Charlie Dalin, vainqueur du Vendée Globe malgré un cancer gastro-intestinal

Difficile de passer à côté de cette information relayée par de nombreux médias. Après avoir remporté de façon magistrale le Vendée Globe « pulvérisant le record mondial de presque 10 jours, bouclant son tour du monde en 64 jours », précise Charente Libre [1], le skipper Charlie Dalin a révélé avoir effectué cette course en solitaire et sans escale alors qu’il se savait atteint d’une tumeur gastro-intestinale rare, à savoir une GIST (Gastrointestinal Stromal Tumor).

Son cancer avait été découvert à l’automne 2023, pour lequel une « immunothérapie » (NDLR : plutôt une thérapie ciblée) lui a alors été prescrite. Encouragé par son entourage, il apprend que des sportifs de haut niveau traités de la même façon ont continué leur carrière. Après avoir raté de peu la première place en 2021, Charlie Dalin « décide de repartir à la conquête du graal des marins hauturiers », malgré sa maladie et son traitement.

Le navigateur s’est appuyé en amont de la course sur les conseils d’un spécialiste du sommeil et d’un préparateur mental, comme le rapporte Le Monde [2] qui relaie ses propos : « j’ai dû apprendre à me contenter de réglages satisfaisants du bateau sans perdre de temps à tenter de les optimiser. J’ai dû accepter d’apprendre à m’arrêter et à aller me coucher ». Mais pendant la traversée, « je ne pensais pas trop au cancer, j’étais heureux sur l’eau ».

Interrogé par Le Figaro Santé [3], le Dr Marc Pracht, oncologue et vice-président du Centre Eugène Marquis, principal établissement de santé dans la lutte contre le cancer en Bretagne, a expliqué les caractéristiques des GIST, qui, contrairement aux cancers habituels du côlon et de l’estomac, n’entraînent pas de saignements visibles et dont les signes cliniques sont peu spécifiques tels que des douleurs abdominales, une gêne digestive ou de la fatigue. « Dans l’immense majorité des cas, on diagnostique la tumeur parce qu’elle est déjà avancée ». De plus, « les GIST sont naturellement résistantes à la chimiothérapie, à la radiothérapie et à l’immunothérapie. La seule chose qui fonctionne, ce sont les thérapies ciblées », précise-t-il. La première d’entre elles, l’imatinib, a donc marqué un tournant majeur dans la prise en charge de ces tumeurs rares, puis d’autres molécules « cousines » sont arrivées. Pour le Dr Pracht « déjà gagner un Vendée Globe c’est un exploit. Mais le faire avec une GIST en cours de traitement, c’est juste hallucinant ».

Charlie Dalin a cependant dû subir une opération un mois après son arrivée triomphale aux Sables-d’Olonne. « Je suis passé à l’apogée de ma carrière sportive à un moment très difficile, très douloureux. Je venais de faire un tour du monde et un mois plus tard mon objectif était de réussir à faire le tour du service ». Et quand Le Monde [2] lui demande quel message il souhaiterait délivrer, le navigateur répond : « Les médecins m’ont aussi fait comprendre que libérer ma parole pouvait aider d’autres malades et ceux qui les accompagnent. Mais si c’est bien de donner de l’espoir et l’envie de se battre, il faut aussi nuancer. Cette maladie, c’est vraiment du cas par cas, et chacun fait ce qu’il peut dans ce qui est réalisable “à son niveau”. »

Dans un livre [4] qui vient d’être publié, intitulé La force du destin (chez Gallimard), il raconte cette aventure hors norme.