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Transmission du SARS-CoV-2 : mieux vaut jouer que chanter

Selon une étude britannique, la pratique d’un instrument à vent produit moins d’aérosol que lors de la vocalisation (parole ou chant) et autant que lorsqu’une personne respire. Des données rassurantes concernant la transmission du SARS-CoV-2.
Patricia Thelliez 01 juillet 2021 Image d'une montre3 minutes icon 5 commentaires
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Un risque qui serait du même ordre que celui de la respiration (illustration).

Un risque qui serait du même ordre que celui de la respiration (illustration).

 
Résumé : 
Depuis le début de l'épidémie de COVID-19, plusieurs articles ont rapporté des foyers de contamination dans des chorales (1, 2, 3) ayant parfois conduit à des issues fatales, attestant dans le même temps de la réalité de la transmission aéroportée. En revanche, moins d'études ont été conduites concernant le risque de transmission du SARS-CoV-2 lié à la pratique des instruments à vent. À l'heure où les restrictions s'allègent, la question de la responsabilité de ces instruments de musique apparaît de ce fait logique. Cette analyse vient de montrer que la production d'un aérosol en jouant d'un instrument à vent était moindre que celle issue de la vocalisation (chanter ou parler) et n'est pas différente de celle constatée lorsqu'une personne respire.

Le rôle joué dans l'émission d'un aérosol de particules par 13 instruments à vent, qu'il s'agisse de la famille des bois ou des cuivres (piccolo, flûte, hautbois, clarinette, basson, saxophone alto, trompette, trombone, tuba), joués par 9 musiciens, a été étudiée par une équipe britannique (4, 5) dans le cadre du projet PERFORM (ParticulatE Respiratory Matter to InForm Guidance for the safe Distancing of PerfOrmeRs in a COVID19 PandeMic).
En raison de la grande variabilité des pratiques et des techniques utilisées, ce sont les résultats globaux qui ont été analysés.

Des conditions quasi chirurgicales
Les mesures ont été effectuées dans une salle d'opération avec flux d'air laminaire, permettant, grâce à un environnement dépourvu d'aérosol, d'attribuer les concentrations d'aérosol constatées (particules d'un diamètre de 0,5 à 20 microns) uniquement à la pratique instrumentale. Les mêmes mesures ont été réalisées lorsque les participants respiraient, parlaient ou chantaient ou jouaient à différents volumes et tonalités. Le risque de production de gouttelettes de plus grande taille a aussi été évalué au moyen d'un papier sensible à l'humidité.


Pas de différence avec la respiration
Il est ainsi apparu que la génération d'aérosol par la pratique instrumentale, en termes de taille de particules et de concentration, était bien moindre que lorsque l'on parle ou que l'on chante fort, et du même ordre que ce qui est produit lors de la respiration. De plus, aucunes gouttelettes de grande taille (diamètre > 20 microns) n'ont été détectées, contrairement à ce qui a été observé lorsque les participants chantaient ou toussaient.
Ces résultats sont aussi en adéquation avec ceux révélés par une étude antérieure ayant par ailleurs montré qu'il n'y avait pas de différence selon que des chanteurs étaient professionnels ou amateurs (6).

Un travail mené au sein du Minnesota Orchestra
Bien que n'ayant pas été conduite de façon aussi « cadrée », notamment sans avoir exclu la possibilité d'une contamination de la pièce d'examen (une large proportion de l'air inhalé pouvant par la suite être exhalée), et ayant porté sur très peu d'instrumentistes (pour chaque instrument), une étude américaine (7), menée au sein du Minnesota Orchestra, a eu cependant le mérite de stratifier le risque en fonction des différents instruments à vent.

En effet, ces derniers ne constituent pas une classe homogène. Il diffèrent en fonction de leur embouchure, de leur longueur, de leur calibre, de leur forme, de leur configuration intérieure (perce), de la présence d'un pavillon, de l'utilisation d'anches (lamelles vibratoires), etc. S'y ajoutent d'autres éléments inhérents au musicien ou au jeu lui-même.

Ces auteurs ont donc proposé un classement des instruments (seulement ceux qu'ils ont étudiés), selon que l'émission d'aérosol était moindre (a) que celle résultant de la respiration normale et/ou de la parole, équivalente (b) ou supérieure (c)  :
a- tuba ;
b- basson, piccolo, flûte, clarinette basse, cor et clarinette) ;
c- trompette, trombone basse et hautbois.

Les résultats du projet PERFORM devraient rassurer les instrumentistes à vent quant au risque de propagation du SARS-CoV-2. Selon un autre travail, réalisé au sein d'un orchestre américain, il existerait cependant différents niveaux de risque selon les instruments utilisés. En miroir, le rôle du chant dans la transmission de particules infectantes est une fois de plus souligné.

©vidal.fr

Pour en savoir plus
  1. Charlotte N. High Rate of SARS-CoV-2 Transmission Due to Choir Practice in France at the Beginning of the COVID-19 Pandemic. J Voice.2020 Déc 23. 
  2. Miller SL et coll. Transmission of SARS-CoV-2 by inhalation of respiratory aerosol in the Skagit Valley Chorale superspreading event. Indoor Air. 2020 Sep 26.
  3. Katelaris AL et coll. Epidemiologic Evidence for Airborne Transmission of SARS-CoV-2 during Church Singing, Australia, 2020. Emerg Infect Dis 2021 ; 27 : 1677-1680. 
  4. University of Bristol. Playing wind instruments generates less aerosol than vocalisation, COVID-19 Study finds. 29 juin 2021.
  5. McCarthy Lauren P et coll. Aerosol and droplet generation from performing with woodwind and brass instruments. Aerosol Sci Technol. 29 juin 2021.
  6. Gregson FKA et coll. Comparing aerosol concentrations and particle size distributions generated by singing, speaking and breathing. Aerosol Sci Technol. 2021 ; 55 : 6814-691.
  7. He R et coll. Aerosol generation from different wind instruments. J Aerosol Science 2021. 151 : 105669. 10.1016/j.jaerosci.2020.105669
Sources

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Marc06 Il y a 2 ans 0 commentaire associé

C'est quand même un peu évident non ?

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