Mise à jour : 02 mars 2017
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On parle de résistance d’une bactérie à un antibiotique lorsque cette bactérie est capable de continuer à se développer en présence de l’antibiotique en question. La France est l’un des pays européens où le taux de résistance aux antibiotiquesaux antibiotiquesest le plus élevé, ce qui justifie les campagnes d’information sur leur usage. Il est important de comprendre comment une bactérie peut résister à un ou plusieurs antibiotiques, voire à une ou plusieurs classes d’antibiotiques (les cyclines , les aminosides, etc.).

La résistance naturelle

On parle de résistance naturelle lorsque toutes les souches d’une même espèce bactérienne sont résistantes à un antibiotique donné. Il s’agit en fait de bactéries qui sont insensibles au mode d’action de l’antibiotique. Certaines bactéries sont naturellement résistantes à de nombreuses molécules : c’est le cas du bacille de la tuberculose qui n’est sensible qu'à quelques antibiotiques bien précis.

Pour un antibiotique donné, l’ensemble des espèces bactériennes qui y sont sensibles représente son spectre d’activité. Ces notions de résistance naturelle et de spectre sont importantes : elles expliquent pourquoi certains antibiotiques sont incapables de combattre certaines bactéries.

La recherche pharmaceutique a très vite cherché à contourner ce phénomène de résistance naturelle et à élargir le spectre des antibiotiques en modifiant leur structure chimique. C’est le cas des pénicillines plus récentes, comme l’ampicilline, qui est active sur les bactéries Gram positif et négatif. Au-delà de la résistance naturelle, il existe d’autres mécanismes par lesquels certaines bactéries peuvent devenir résistantes à un ou plusieurs antibiotiques.

Les résistances acquises

On parle de résistance acquise lorsqu’une ou plusieurs souches d’une espèce bactérienne naturellement sensible à un antibiotique y deviennent résistantes. C’est ce phénomène qui préoccupe aujourd’hui les médecins et qui conduit l’Assurance maladie à limiter la consommation d’antibiotiques en France.

Comment une résistance peut-elle apparaître ? Il s’agit à la base d’une mutation dans les gènes de la bactérie, qui permet à celle-ci d’échapper partiellement ou totalement à l’effet de l’antibiotique. Ce ne sont pas les antibiotiques qui provoquent les mutations : il s’agit d’un phénomène naturel, qui se produit rarement mais régulièrement (une chance sur un million). En revanche, la présence d’antibiotique dans l’environnement de la bactérie a tendance à favoriser la souche résistante. En effet, si les bactéries non mutées sont éliminées par l'antibiotique, les bactéries mutées résistent et se multiplient librement : la souche résistante se développe de manière préférentielle et le traitement s’avère inefficace.

Certains facteurs de résistance acquise peuvent en outre se transmettre entre bactéries d’une même espèce (ou parfois d’espèces différentes). C’est la raison pour laquelle ce phénomène est si préoccupant.

Ces processus de sélection et de transfert sont d’autant plus efficaces que l’antibiotique est présent en concentration trop faible ou pendant un temps trop court. Les bactéries, même faiblement résistantes, peuvent alors se multiplier plus aisément. C’est pourquoi les médecins insistent pour que les prescriptions d’antibiotiques soient respectées à la lettre, c’est-à-dire à la dose et pendant la durée indiquées sur l’ordonnance, même si les symptômes s’améliorent.

Certaines bactéries peuvent être porteuses de plusieurs facteurs de résistance, contre plusieurs antibiotiques, et même contre plusieurs classes d’antibiotiques : on parle alors de bactéries multirésistantes. Elles posent de graves problèmes, notamment en matière d’infections nosocomiales.

Les bactéries multirésistantes

Les premières alertes concernant des souches résistantes aux antibiotiques remontent aux années 1960, mais les médecins pensaient alors que le problème serait réglé par la découverte de nouveaux antibiotiques, plus efficaces. Ce n’est pas le cas : relativement peu de nouvelles familles d’antibiotiques ont été découvertes ces vingt dernières années et elles ne règlent pas, loin de là, la question des résistances.

En revanche, les souches multirésistantes se sont multipliées. En 2014, 22 % des souches de pneumocoques (Streptococcus pneumoniae) sont résistantes aux pénicillines et 24 % sont résistantes aux macrolides. Escherichia coli ou Klebsiella pneumoniae, après avoir développé une résistance à l'amoxicilline, sont devenues résistantes aux céphalosporines de troisième génération. La situation est également préoccupante pour les infections à entérocoques dont les souches multirésistantes provoquent des infections nosocomiales sévères, voire mortelles.

La question devient cruciale s’agissant de la tuberculose : cette maladie opère un retour dans les grandes villes occidentales, en particulier chez les personnes sans domicile fixe. On a isolé, depuis les années 1980, plusieurs souches devenues résistantes ou multirésistantes aux antibiotiques antituberculeux, qui sont très peu nombreux. La médecine pourrait ainsi se trouver totalement démunie devant certains cas de tuberculose.

La surveillance de la consommation d’antibiotiques et de la résistance aux antibiotiques

L’utilisation inappropriée des antibiotiques entraîne au fil du temps une augmentation des résistances bactériennes. L’institut de veille sanitaire (INVS) et l’Agence du médicament (ANSM) assurent depuis plusieurs années une surveillance de la consommation des antibiotiques en ville, à l’hôpital et en médecine vétérinaire. En parallèle, ils recueillent des données sur les souches bactériennes résistantes. Des campagnes de sensibilisation sont menées pour mieux maîtriser la consommation d’antibiotiques, notamment en évitant les prescriptions injustifiées, trop longues ou en dehors des recommandations officielles.

Pour en savoir plus, voir dans les Actualités :

La résistance aux antibiotiquesaux antibiotiquesest devenue un problème grave dans le monde entier. Début 2017, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié une liste de 12 familles de bactéries, de plus en plus résistantes aux antibiotiques qui menacent l’efficacité des traitements et en conséquence la santé humaine (L’OMS publie une liste de bactéries contre lesquelles il est urgent d’avoir de nouveaux antibiotiques).

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