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[Podcast] Dépistage organisé du cancer du sein : des solutions pour améliorer l'accès à la mammographie

Les difficultés d'accès à la mammographie constituent un des freins au dépistage du cancer du sein. Pour atteindre les populations éloignées des centres d'imagerie, la Ligue contre le cancer préconise la mise en place d'unités mobiles au sein des territoires. 

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Interview du Dr Zeineb Lounici, radiologue sénologue.

Interview du Dr Zeineb Lounici, radiologue sénologue.Renata Hamuda / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

- Podcast - Si l'édition 2025 d'Octobre rose est terminée, la promotion du dépistage du cancer du sein ne se limite pas à un seul mois dans l'année. Pourtant, malgré les actions mises en place, le taux de participation à ce dépistage organisé reste inférieur à 50 %. Parmi les freins identifiés, les difficultés d'accès à la mammographie observées dans certains territoires peuvent altérer la motivation à réaliser cet examen. Pour y remédier, la Ligue contre le cancer encourage la démarche d'« aller vers », en développant la circulation d'unités mobiles équipées d'un mammographe. Dans un entretien accordé à VIDAL, le Dr Zeineb Lounici, spécialiste en imagerie mammaire au CHU de Bordeaux et administratrice à la Ligue contre le cancer, souligne également le rôle central que tiennent les professionnels de santé de proximité, dont les médecins traitants, pour informer, combattre les idées fausses et rassurer les femmes. 

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VIDAL News. Parole d'experts. Dans la continuité d'Octobre rose, le rendez-vous pour promouvoir le dépistage du cancer du sein, David Paitraud reçoit Dr Zeineb Lounici, radiologue sénologue, spécialiste en imagerie mammaire au CHU de Bordeaux, administratrice à la Ligue contre le cancer.

La participation au dépistage organisé du cancer du sein était de 44 % en 2024 [1], loin de l'objectif visé de 70 %. Et pourtant, selon une enquête récente de la Ligue contre le cancer, 8 femmes sur 10 sont favorables à ce dépistage.»

Quelques chiffres sur le cancer du sein

Le Dr Zeineb rappelle qu'il existe 61 300 nouveaux cas par an de cancer du sein en France, avec encore 12 100 décès, ce qui en fait la première cause de mortalité par cancer chez la femme. La France présente une incidence élevée comparée à ses voisins européens : 105 sur 100 000 contre 87 en Italie, 81 en Espagne et 77 en Allemagne.

Néanmoins, les traitements sont de plus en plus efficaces avec 90 % de taux de survie à 5 ans.

Le dépistage sur prescription et le dépistage organisé

Le dépistage sur prescription individuelle établie par un professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue, sage-femme) est chiffré autour de 10 à 15 %, selon les études. 

De ce fait, même si le taux de participation du dépistage organisé (DO) arrive difficilement à 50 % dans les départements considérés comme les meilleurs élèves, il garde du sens. Il est donc nécessaire de sensibiliser et fidéliser les femmes à ce programme. Les cancers qui sont diagnostiqués dans ce cadre sont souvent infracliniques, de petite taille et accessibles à un traitement curatif. Souvent, une chimiothérapie n'est pas nécessaire. Habituellement, une tumorectomie avec une radiothérapie locale ou locorégionale, complétées ou non par une hormonothérapie, suffisent. Le traitement est ainsi moins lourd et le pronostic est meilleur.

Les freins au dépistage

Les principaux freins au DO incluent :

  • la peur de la maladie. Or il faut rappeler que dans plus de 95 % des mammographies réalisées dans le cadre du DO, les résultats sont normaux. Dans les 3 ou 4 % des cas, beaucoup sont des pathologies bénignes (dystrophie kystique, adénofibrome...). Et dans seulement 1 % des cas, il existe un cancer du sein, infraclinique, de petite taille et de très bon pronostic.
  • l'appréhension de la douleur lors de la mammographie. Auparavant, les machines comprimaient effectivement les seins de façon « brusque ». Mais aujourd'hui, avec les appareils actuels, les compressions sont lentes et progressives, adaptées au ressenti de la patiente. L'essentiel est que le sein ne bouge pas, car sinon l'image est floue. Et si l'image est floue, elle n'est pas interprétable.
  • des barrières culturelles, cultuelles ou linguistiques. Pour les femmes dont la langue peut être un frein, il faudrait délivrer les messages concernant le DO dans leur langue d'origine. De plus, il existe dans certaines religions un certain fatalisme par rapport au cancer. C'est souvent les filles qui encouragent leurs mères à venir faire un dépistage.
  • le délai de prise de rendez-vous. Dans 80 % des cas, la mammographie est effectuée par des radiologues libéraux. Elle peut aussi être pratiquée dans certains CHU ou centres de soins. Un délai de 3 à 5 mois ne doit pas démotiver pour prendre rendez-vous, sauf cas d'urgence : s'il y a un écoulement, une douleur anormale, une boule, un ganglion sous le bras... Car il faut distinguer le dépistage du diagnostic. C'est dans ce dernier cas, que le délai doit être court pour des raisons médicales et aussi pour ne pas laisser la patiente dans l'inquiétude.

Les atouts du dépistage organisé

Face à ces freins, il faut rappeler les avantages du DO :

  • L'examen est gratuit.
  • Pour qu'un radiologue soit agréé comme premier lecteur (le DO comporte toujours une double lecture des mammographies), il faut qu'il lise au moins 500 mammographies par an. Le deuxième lecteur doit en lire 2 000 par an. Cela atteste le niveau de compétence requis. 
  • Cette double lecture permet de détecter environ 5 % de cancers qui n'ont pas été vus en première lecture, mais qui restent d'assez bon pronostic, voire de très bon pronostic.

Les initiatives pour améliorer la participation au DO

  • Le site jefaismondépistage.cancer.fr permet de rechercher les centres de dépistage situés à côté de son domicile.
  • Des premières expériences ont déjà été faites par le passé pour aller à la rencontre des femmes éloignées géographiquement des centres d'imagerie, grâce au recours à des unités mobiles. Du fait du problème de démographie médicale, ce dispositif de secours a été réactivé. L'objectif de la Ligue contre le cancer est de déployer une flotte de camionnettes équipées d'un mammographe avec lecture des clichés à distance par un radiologue [2].

Enfin, le médecin généraliste joue un rôle important dans le message de prévention de santé publique. L'occasion, lors d'une consultation de la patiente (favorisée notamment par un dispositif d'alerte mis en place par l'Assurance maladie), de lui rappeler l'intérêt de participer au dépistage organisé.

Interview : David Paitraud, pharmacien

Montage : Robin Benatti & David Paitraud

Remerciements : Dr Zeineb Lounici, radiologue sénologue, spécialiste en imagerie mammaire au CHU de Bordeaux, administratrice à la Ligue contre le cancer.

Sources

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