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Variole du singe : vaccination préventive pour les populations les plus exposées

La stratégie vaccinale contre l'infection à Monkeypox évolue et comporte désormais, outre la vaccination réactive (postexposition), une vaccination préventive pour les populations les plus exposées, notamment chez les hommes ayant des pratiques sexuelles à risque. 

David Paitraud 19 juillet 2022 Image d'une montre7 minutes icon Ajouter un commentaire
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Représentation en 3D de virus de la variole du singe (illustration).

Représentation en 3D de virus de la variole du singe (illustration).

 

Résumé
Une vaccination préventive contre l'infection à Monkeypox est désormais recommandée pour les populations les plus exposées à ce virus :

  • les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans multipartenaires ;
  • les personnes en situation de prostitution ;
  • les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle.

La vaccination préventive complète la stratégie vaccinale contre l'infection à Monkeypox qui comportait déjà une vaccination active postexposition.

Cette recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS) en faveur d'une vaccination préventive a été reprise et validée par la direction générale de la Santé (DGS) le 8 juillet 2022, et un arrêté ministériel publié au Journal officiel du 10 juillet 2022 organise cette campagne de vaccination préventive : 

  • autorisation d'utiliser les vaccins IMVANEX et JYNNEOS (vaccins de troisième génération) en prophylaxie contre la variole du singe ; 
  • accès à la vaccination préventive dans les établissements de santé, dans certains centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CEGIDD) ou au sein de centres de vaccination (selon les régions - liste consultable sur le site des ARS) ;
  • prescription par les médecins, et administration par les médecins et par les infirmiers sur prescription médicale. 


Le schéma vaccinal comporte 2 doses, à 28 jours d'intervalle (ou 1 dose si vaccination antérieure contre la variole, ou 3 doses en cas d'immunodépression).

En traitement curatif, la DGS a confirmé la mise à disposition du tecovirimat, médicament indiqué en première intention chez les patients atteints d'une forme grave de la maladie (après discussion collégiale, en fonction de la symptomatologie, des complications et du terrain du patient). 

Enfin, une ligne téléphonique baptisée Monkeypox info service et dédiée à l'information sur la maladie et sa prise en charge est ouverte depuis le 13 juillet 2022 (numéro vert 0 801 90 80 69).


En supplément de la vaccination réactive (vaccination postexposition - cf. notre article du 24 mai 2022) initiée en mai 2022 pour limiter les complications associées à la variole du singe, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande qu'une vaccination préventive soit désormais proposée aux groupes les plus à risque de contamination par le virus Monkeypox [12] :

  • les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (cf. Encadré ci-dessous) et les personnes trans multipartenaires ;
  • les personnes en situation de prostitution ;
  • les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux.

Encadré - Profil des cas de variole du singe identifiés en France
Au 12 juillet 2022, 912 cas confirmés de variole du singe étaient rapportés par Santé publique France, dont une très large majorité en Île-de-France.

Les cas restent, à ce stade, peu graves et d'évolution favorable en quelques semaines.

Ces cas sont essentiellement rapportés chez des hommes. Lorsque ces informations sont renseignées, dans 97 % des cas, il s'agit d'hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et dans 75 % des cas d'hommes déclarant avoir eu plusieurs partenaires dans les semaines précédant l'apparition des symptômes.


Vaccination préventive pour pallier les difficultés de contact tracing
La position de la HAS en faveur d'une vaccination préventive est justifiée par :

  • la difficulté de mettre en œuvre le contact tracing pour plusieurs raisons :
    • impossibilité à identifier la personne qui a transmis le virus ;
    • sous-déclaration des cas contacts ;
    • rapports sexuels anonymes ;
  • les données d'efficacité des vaccins de 3e génération en préexposition (IMVANEX et JYNNEOS), attestant d'un rapport bénéfice-risque favorable.


Vaccination préventive chez les professionnels de santé ? 
À ce jour, la vaccination préventive n'est recommandée qu'en cas de pratiques sexuelles ou de profession à risque. 


La HAS ne recommande pas, à ce stade, la vaccination en préexposition des professionnels de santé prenant en charge les personnes malades. Les mesures d'hygiène habituelles et le port d'équipement de protection individuelle rendent le risque de contamination très faible en pratique.

Cette vaccination préventive peut cependant être envisagée au cas par cas, selon l'exposition, l'existence de facteurs de risque individuels ou à la demande des professionnels de santé.


Vaccination préventive contre la variole du singe : une recommandation suivie par les autorités de santé
Conformément à la recommandation de la HAS, la vaccination préventive contre la variole du singe a été validée par un arrêté ministériel publié le 10 juillet au Journal officiel [3]. Elle est mise en œuvre par la direction générale de la Santé (DGS), qui en explique les modalités dans un message du 8 juillet 2022 [4]. 

Vaccins à utiliser et schéma de vaccination préexposition

Cette vaccination préventive doit être réalisée avec les vaccins antivarioliques de troisième génération, IMVANEX et JYNNEOS, selon un schéma vaccinal à 2  doses espacées de 28 jours.

Ce schéma est réduit à 1 dose pour les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole. Il comporte 3 doses pour les sujets immunodéprimés.

La vaccination ne confère pas une protection immédiate, d'où l'importance de maintenir les mesures barrières (éviter tout contact à risque avec une personne infectée par le virus Monkeypox ou suspectée de l'être).

Ces vaccins sont interchangeables ; la seconde dose peut se faire avec un vaccin différent de la première.

Un espacement des doses de plusieurs semaines pourra être envisagé en cas de tension d'approvisionnement des vaccins.


Prescription médicale obligatoire, et administration par les médecins et les infirmiers
Les vaccins IMVANEX et JYNNEOS sont classés sur la liste I, imposant une prescription médicale obligatoire.

Leur administration peut être réalisée :

  • par les médecins ;
  • et par les infirmiers sur prescription médicale, sans qu'une supervision médicale soit nécessaire.


Mise à disposition des vaccins IMVANEX et JYNNEOS
Les vaccins antivarioliques sont achetés par l'Agence nationale de santé publique et mis à disposition à titre gratuit.
L'Agence nationale de santé publique met les vaccins à la disposition des dépositaires, pour livraison aux pharmacies à usage intérieur des établissements de santé, ainsi qu'aux structures désignées par le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) territorialement compétent.

Les pharmacies à usage intérieur peuvent approvisionner en vaccins :

  • tous les établissements de santé ;
  • les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic ;
  • les centres de vaccination de droit commun (CEGIDD) ;
  • les structures désignées par le directeur général de l'ARS territorialement compétent.


Accès à la vaccination préventive contre la variole du singe
Les personnes ciblées par la recommandation de la HAS peuvent bénéficier d'une vaccination préventive sur la base d'une auto-déclaration, après évaluation de la balance bénéfice-risque individuelle.

La liste des lieux de vaccination, région par région, est disponible sur le site internet des ARS :

  • établissement de santé ;
  • CEGIDD ;
  • centres de vaccination.


De la prévention au traitement : modalités de mise à disposition du tecovirimat
Dans son message du 8 juillet, la DGS confirme par ailleurs la mise à disposition du tecovirimat (antiviral ciblant les orthopoxvirus) en France, sous conditionnement américain (dénomination TPOXX 200 mg gélule).

Une utilisation encadrée par un protocole
Ce médicament correspond au traitement de première intention pour un patient atteint d'une forme grave de la maladie (après discussion collégiale, en fonction de la symptomatologie, des complications et du terrain du patient). Son utilisation est encadrée par un protocole élaboré par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) [5]. 


Les établissements de santé qui souhaitent disposer de ce médicament pour l'un de leurs patients doivent s'adresser aux ARS, qui solliciteront à leur tour la DGS. Une fois la demande validée, le traitement est acheminé par Santé publique France sous 24 heures.

Recommandations posologiques relatives au tecovirimat

La posologie de tecovirimat recommandée chez l'adulte et l'enfant varie en fonction du poids :

  • pour les patients de 13 kg à moins de 25 kg : 1 gélule administrée toutes les 12 heures (200 mg deux fois par jour) ;
  • pour les patients de 25 kg à moins de 40 kg : 2 gélules administrées toutes les 12 heures (400 mg deux fois par jour) ;
  • pour les patients de 40 kg et plus : 3 gélules administrées toutes les 12 heures (600 mg deux fois par jour).

La durée de traitement recommandée est de 14 jours.

Les gélules de tecovirimat doivent être prises dans les 30 minutes suivant un repas.

Pour les patients qui ne peuvent pas avaler les gélules, celles-ci peuvent être ouvertes et leur contenu mélangé avec environ 30 mL de liquide (lait par exemple) ou d'aliment semi-solide (yaourt par exemple), puis ingéré dans les 30 minutes après la fin d'un repas.


Information sur la variole du singe : une ligne téléphonique dédiée
Pour accompagner les patients ou les personnes en demande d'information sur la variole du singe et la stratégie de vaccination, un service téléphonique est ouvert depuis le 13 juillet 2022 : 

  • Monkeypox info service : numéro vert 0 801 90 80 69 (appel et services gratuits, anonyme et confidentiel), accessible tous les jours de 8h à 23h.

Cette ligne dédiée est subventionnée par Santé publique France et portée par SIS Association (Sexualité info service Association).

Pour aller plus loin
[1] Monkeypox : une vaccination préventive proposée aux personnes les plus à risque d'exposition (HAS, 8 juillet 2022)
[2] Avis n°2022.0039/AC/SESPEV du 7 juillet 2022 du collège de la Haute Autorité de santé relatif à la vaccination contre le virus Monkeypox en préexposition des personnes à haut risque d'exposition (HAS, 8 juillet 2022)
[3] Arrêté du 9 juillet 2022 relatif à la vaccination contre le virus Monkeypox (Journal officiel du 10 juillet 2022, texte 50)
[4] MONKEYPOX – Evolution de la conduite à tenir, élargissement de la vaccination et mise à disposition du tecovirimat (DGS-URGENT n° 2022_65, 8 juillet 2022)
[5] Protocole d'utilisation du tecovirimat chez une personne infectée par le virus Monkeypox (ANSM, 29 juin 2022)

 

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