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Prescription d’une orthèse : mieux adapter le choix dès la première consultation

En cas de traumatisme au niveau articulaire, la prescription d’une orthèse a plusieurs objectifs : rassurer le patient, protéger l’articulation, soulager la douleur et réduire l’œdème.

Isabelle Hoppenot 10 janvier 2023 Image d'une montre5 minutes icon 8 commentaires
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Choisir le matériel adéquat.

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Résumé

La prescription d’une orthèse est une démarche importante dans les traumatismes articulaires. Elle permet de : rassurer le patient ; protéger l’articulation ; soulager la douleur ; réduire l’œdème.

S'orienter d’emblée vers certaines orthèses permet d’éviter les conséquences délétères d’une immobilisation inadéquate, en attendant la deuxième consultation, réalisée idéalement 8 jours après le traumatisme.

La prescription d'une orthèse est fréquente en cas de traumatisme au niveau articulaire. Encore faut-il savoir choisir celle qui est la plus adaptée.

VIDAL. Quelles sont les grandes règles de prescription d’une orthèse dans le cadre de l’urgence ?

Dr Linh Vu Ngoc. Quelle que soit l’articulation concernée, la prescription d’une orthèse dans le cadre de l’urgence vise à rassurer le patient, protéger l’articulation, soulager la douleur et aussi réduire l’œdème. En effet, ce dernier engendre la douleur, gêne la pratique d’un bon examen clinique et fausse les données d’imagerie, exception faite des radiographies classiques.

Une bonne orthèse doit répondre à ces différents objectifs en attendant la réalisation d’une échographie différée de 3 à 4 jours ou d’une IRM 5 à 7 jours plus tard.

Quand le patient doit-il être revu ?

Idéalement, une deuxième consultation doit avoir lieu à 8 jours, au maximum dans les 15 jours suivant le traumatisme, afin d’affiner le diagnostic et d’éviter le port prolongé d’une orthèse non adaptée, source de pathologies secondaires.

  • Si le patient a été initialement pris en charge dans un service d’urgences, un rendez-vous auprès d’un spécialiste est généralement pris dès la consultation initiale.
  • S’il a été pris en charge par un médecin généraliste, l’adressage ou non au spécialiste dépend de ses compétences en matière de traumatologie et de la disponibilité des spécialistes référents.

Au minimum, le patient doit être revu par son médecin traitant 8 jours après le traumatisme, ce qui permet de le réexaminer en étant moins gêné par l’œdème.

Au-delà du recours à une orthèse, quels sont les moyens non médicamenteux pour réduire l’œdème ?

L’un des meilleurs moyens, quelle que soit l’articulation, est de recourir au froid compressif, mais aucun système n’est aujourd’hui disponible en ville. L’utilisation d’une « bombe de froid », comme cela se fait au bord du terrain de sport, ne suffit pas, car elle n’agit que peu de temps et, en outre, elle expose au risque de brûlures.

Pour les traumatismes de la cheville, le protocole RICE (R = repos, I = glace (Ice), C = compression, E = élévation) est préconisé. 

En pratique, je conseille d’appliquer 3 fois par jour de la glace pendant 20 minutes en interposant un linge entre la poche de glace et la peau, puis de mettre une chaussette de contention (classe II) et, enfin, de poser l’orthèse.

Le bas de contention, qui certes n’est pas facile à enfiler sur une cheville douloureuse et gonflée, permet de faciliter le drainage et de réduire l’œdème. Les kinésithérapeutes font volontiers un strapping pour assurer la contention et la compression. 

Le choix de l’orthèse initiale est important ?

Tout à fait. Prescrire une bonne orthèse permet souvent d’éviter une nouvelle prescription lors de la deuxième consultation. Or, très souvent, l’orthèse initialement prescrite est loin d’être la plus adaptée.

  • Par exemple, pour les entorses du genou, beaucoup de patients se voient prescrire une attelle d’immobilisation de type Zimmer avec 0 degré de flexion, qui, lorsqu’elle est portée trop longtemps, entraîne un enraidissement et une mise en tension des ischio-jambiers. Il est préférable de prescrire une attelle articulée prenant uniquement le genou, qui libère la rotule et donne au minimum une angulation de 15-20 °.
  • Pour la cheville, plutôt qu’une attelle immobilisatrice simple de type Aircast standard, il vaut mieux faire appel d’emblée à une orthèse qui maintient les articulations talo-crurale et tibio-fibulaire avec un réglage de type boa. 
  • Pour l’épaule et le coude, une contention coude au corps, y compris pour les traumatismes de la clavicule, est recommandée en première intention.
  • Pour le dos, il ne faut pas hésiter à prescrire une ceinture lombaire avec baleinage, qui soulage sans exposer à la perte musculaire.
  • Pour la main, l’immobilisation avec une résine n’est pas idéale, même sur une fracture du scaphoïde, et il vaut mieux prescrire une attelle thermo-moulée, qui peut être faite dans certaines pharmacies.
  • Pour les traumatismes du poignet et du pouce, une attelle prenant le poignet et le pouce par défaut est le meilleur choix en attendant les résultats de l’imagerie.
  • Pour les cervicales, les colliers de type C3 qui disposent d’une couronne en plastique rigide et d’une mentonnière sont plus intéressants que ceux en mousse ou de type  C1, qui ne servent qu’à soulager la contracture musculaire. 

Et si besoin, lors de la deuxième consultation, il ne faut donc pas hésiter à changer d’orthèse ?

Oui, il ne faut pas hésiter à prescrire une autre orthèse, ce qui évitera les conséquences délétères d’une attelle inadaptée. Les fabricants proposent des gammes de matériel de plus en plus larges et de plus en plus adaptées à chaque situation.

 

D’après un entretien avec le Dr Linh Vu Ngoc, médecin du sport, chef du pôle médical et paramédical du Centre de ressources d'expertise et de performance sportive (CREPS) Île-de-France.

 

Sources

Commentaires

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OrthoPodo Il y a un an 1 commentaire associé

Bonjour,

Bel article, néanmoins vous faites l'impasse sur les orthopédistes orthesistes dont le métier est justement de définir et réaliser sur mesure les ortheses thermoformees. 
Ces ortheses peuvent être immobiliser, être correctrices, protectrices des articulations ou des sutures, être appliquées en prévention.

Toujours en accord avec le médecin ou chirurgien.

Belle journée !

Modérateur Rhumatologie Il y a un an 0 commentaire associé

Réponse du Dr Linh Vu-Ngoc :

Effectivement les orthopédistes orthésistes peuvent également effectuer les orthèses thermo-moulées. Nous faisons généralement appel à eux pour des appareillages plus lourds (corset thoraco-lombaire rigide, prothèse de jambe...). Mais c'est un oubli de ma part, je m'en excuse

 

 

FannyC Il y a un an 1 commentaire associé

bonjour, 

qu'en est-il pour les articulations des orteils?

merci de votre réponse

Modérateur Rhumatologie Il y a un an 0 commentaire associé

Réponse du Dr Linh Vu-Ngoc

Effectivement, il existe des orthèses pour les pathologies du pied. Elles sont faites sur mesure par les podologues après un bilan podologique statique et dynamique. Notamment dans les déséquilibres de force et d'appui plantaire, les déformations articulaires, les défauts de l'arche plantaire et les pathologies du tendon d'achille. L'examen du pied est essentiel dans la prise en charge du sportif bipède...Mea Culpa !

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