
L'arhtrose du genou affecte particulièrement les sujets âgés et peut s'avérer très invalidante au quotidien (illustration).
Rappel : déremboursement des solutions LPPR d'acide hyaluronique injectable en raison d'un service médical rendu insuffisant
Comme nous vous l'expliquions le 30 mars 2017, 10 produits à base d'acide hyaluronique (ADANT, ARTHRUM, DUROLANE, EUFLEXXA, GO-ON,OSTENIL, SINOVIAL, STRUCTOVIAL, SYNVISC-ONE et SYNOCROM) vont être déremboursés le 1er juin 2017, alors qu'ils sont actuellement remboursés à 60 % après échec des antalgiques ou intolérance aux AINS.
Cette décision repose sur les avis de la Commission nationale d'évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDIMTS) rendus en septembre 2016 et attribuant un service rendu insuffisant.
Il ne reste donc plus qu'une seule solution injectable d'acide hyaluronique utilisable dans l'arthrose du genou, le HYALGAN, classé comme médicament et non comme dispositif médical, remboursé à 15 % (service médical rendu faible selon la Haute Autorité de Santé).
Pour plus de détails, (re)lire notre article du 30 mars 2017, qui a suscité une cascade de commentaires indignés de lecteurs médecins et / ou souffrant d'arthrose du genou.
Lettre ouverte de rhumatologues et de l'AFLAR interpellant Marisol Touraine sur les raisons de ce déremboursement et l'alertant sur ses risques
Le 3 avril 2017, le journal Le Parisien a relayé une lettre ouverte à Marisol Touraine rédigée par la Société Française de Rhumatologie, le Collège français des médecins rhumatologues, le syndicat national de ces mêmes médecins et l'AFLAR (association française de lutte antirhumatismale).
Les rhumatologues et l'AFLAR contestent ce déremboursement et défendent "un traitement dont l'effet est certes modéré, mais bien réel et qui reste, n'en déplaise à ses détracteurs, celui qui offre le meilleur rapport bénéfice/risque dans cette maladie".
Ils rappellent aussi que la ministre de la santé avait promis qu'aucun déremboursement ne surviendrait pendant le quinquennat de François Hollande et ils s'inquiètent de l'instauration d'une inégalité : "outre la diminution des possibilités de traiter les patients arthrosiques, nous savons que ceux qui vont pâtir le plus de ce déremboursement sont les patients pauvres. C'est pour eux une double peine : malade et dans l'incapacité d'accéder à des soins par manque de moyens financiers. Quelle injustice !".
Certes, il reste le HYALGAN, mais ils précisent qu'il n'est remboursé qu'à 15 % et donc pas forcément couvert par les mutuelles.
Enfin, les signataires de cette lettre ouverte s'inquiètent d'un possible recours plus fréquent aux prothèses de genou, alors qu'en France, contrairement à d'autres pays occidentaux, le nombre de ces prothèses est moitié moindre ; Ils attribuent ce faible nombre de prothèse à la prise en charge en amont, notamment par viscosupplémentation.
Communiqué de l'AFLAR appelant à une étude d'impact et interpellant les 11 candidats à la présidentielle
En sus la signature de cette lettre ouverte, l'AFLAR a publié un communiqué de presse le 31 mars 2017. Son président, le Dr Laurent Grange, s'indigne de ce déremboursement prochain, et regrette que l'AFLAR n'ait pas été entendue malgré une pétition signée par plus de 180 000 personnes (accessible ici) "pour dire NON à ce déremboursement".
L'AFLAR rappelle avoir demandé dès 2014 la création d'un groupe d'experts indépendants pour mener des études d'impact sur les risques de transferts de prescription après un tel déremboursement : anti-inflammatoires, antalgiques opiacés, voire prothèse du genou, comme évoqué ci-dessus. Mais le ministère n'a pas répondu à cette demande.
Enfin l'AFLAR cite les travaux de Claude Le Pen, qui estime que 85 % des patients avec un revenu inférieur à 1 000 euros par mois "rencontrent des problèmes d'accès aux soins de l'arthrose".
L'AFLAR espère donc que ce déremboursement, prévu après la présidentielle, soit bloqué.
Pour cela, une lettre a été envoyée cette semaine aux 11 candidats à la présidentielle pour les interpeller sur cette situation qui pourrait donc aboutir, selon l'AFLAR et les rhumatologues, à une explosion des risques (médicaments moins bien tolérés) et des coûts (augmentation du nombre de prothèses de genoux) au lieu de l'économie espérée de 68 millions d'euros.
A suivre…
En savoir plus
Arrêté du 24 mars 2017 portant radiation des solutions viscoélastiques d'acide hyaluronique pour injection intra-articulaire de la liste des produits et prestations remboursables, Journal officiel du 28 mars 2017 - texte 19
Arthrose du genou : les rhumatologues opposés au déremboursement d'un traitement, Le Parisien, 3 avril 2017
L'AFLAR s'indigne du déremboursement de la visco-supplémentation, AFLAR, 31 mars 2017
Les conséquences socioéconomiques de l'arthrose en France. Étude COART France, Claude Le Pen et coll., Revue du Rhumatisme, janvier 2005
Sur VIDAL.fr
Gonarthrose : déremboursement des solutions viscoélastiques d'acide hyaluronique pour injection intra-articulaire (mars 2017)
HYALGAN (acide hyaluronique) : baisse du taux de remboursement à 15 % (8 novembre 2016)
ART 50, CHONDROSULF, PIASCLEDINE : déremboursement au 1er mars 2015, comme les anti-arthrosiques à base de glucosamine (23 février 2015)
Sources
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