
Un examen ophtalmologique est requis avant l’instauration puis pendant le traitement par crizotinib.
Une extension d'indication a récemment été accordée à l'antinéoplasique XALKORI (crizotinib) chez l'enfant à partir de 6 ans dans le traitement du lymphome anaplasique à grandes cellules ALK-positif systémique en rechute ou réfractaire ou d'une tumeur myofibroblastique inflammatoire ALK-positive non résécable en rechute ou réfractaire.
L'utilisation de XALKORI en pédiatrie doit être associée à une surveillance renforcée de la vision, afin d'identifier la survenue de troubles ou d'une toxicité oculaires.
Les événements oculaires sont des effets indésirables connus du crizotinib. Dans les essais cliniques, des troubles de la vision ont été rapportés chez 6 enfants sur 10.
Cependant, la détection de signes évoquant des troubles visuels ou une perte visuelle est plus difficile dans la population pédiatrique. Les enfants peuvent ne pas remarquer spontanément ou signaler des changements de leur vision.
Les recommandations pour améliorer l'identification d'une toxicité oculaire chez l'enfant sous crizotinib sont les suivantes :
- informer les jeunes patients et leurs parents du risque de troubles visuels, et de la nécessité de consulter un médecin en présence de signes évocateurs ;
- réaliser un examen ophtalmologique avant l'instauration du traitement, puis régulièrement pendant le traitement ;
- réduire la posologie ou arrêter le traitement si des effets indésirables oculaires surviennent, en fonction de leur sévérité.
Suite à l'extension d'indication en pédiatrie accordée à XALKORI (crizotinib), des recommandations sont émises auprès des prescripteurs et des dispensateurs pour renforcer la surveillance ophtalmique chez les enfants traités par ce médicament [1, 2].
En parallèle, l’information sur le produit ainsi que le matériel éducationnel pour les patients et les aidants ont été mis à jour avec des instructions/recommandations pour les enfants sur le risque de toxicité oculaire, y compris une perte de vision sévère.
Le crizotinib désormais indiqué chez l'enfant
Depuis le 28 octobre 2022 [3, 4], les autorisations de mise sur le marché (AMM) de XALKORI 200 mg et 250 mg gélule (cf. Encadré 1) sont étendues à deux indications en pédiatrie, chez les enfants de 6 ans à moins de 18 ans :
- en monothérapie, pour le traitement d'un lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) anaplastic lymphoma kinase (ALK)-positif systémique en rechute ou réfractaire ;
- en monothérapie, pour le traitement d'une tumeur myofibroblastique inflammatoire (TMI) anaplastic lymphoma kinase (ALK)-positive non résécable en rechute ou réfractaire.
Avant l'octroi de cette extension d'AMM, XALKORI a bénéficié d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) dans ces deux indications.
Depuis le 21 septembre 2022, une autorisation d'accès précoce (AAP) est mise en place dans le traitement du LAGC [5].
En monothérapie (cf. VIDAL Reco « Cancer du poumon ») :
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Toxicité oculaire associée au crizotinib : des recommandations spécifiques pour l'utilisation pédiatrique
Les troubles de la vision sont un risque connu du crizotinib (cf. Encadré 2).
Cependant, ils peuvent être plus difficiles à détecter en population pédiatrique. Les enfants peuvent ne pas remarquer spontanément, ou signaler, des changements de leur vision.
Des effets indésirables de type troubles de la vision ont été rapportés chez 61 % des patients pédiatriques traités par crizotinib dans le cadre d’essais cliniques évaluant les indications LAGC et TMI. Les plus courants ont été :
Un patient pédiatrique a présenté une atteinte du nerf optique de grade 3. |
Sensibiliser les parents et les enfants à signaler toute modification de la vision
Les parents des enfants traités par crizotinib, et les enfants eux-mêmes doivent être informés des symptômes liés aux troubles de la vision ainsi que du risque de perte de vision :
- perception d'éclairs de lumière ;
- vision floue ;
- sensibilité à la lumière ;
- corps flottants.
En cas de survenue de ces signes anormaux, ils doivent les signaler au médecin et réaliser un examen ophtalmologique.
Modalités de surveillance ophtalmique des enfants sous crizotinib
La surveillance des patients pédiatriques sous crizotinib comporte :
- un examen ophtalmologique initial avant l’instauration du traitement par crizotinib ;
- des examens de suivi réalisés régulièrement : le premier mois, puis tous les 3 mois, ainsi qu'en cas d’apparition de nouveaux symptômes visuels.
Les examens ophtalmologiques doivent comprendre :
- la mesure de la meilleure acuité visuelle corrigée et du champ visuel ;
- des photographies rétiniennes ;
- la tomographie par cohérence optique (OCT) ;
- et d'autres examens si besoin.
Effets indésirables oculaires : réduction de la posologie ou arrêt du traitement
Chez les patients pédiatriques atteints d'un LAGC ALK-positif ou d'une TMI ALK-positive traités par XALKORI, la posologie recommandée est de 280 mg/m2 par voie orale 2 fois par jour.
Une réduction posologique doit être envisagée en cas de troubles oculaires de grade 2, conformément aux recommandations du résumé des caractéristiques du produit (RCP) [4].
Le traitement par crizotinib doit être arrêté définitivement pour les grades 3 ou 4 en l’absence d’autre cause identifiée.
[1] Xalkori (crizotinib) : Troubles de la vision incluant un risque de perte de vision sévère et nécessité de surveillance des patients pédiatriques (ANSM, 18 novembre 2022)
[2] Lettre d'information du laboratoire aux professionnels de santé - XALKORI (sur le site de l'ANSM, 18 novembre 2022)
[3] Opinion positive du CHMP pour l'extension d'indication de XALKORI en pédiatrie (EMA, 15 septembre 2022)
[4] RCP actualisé de XALKORI, incluant les indications pédiatriques
[5] Accès dérogatoire XALKORI (ANSM, mise à jour du 13 octobre 2022)
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