tous les sujets cibles (parasités et contacts) en même temps et renouvelé systématiquement après 8 à 15 jours.
Les mesures environnementales, impératives, sont à entreprendre parallèlement.
La VIDAL Reco sur la prise en charge de la gale, qui vient d’être actualisée, détaille la stratégie de prise en charge.
La gale est une ectoparasitose liée à un acarien, le sarcopte (Sarcoptes scabiei var. hominis), parasite microscopique vivant à la surface du corps et qui ne survit que quelques jours en dehors de son hôte.
Il s’agit d’une maladie fréquente, contagieuse essentiellement par contact cutané direct, et donc possiblement entre partenaires sexuels par contacts intimes et prolongés. Une transmission indirecte (linge, literie) est néanmoins possible.
Elle peut survenir à tout âge et dans tout milieu socio-économique, mais touche toutefois plus souvent les enfants et les jeunes adultes. Elle peut être responsable d'épidémies dans les collectivités (crèches, établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes [Ehpad]).
Son incidence n’est pas connue avec précision, elle varie selon les années, mais ne paraît pas en augmentation.
Devant quels signes cliniques évoquer le diagnostic ?
Le diagnostic de la gale est clinique.
La gale commune
Une gale commune doit être évoquée en cas de
- prurit généralisé à recrudescence nocturne
- lésions cutanées non spécifiques liées au grattage (stries linéaires, excoriations, eczéma lichénifié, prurigo)
- lésions spécifiques, inconstantes, mais de topographie évocatrice
- sillons scabieux (cf. Illustration 1),
- vésicules perlées à l’extrémité des sillons,
- nodules scabieux (papulo-nodules violacés localisés aux organes génitaux, fesses et aisselles) (cf. Illustration 2),
- chancre scabieux chez l’homme.
Illustration 1 - Sillons de la gale (© Dr Jean-Yves Gourhan sur Dermato-info.fr, Société française de dermatologie)
IIllustration 2 - Nodules scabieux (© Dr Jean-Yves Gourhant sur Dermato-info.fr, Société française de dermatologie)
L'atteinte de l'entourage conforte le diagnostic, mais l’absence de prurit chez
La gale du nourrisson de moins de 2 |
La gale profuse
La gale profuse est caractérisée par une éruption rouge vif étendue, sans sillons, papuleuse et vésiculeuse. Très prurigineuse, elle atteint l’ensemble du tronc, y compris le dos (alors que dans la forme commune, cette région est habituellement épargnée), le cuir chevelu et les paumes.
Il faut y penser chez les personnes âgées et/ou immunodéprimées ou dans les suites d'une dermocorticothérapie prolongée.
La gale hyperkératosique
La gale hyperkératosique (ou croûteuse) touche préférentiellement les sujets âgés, cachectiques, immunodéprimés. Les lésions sont érythémato-squameuses et kératosiques, étendues à toute la surface corporelle et d’évolution chronique. Le prurit est en revanche discret, voire absent.
L'examen au dermatoscope
Réalisé par un praticien formé à cette pratique, l'examen au dermatoscope (cf. Illustration 3) permet d’objectiver la présence de sarcoptes (en forme de deltaplanes). Si le nombre de parasites peut atteindre plusieurs centaines, voire davantage dans les formes profuses, il peut aussi être très faible, de moins de dix, dans la gale commune, rendant la visualisation des parasites plus difficile.
IIllustration 3 - Examen au dermatoscope
Traiter le patient et son entourage
Le traitement s’adresse à tous les sujets parasités et tous les sujets contact (même en l'absence de symptômes), selon les mêmes modalités.
Lorsqu'une gale survient en collectivité, la stratégie de prise en charge des sujets contact est décidée en fonction du nombre de cas et des formes cliniques.
L’objectif du traitement est
- l’élimination du sarcopte
- la prévention de la dissémination épidémique (identification et traitement des sujets contact)
- la prévention des complications
- surinfection cutanée bactérienne (gale impétiginisée), plus rarement infection staphylococcique ou streptococcique invasive,
- eczématisation liée au prurit persistant ou à l'application de topiques,
- persistance de nodules scabieux (possible pendant plusieurs mois, même après la guérison).
Toutes les personnes infectées et les sujets contact doivent recevoir le traitement en même temps, quitte à devoir le décaler de quelques jours.
De plus, il doit être systématiquement renouvelé chez tous les cas concernés, 8 à 15
Les grandes lignes du traitement
Dans la gale commune, hors personnes de moins de 15 kg et femmes enceintes ou allaitantes (cf. infra), il peut être fait appel à un traitement topique (benzoate de benzyle 10
Comme le précise la VIDAL
En cas de gale profuse, la prise en charge associe traitement oral et local à J0, renouvelé entre J8 et J15, puis, si nécessaire, jusqu'à guérison.
En cas de gale hyperkératosique (ou croûteuse), la prise en charge associe également traitement local et oral :
- traitement local quotidien pendant 7 jours, puis 2 fois par semaine jusqu'à guérison
- traitement oral à J1, J2, J8 puis, dans les formes sévères, répété à J9, J15, J22 et J29.
Un agent kératolytique (vaseline salicylée 10
Une rubrique spécifiquement dédiée à la gale en collectivité précise les spécificités de la prise en charge.
Parallèlement, la désinfestation de l’environnement est indispensable pour éviter un échec thérapeutique. Elle se fonde sur le lavage à 60
Que faire chez les nourrissons et les femmes enceintes ou allaitantes ?
Le traitement varie en fonction du terrain, mais dans tous les cas, il doit être répété entre J8 et J15.
- Chez le nourrisson de moins de 2 ans, un traitement local par benzoate de benzyle ou perméthrine est recommandé en première ligne. La perméthrine (la plus étudiée) étant le traitement de premier choix en cas de peau lésée, d'atteinte du visage, et avant l’âge de un
La VIDAL
Si l’enfant est gardé en collectivité, la durée d'éviction est de 3
- Chez l'enfant de plus de 2 ans, le traitement est le même que chez l’adulte, local ou oral. L’ivermectine est proposée en 1re
- Chez la femme enceinte, la stratégie varie selon le terme de la grossesse.
Au 1er
Aux 2e
- Chez la femme allaitante, le benzoate de benzyle, la perméthrine et l'ivermectine peuvent être prescrits en 1re
- À noter que lorsque la femme enceinte ou allaitante est sujet contact d'un cas de gale, il est recommandé de la traiter.
Que faire chez les sujets âgés ?
Chez les sujets âgés, la gale se présente souvent sous une forme hyperkératosique. Chez ceux vivant en collectivité, il faut identifier les cas contact et privilégier, par mesure de simplification, un traitement oral par ivermectine, sans oublier l’hygiène des ongles et les mesures environnementales.
L’isolement du patient est de 48 heures. La contamination se faisant par contact direct et non pas par voie aéroportée, il s’agit d’un isolement relatif
Comment évaluer l’efficacité du traitement ?
L’évaluation de l’efficacité de la prise en charge n’est pas toujours simple, puisqu’une exacerbation du prurit est possible dans les jours qui suivent sa mise en œuvre et qu’il peut persister jusqu'à 4
En pratique, c’est un interrogatoire et un examen clinique minutieux qui permettent au praticien d’évaluer l’efficacité thérapeutique. Dans la très grande majorité des cas, à J15, le prurit a disparu, tout comme les lésions spécifiques de la gale que sont les sillons et les vésicules perlées. La persistance des nodules, ou des pustules chez l’enfant, parfois pendant plusieurs mois, ne signe pas l’échec du traitement.
Après 15 jours d’antiparasitaire, un prurit de moindre intensité oriente plutôt vers une irritation et relève d’un traitement symptomatique.
Sa persistance avec la même intensité, ou sa reprise après une amélioration initiale, ou bien la mise en évidence de sarcoptes au dermatoscope sont, à l’inverse, évocatrices d’un échec thérapeutique ou d’une réinfestation et impliquent de renouveler le traitement du patient et des cas contact ainsi que les mesures environnementales.
D’après un entretien avec le Pr Annabel Maruani-Raphaël, dermatologue, CHRU de Tours.
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