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Chikungunya et dengue : la DGS préconise une vigilance renforcée en métropole

Les cas importés de chikungunya et de dengue atteignent un niveau sans précédent en métropole, respectivement 950 et 1275 depuis le début de l’année. La DGS rappelle ainsi l’importance d’évoquer rapidement de tels diagnostics afin notamment de limiter les risques de propagation. 

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Les symptômes apparaissent environ une semaine après la piqûre d’un moustique infecté.

Les symptômes apparaissent environ une semaine après la piqûre d’un moustique infecté.frank600 / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

Devant l’augmentation des cas importés depuis le début de l’année de chikungunya (n = 950) et de dengue (n = 1 275), la direction générale de la Santé (DGS) appelle à une vigilance accrue. Aucun cas autochtone n’est recensé pour l’instant, mais la large implantation d’Aedes albopictus (81 départements) rend la circulation virale autochtone probable dans les semaines à venir.

Le diagnostic de chikungunya ou de dengue doit être évoqué devant tout syndrome fébrile aigu sans autre orientation infectieuse claire, notamment si sont présents : fièvre brutale, myalgies/arthralgies, céphalées, éruption cutanée. Ce tableau clinique, fréquent et non spécifique, doit faire rechercher une notion de séjour récent en zone tropicale et intertropicale (moins de 15 jours) ou un contact avec un cas confirmé ou suspect.

Chikungunya, dengue et Zika partagent des signes cliniques proches et peuvent être asymptomatiques, en particulier pour la dengue et le Zika. Le chikungunya, symptomatique dans 80 % des cas, peut évoluer vers des arthralgies chroniques.

La confirmation biologique (RT-PCR sang ou sérologie) nécessite d’identifier avec précision la date de début des signes. Il est recommandé de rechercher les trois virus simultanément. En présence d’IgM isolées, un second prélèvement est indispensable.

En l’absence de traitement antiviral, la prise en charge est symptomatique (éviter aspirine et AINS).

Il est recommandé aux patients ayant des signes cliniquement évocateurs ou un diagnostic confirmé de se protéger contre les piqûres de moustique afin d’éviter que ceux-ci ne s’infectent et puissent ensuite contaminer d’autres personnes.

Ces maladies sont à déclaration obligatoire, même importées.

Ce DGS-Urgent vise à éviter un retard diagnostique qui favoriserait l’émergence de foyers autochtones, dans un contexte épidémiologique particulièrement sensible à La Réunion et aux Antilles.

La direction générale de la Santé (DGS) a émis une alerte DGS-Urgent [1] appelant les professionnels de santé à une vigilance renforcée vis-à-vis des risques de chikungunya et de dengue en France métropolitaine.

En effet, ces arboviroses connaissent actuellement une large diffusion épidémique respectivement à la Réunion (cf. notre article du 3 avril 2025) et aux Antilles. Les cas importés ont atteint un niveau sans précédent :

  • 950 pour le chikungunya dont 225 cas depuis le 1er mai 2025 ;
  • 1 275 pour la dengue dont 152 cas depuis le 1er mai 2025.

Aucun cas autochtone n’a (encore) été identifié en France hexagonale. Cependant, le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de ces arboviroses, est largement implanté en France : 81 départements touchés sur 96 (dont la Corse). La circulation autochtone de ces maladies est ainsi redoutée dans les prochaines semaines. D’autant plus que le nombre élevé de cas importés risque de se maintenir et que la période actuelle est favorable à la prolifération de ces moustiques, actifs entre mai et novembre. Pour rappel, selon Santé publique France, en 2024, 83 cas autochtones de dengue, et 1 cas autochtone de chikungunya ont été rapportés. 

Un syndrome fébrile et algique et un voyage récent en zone de circulation du virus

La DGS rappelle que les diagnostics de chikungunya et de dengue doivent être évoqués :

  • devant tout syndrome « viral aigu », avec comme principaux symptômes (en l‘absence d’autres signes d’appel infectieux) :
    • une fièvre d’apparition brutale,
    • des douleurs musculaires et/ou articulaires,
    • des maux de tête,
    • une éruption cutanée ;
  • associé à :
    • un antécédent de séjour en zone de circulation du virus c’est-à-dire en zone tropicale et intertropicale avec un retour depuis moins de 15 jours [2, 3],
    • ou la notion d’un cas dans l’entourage.

Ce syndrome viral aigu dure environ une semaine et fait place à une fatigue qui peut être prolongée.

En l’absence de traitement antiviral efficace, la prise en charge reste symptomatique (antalgiques et antipyrétiques) en évitant l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Chikungunya, dengue, Zika : formes asymptomatiques et complications

Huit personnes infectées par le virus du chikungunya sur 10 sont symptomatiques, alors que c’est l’inverse pour la dengue et le Zika qui sont asymptomatiques ou avec de légers signes chez 5 à 9 personnes sur 10.

L’évolution est le plus souvent favorable pour ces arboviroses et les formes sévères sont rares :

  • le chikungunya peut être à l’origine de formes atypiques (environ 0,5 % des cas), dont certaines peuvent être graves. Cette infection peut aussi évoluer vers des arthralgies chroniques dans 20 à 60 % des cas selon le lignage viral et la qualité des soins reçus. Des recommandations ont été édictées en 2014 pour la prise en charge des formes chroniques de chikungunya [4]. Les patients à risque de formes graves sont :
    • ceux atteints de comorbidités,
    • les jeunes enfants et les personnes âgées,
    • les femmes enceintes,
    • les immunodéprimés ;
  • la dengue hémorragique, qui représente environ 1 % des cas de dengue, survient entre le 4e et le 6e jour environ. Elle est plus fréquente s'il s'agit d'une dengue secondaire et/ou qu'il existe des comorbidités.
  • les complications du virus Zika sont d’ordre neurologique ou auto-immun, comme le syndrome de Guillain-Barré, ou congénitales (dont la microcéphalie) en cas d’infection pendant la grossesse.

Les principaux messages de prévention

À partir du début des signes, pendant une semaine en moyenne, et sans attendre la confirmation biologique de l’infection, le patient doit se protéger contre les piqûres de moustique afin d’éviter que ceux-ci ne s’infectent et puissent ensuite contaminer d’autres personnes. Le délai pour que le moustique infecté soit capable de transmettre la maladie est d’une semaine.

Il est recommandé aux patients ayant des signes cliniquement évocateurs ou un diagnostic confirmé :

  • de porter des vêtements amples et couvrants ;
  • d’appliquer des répulsifs cutanés ;
  • d’utiliser des diffuseurs électriques à l’intérieur des habitations ;
  • de mettre des moustiquaires sur les ouvertures (portes et fenêtres).

Quels tests biologiques ?

Les tests biologiques à prescrire sont résumés dans la figure ci-dessous. Afin de choisir les analyses à réaliser, il est important d’identifier avec précision la date de début des signes. Il est conseillé de rechercher simultanément les trois arboviroses transmises par ces moustiques en raison de symptômes et de zones de circulation similaires.

Les prélèvements sanguins peuvent être réalisés par tout laboratoire d’analyses et de biologie médicale et sont pris en charge dans les indications précitées.

Figure - Prescriptions biologiques de la dengue, du chikungunya et du Zika [1]

Des IgM isolées doivent impérativement conduire à un second prélèvement pour confirmation, au minimum 10 jours après le premier. Le diagnostic sera confirmé en cas d’apparition d’IgG dans le second échantillon, ou devant un titre croissant d’IgG.

La vaccination contre la fièvre jaune peut induire une sérologie de la dengue faussement positive. Un test de confirmation par neutralisation des anticorps peut être réalisé par le Centre national de référence.

Des maladies à déclaration obligatoire

Il s’agit de maladies à déclaration obligatoire (que les cas soient importés ou autochtones) qui doivent être signalées rapidement à la plateforme régionale de veille et d’urgences sanitaires de l’ARS (formulaires Cerfa de déclaration obligatoire) afin que celle-ci puisse mettre en œuvre les investigations et prendre les mesures adaptées.

La DGS recommande également de ne pas favoriser la présence de moustiques au sein ou autour des locaux en supprimant les eaux stagnantes (petits contenants comme les dessous de pots, les déchets, les gouttières, etc.).

Recommandations pour les voyageurs

  • Pour le chikungunya : la vaccination contre le chikungunya n’est pas prévue à ce jour dans les recommandations sanitaires pour les voyageurs établies par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) qui seront actualisées en juin prochain. Conformément à l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) du 25 avril 2025 : « les voyageurs de 65 ans et plus ne doivent pas se faire vacciner avec le vaccin IXCHIQ » (cf. notre article du 27 avril 2025 et [5]).
  • Pour la dengue : l’édition 2024 des recommandations sanitaires aux voyageurs a été modifiée le 24 avril 2025 pour les voyageurs se rendant dans les zones à risque de transmission. Les données d’immunogénicité, d’efficacité et de tolérance du vaccin QDENGA (cf. notre article du 11 février 2025) ont été intégrées. Les recommandations concernent les personnes de 6 ans et plus, et prennent en compte l’âge du voyageur, la présence ou non de comorbidités connues pour accroître le risque d’évolution vers une dengue grave, les antécédents personnels de dengue, la durée du séjour et l’épidémiologie de la maladie. Un logigramme synthétique est présenté (page 19 de [6]).
  • Pour le Zika : sont disponibles, dans l’avis du HCSP du 16 février 2017 [7], les recommandations aux femmes enceintes qui prévoient un voyage en zone de circulation du virus Zika et à celles ayant un projet de grossesse qui prévoient un voyage en zone d’épidémie de Zika.

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