#Socio-professionnel

Prise en charge coordonnée des patients : focus sur le dispositif Escap

L'Escap est un nouveau dispositif de coordination des soins, en phase d'expérimentation. Limité à certains patients, il apporte une réponse supplémentaire pour coordonner et optimiser la prise en charge par les professionnels de santé de ville et hospitaliers.

David Paitraud
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Interview de Mathilde Guest, directrice générale de l'Union nationale des professionnels de santé.

Interview de Mathilde Guest, directrice générale de l'Union nationale des professionnels de santé.elenabs / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

- Podcast - Depuis le 23 mars 2025, une nouvelle forme de coordination entre professionnels de santé est expérimentée en France. Baptisé Escap (équipe de soins coordonnée avec le patient), ce dispositif cible quatre types de patients complexes, pour lesquels une coopération entre les professionnels de santé de ville et hospitaliers est indispensable. Pour faciliter l'échange entre ces intervenants, Escap s'appuie sur les outils numériques de coordination déjà développés en régions. Interrogée par VIDAL, Mathilde Guest, directrice générale de l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS), décrit les spécificités et l'intérêt de cette nouvelle option de coordination des soins.

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Lexique des acronymes

ACI : accord conventionnel interprofessionnel

Acip : accord-cadre interprofessionnel

Cnam : Caisse nationale de l'assurance maladie

CPTS : communautés professionnelles territoriales de santé

Escap : équipe de soins coordonnnée avec le patient

MSP : maisons de santé pluriprofessionnelles

Uncam : Union nationale des caisses d'assurance maladie

Unocam : Union nationale des organismes d'assurance maladie complémentaires

UNPS : Union nationale des professionnels de santé

TRANSCRIPTION

VIDAL News. Parole d'experts. David Paitraud reçoit Mathilde Guest, directrice générale de l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS).

Quelle est la spécificité d'Escap (équipe de soins coordonnée avec le patient), une nouvelle forme de coordination ?

Mathilde Guest. Escap [1] est un nouveau dispositif de coordination qui est extrêmement simple d'usage, voulu par 23 organisations représentatives de professionnels de santé libéraux. L'idée est de disposer d'un outil de coordination simple et sans contraintes administratives.

Quelle est la différence entre Escap et les dispositifs de coordination qui existent déjà, l'équipe de soins primaires par exemple ?

La grosse différence entre les Escap, les équipes de soins primaires et les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) est qu'il n'y a pas de projet de santé. Il s'agit d'un dispositif resserré autour d'un patient complexe. L'idée est de faciliter les échanges entre professionnels de santé, de manière très simple, sans projet de santé. Et aussi de créer des équipes ad hoc. Par exemple, dans une MSP, vous allez avoir un kiné, un médecin, un infirmier. Mais ce kiné, il va avoir 10 ou 15 prescripteurs. Tous les prescripteurs ne sont pas nécessairement dans sa MSP. C'est important qu'il puisse se coordonner avec des prescripteurs qui ne sont pas dans sa MSP et il pourra le faire même s'il est en MSP. Donc l'Escap n'est pas du tout concurrente des autres types de coordination. Au contraire, elle complète ces autres formes de coordination. Et pour finir, vous pouvez également vous poser la question des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Les CPTS, organisent des soins, mais ne les délivrent pas. Les Escap ont vocation à se déployer au sein des CPTS.

Quels professionnels de santé peuvent participer à l'Escap ?

Les professionnels de santé des CPTS et partout. L'idée est que le dispositif Escap soit déployé pour tous les professionnels de santé. On concentre, pour le moment, l'expérimentation sur les professionnels de santé libéraux. Mais le but est de faire le lien avec l'hôpital pour faciliter la sortie du patient de l'hôpital, que tous les professionnels de santé, donc de l'Escap, puissent être informés de la sortie de l'hôpital, qu'ils puissent aussi y avoir des échanges avec le médecin spécialiste hospitalier. À terme, l'idée est d'inclure l'ensemble des professionnels de santé libéraux ou hospitaliers.

Quels patients peuvent être éligibles à l'Escap ? Est-ce que ce sont tous les patients ?

Non. Quatre types de patients sont concernés par l'expérimentation :

  1. les patients de plus de 65 ans qui ont plusieurs pathologies (polypathologies chroniques) ;
  2. les patients diabétiques sous insuline ;
  3. les patients qui ont fait un AVC et qui ont été hospitalisés il y a moins de un an ;
  4. les patients en soins palliatifs.

Très concrètement, est-ce que vous pouvez nous décrire comment se déroule une prise en charge dans le cadre de l'Escap ?

Je vais vous donner un exemple concret. Je suis infirmière, je suis au domicile de mon patient qui répond à l'une des quatre situations cliniques que je vous ai énoncées. Je m'aperçois que son état s'est dégradé. Le patient, par exemple, a une plaie qui s'est dégradée. Là, je vais me poser la question de l'intégration dans le dispositif Escap pour qu'il ait une prise en charge mieux coordonnée et renforcée. Donc, je vais me connecter à mon application et je vais remplir, via cette application, une grille d'inclusion.

Elle comporte une quinzaine de questions extrêmement simples, parce que tout professionnel de santé doit pouvoir inclure un patient. Ce n'est pas nécessairement le médecin traitant, cela peut être l'infirmier, le pharmacien, le kiné ou l'orthophoniste... Il n'y a vraiment pas de restrictions :

  • combien de médicaments le patient prend-il ?
  • est-ce qu'il a des problèmes de mobilité ?
  • est-ce qu'il a une aide à domicile ? ...

En fonction du score de ce patient, je peux ou non l'inclure dans le dispositif. À partir du moment où il est d'accord pour intégrer le dispositif et où il a un score suffisant, via l'application, je vais contacter les autres professionnels de santé qui gravitent autour de lui, dont le médecin traitant (la présence du médecin traitant est obligatoire), et l'Escap va se constituer. Les professionnels de santé pourront échanger beaucoup plus facilement via une messagerie sécurisée (qui ne sera pas WhatsApp !), et s'envoyer des alertes, s'informer en temps réel de l'état du patient.

Escap signifie « équipe de soins coordonnée avec le patient ». Est-ce que cela sous-entend que le patient est partie prenante de cette coordination ?

Initialement, on avait écrit le sigle Escap : « équipe de soins coordonnés autour du patient ». Mais on s'est dit, notamment en discutant avec les associations de patients, que c'était bien que le patient soit intégré et soit conscient de sa prise en charge et puisse être acteur de son parcours de soins. Donc le patient est complètement intégré au dispositif. En revanche, il ne va pas pouvoir accéder à l'application, les échanges se feront uniquement entre professionnels de santé.

David Paitraud. Mais il sait quels échanges sont faits. Le professionnel de santé lui explique : « Je prends contact via ce dispositif avec votre spécialiste. Vous savez celui que vous avez vu pour votre pathologie, ou avec votre infirmière ou avec votre pharmacien », c'est ça ?

Mathilde Guest. Voilà. De toute façon, c'est le patient qui donne au professionnel de santé qui va l'inclure dans le dispositif le nom de ses autres professionnels de santé.

L'Escap fait l'objet actuellement d'une expérimentation depuis le 23 mars 2025. Comment les professionnels de santé peuvent-ils participer à ce dispositif ?

Ce dispositif repose sur l'utilisation d'une application numérique régionale. On s'est dit qu'il existe déjà tellement d'outils de coordination développés à ce jour, qu'il ne fallait pas « encombrer les professionnels de santé » avec une nouvelle application. On souhaite que les professionnels de santé utilisent l'application qu'ils ont déjà. Donc on procède région par région pour faire intégrer un onglet Escap dans les applications numériques de coordination qui existent déjà. En Normandie et en Auvergne-Rhône-Alpes, ces outils sont déjà développés. Les professionnels de santé qui exercent dans ces régions peuvent se connecter aux outils de coordination pour commencer à créer des Escap. Dans les autres régions, c'est en cours de développement, cela ne devrait pas tarder. Et selon les régions, c'est plus ou moins rapide.

Quelles sont les perspectives à long terme pour l'Escap ?

À l'UNPS, on est à peu près certain que c'est un dispositif qui a vocation à renforcer le maillage territorial, à renforcer l'accès aux soins. Parce que prendre en charge un patient à plusieurs est beaucoup plus simple. On pense que c'est un dispositif qui peut améliorer l'accès aux soins et qui mérite d'être généralisé. Notre objectif est donc de généraliser l'expérimentation.

Quels sont les critères d'évaluation ?

Les critères d'évaluation ont été fixés en coopération avec l'Assurance maladie. Il y aura des remontées qui émaneront de l'Assurance maladie sur le nombre :

  • de professionnels de santé concernés ;
  • d'Escap créés, soit de patients intégrés. 

On aura des données un petit peu plus spécifiques qui nous remonteront des applications sur les typologies de patients :

  • est-ce qu'il y a eu beaucoup d'échanges entre professionnels de santé ?
  • quelles hospitalisations a-t-on pu éviter ?
  • quels passages d'urgence a-t-on pu éviter ?

Et il y aura également des questionnaires de satisfaction pour les patients et les professionnels de santé.

Dans le cadre de cette expérimentation Escap, y aura-t-il une rémunération des professionnels de santé ?

Il y a une rémunération des professionnels de santé en deux volets :

  1. une rémunération de 100 euros par an et par professionnel de santé pour l'acquisition et l'utilisation de l'outil de coordination ;
  2. une rémunération de 100 euros par an et par professionnel de santé membre de l'Escap pour la participation à au moins cinq Escap.

En plus, la participation à une Escap va permettre de cocher la case forfait structure pour les professionnels concernés.

Vous êtes directrice générale de l'UNPS. Un mot peut être pour rappeler aux professionnels de santé ce qu'est cette Union nationale des professionnels de santé ?

L'Union nationale des professionnels de santé est une institution créée par la loi qui a porté la réforme de l'Assurance maladie en 2004. La réforme a abouti à la création de :

  • l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) pour l'assurance maladie obligatoire ;
  • l'Union nationale des organismes d'assurance maladie complémentaires (Unocam) pour l'assurance maladie complémentaire ;
  • et l'UNPS pour représenter les professionnels de santé conventionnés libéraux.

C'est une institution qui a une mission de représentation pluriprofessionnelle au sein de diverses instances étatiques. On est en constante relation avec le ministère de la Santé, avec la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam), avec les parlementaires sur les sujets communs aux professionnels de santé.

Notre mission principale est de négocier l'accord-cadre interprofessionnel (Acip). L'Acip est la convention socle sur laquelle, après, vont reposer l'ensemble des conventions monopro, médecins, pharmaciens, infirmiers, kinés, etc. et les ACI pluripro, ACI CPTS et ACI MSP. Et c'est dans le cadre de cet Acip que l'on a signé un avenant qui prévoit la mise en place de l'expérimentation relative aux équipes de soins coordonnées avec le patient.

Interview : David Paitraud, pharmacien

Montage : Robin Benatti & David Paitraud

Remerciements : Mathilde Guest, directrice générale de l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS)

Sources

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