
Une étude sur plus de 90 000 femmes.
DIU au lévonorgestrel : une relation dose/troubles dépressifs suggérée par une étude EPI-PHARE
Selon une étude épidémiologique du GIS EPI-PHARE réalisée à partir des données de remboursement de l'Assurance maladie, les DIU au lévonorgestrel plus fortement dosés (52 mg contre 19,5 mg) sont associés à une utilisation légèrement augmentée d'antidépresseurs.
Le groupe d'intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE a récemment publié une étude épidémiologique [1, 2] dans la revue scientifique Journal of the American Medical Association (JAMA) [3]. L'objectif était d'évaluer l'éventuelle relation entre le dosage des dispositifs intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel (19,5 mg ou 52 mg - cf. Encadré) et le recours aux psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques et hypnotiques).
Ce travail français, mené à partir des données de remboursement de l'Assurance maladie, montre une utilisation légèrement augmentée, mais significative, d'antidépresseurs chez les femmes portant un dispositif intra-utérin (DIU) dosé à 52 mg de lévonorgestrel par comparaison avec celles portant un DIU à 19,5 mg, dans les 2 ans suivant la pose du contraceptif.
Encadré - Liste des DIU de lévonorgestrel commercialisés en France
Une étude sur plus de 90 000 Françaises
Pour mener cette étude, les auteurs ont inclus plus de 90 000 femmes de 13 à 40 ans sans antécédents d'utilisation de psychotropes et nouvellement porteuses d'un DIU au lévonorgestrel. Elles ont été réparties en 2 groupes :
- 45 736 femmes ayant reçu un DIU au lévonorgestrel 52 mg (âge moyen : 32,3 ans) ;
- 45 736 femmes ayant reçu un DIU au lévonorgestrel 19,5 mg (âge moyen : 31,8 ans), correspondant au groupe témoin.
Afin d’évaluer la relation éventuelle entre les troubles dépressifs et le dosage en lévonorgestrel, la consommation de psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques et hypnotiques) a été recueillie dans chaque groupe, dans les 2 ans suivant la pose du DIU.
Des conclusions qui appellent à mener d'autres études
Les auteurs soulignent que le risque de dépression ou le risque de troubles de l’humeur (humeur dépressive) sont des effets indésirables connus des contraceptions hormonales, dont le DIU au lévonorgestrel. Ces effets indésirables psychiatriques sont mentionnés dans les documents d'information (RCP et notice).
Dans le cadre de leur étude, ils ont émis l'hypothèse que la dose de lévonorgestrel pouvait représenter un facteur influençant l'incidence d'utilisation des médicaments psychotropes, « parce que les dispositifs à faible dose peuvent entraîner une baisse des taux sériques de progestatif ».
À l'issue de ce travail, sur l'ensemble des psychotropes analysés, seule l'incidence de la consommation d'antidépresseurs semble augmenter chez les femmes porteuses d'un DIU plus fortement dosé en lévonorgestrel (52 mg). En revanche, l’étude EPI-PHARE n’a pas montré d’accroissement du recours aux anxiolytiques ou hypnotiques, alors que d'autres études suggèrent cette relation.
Si cette étude est la première à montrer un risque de troubles dépressifs dépendant de la dose de lévonorgestrel contenue dans un DIU, ces nouvelles données sont à interpréter avec précaution. « Les différences de pourcentages absolus d’utilisation d’antidépresseurs sont faibles et peu susceptibles d’être cliniquement pertinentes au niveau individuel, mais ce résultat est néanmoins important à prendre en compte à l’échelle populationnelle et nécessite des études complémentaires », concluent les auteurs.
[1] Les stérilets contenant le plus d’hormone présenteraient davantage de risque de troubles dépressifs (ANSM, 14 février 2023)
[2] Association entre dispositifs intra-utérins au lévonorgestrel et l’usage ultérieur de psychotropes en France (EPI-PHARE, 3 janvier 2023)
[3) Roland N, Baricault B, Weill A et al. Association Between Doses of Levonorgestrel Intrauterine Systems and Subsequent Use of Psychotropic Drugs in France. JAMA, 2023; 329: 257-259
Pour aller plus loin