Représentation en 3D d'une molécule de cholestérol.
VIDAL : Comment les statines sont-elles tolérées ?
Jacques Blacher : Tous les médicaments ont des effets indésirables, c'est indiscutable, les statines ont des effets adverses. Tout de même, il faut admettre que les statines sont des médicaments qui sont globalement bien tolérés. Il y a des effets adverses, mais ils sont rares.
Il a été montré trois choses : premièrement, les statines donnaient des crampes et des douleurs musculaires. Deuxièmement, les statines donnaient des anomalies du bilan hépatique, en général des cytolyses.Et troisièmement, les statines augmentaient le risque de diabète, c'est-à-dire augmentaient un petit peu la glycémie à jeun, très peu, mais l'augmentaient quand même. Les patients qui sont donc à la limite d'être diabétiques, on leur donne une statine et ils passent dans la norme du diabète.
Tous les autres effets secondaires sont des effets secondaires non prouvés, donc plutôt fantasmés.
VIDAL : Quels sont les effets secondaires « fantasmés » des statines ?
Jacques Blacher : Il a été dit que les statines donnaient le cancer, mais il a à peu près été démontré qu'il n'y avait pas d'augmentation du risque de cancer chez les patients sous statine dans le cadre d'essais thérapeutiques.
On a même été récupérer des données de patients qui s'étaient prêtés à des essais thérapeutiques pendant plusieurs années au préalable pour voir si 5, 10, 15, 20 ans après, ils développaient un cancer : il n'y en a pas plus dans le groupe statine que dans le groupe placebo.
On a donc regardé les nouveaux cancers et l'évolutivité des cancers déjà existants, on a regardé les cancers solides, les cancers du sein, les cancers du poumon, les cancers hématologiques, il n'y a pas plus de cancers avec les statines.
C'est un effet fantasmé, mais pas un effet réel.
Et puis, il y a eu aussi l'effet de dire que les personnes qui prenaient des statines avaient davantage d'Alzheimer, une réduction de leur capacité cognitive, une perte de mémoire. C'est faux, cela n'a jamais été démontré. Ce sont des effets secondaires fantasmés.
VIDAL : Quelle stratégie adopter en cas d'intolérance aux statines ?
Jacques Blacher : Lorsque le traitement n'est pas bien toléré, soit pour un problème hépatique, soit pour un problème de douleur musculaire, on a plusieurs stratégies : soit on remet en cause l'indication du traitement et on se dit : « Finalement, il n'a peut-être pas autant besoin que cela que je baisse son cholestérol », soit on passe à une autre classe de médicaments, soit on change de statine et, de temps en temps, il y a des patients qui ne tolèrent pas bien une statine, on change de statine et la nouvelle statine va être mieux tolérée.
VIDAL : Avons-nous des essais thérapeutiques comparant la tolérance des différentes statines ?
Jacques Blacher : La réponse est non. Donc, comme pour la partie efficacité, pour les problèmes de tolérance, on est obligé d'avoir des informations indirectes.
Dans tel essai thérapeutique, j'ai eu tant de douleurs musculaires, dans tel autre essai thérapeutique avec telle autre statine, j'ai eu tant de douleurs musculaires, il y en a peut-être eu un petit peu moins. Aujourd'hui, on se dit que les nouvelles statines ont peut-être un petit intérêt par rapport aux anciennes en termes de tolérance.
Propos recueillis le 3 octobre à l'hôpital Hôtel Dieu (Paris).
* Déclaration d'intérêts du Pr Jacques Blacher (octobre 2014)
* Les liens d'intérêt du Pr Jacques Blacher sont accessibles sur le site dédié du Conseil de l'Ordre des Médecins.
Sources
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