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L'arrêt des analogues du GLP-1 avant la grossesse associé à une prise de poids plus importante et à plus de complications

Deux études, publiées dans JAMA, analysent les effets de l’exposition aux analogues du GLP-1 en période périconceptionnelle : l’une sur l’arrêt avant ou en début de grossesse et les risques obstétricaux associés, l’autre sur leur utilisation pour la perte de poids en post-partum.

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Au total, 1 792 grossesses ont été incluses, dont 448 associées à une prise d’analogues du GLP-1.

Au total, 1 792 grossesses ont été incluses, dont 448 associées à une prise d’analogues du GLP-1.standret/ iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Les femmes traitées par analogue du GLP-1 et qui arrêtent le traitement avant ou en début de grossesse ont une prise de poids gestationnelle plus importante, mais aussi plus de risques d'accouchement prématuré et d'autres complications que les femmes non exposées aux analogues du GLP-1, selon une étude américaine publiée lundi 24 novembre dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Les analogues du GLP-1 sont contre-indiqués pendant la grossesse, des études de toxicité chez l'animal ayant démontré des anomalies fœtales, un retard de croissance intra-utérin et une mortalité embryofœtale, rappellent Jacqueline Maya du Massachusetts General Hospital à Boston et ses collègues. Le traitement doit donc être arrêté avant la conception où dès la connaissance d'une grossesse le cas échéant.

Les données sur l'association entre exposition aux analogues du GLP-1 et complications de la grossesse sont cependant très limitées, et l'arrêt de ces traitements, en dehors d'une situation de grossesse, est associé à une reprise de poids et une aggravation de l'hyperglycémie. Or une prise de poids excessive pendant la grossesse est associée à des risques maternels et néonatals.

Les chercheurs ont donc voulu vérifier si l'arrêt des analogues du GLP-1 avant ou en début de grossesse pouvait conduire à des issues obstétricales négatives, dans une étude de cohorte rétrospective. Parmi quelque 150.000 grossesses monofœtales ayant abouti à une naissance entre 2016 et 2025 au sein du système de santé intégré du Grand Boston, Mass General Brigham, ils ont retenu 1.792 grossesses, dont 448 associées à une délivrance d'analogue du GLP-1 entre trois ans avant et 90 jours après la conception.

Chaque grossesse exposée aux analogues du GLP-1 en préconceptionnel ou en début de grossesse a été appariée à trois grossesses non exposées, selon un score de propension à l'initiation d'un traitement par analogue du GLP-1. Les deux groupes étaient composés principalement de patientes obèses (84% dans le groupe exposé et 73% dans le groupe non exposé).

La prise de poids pendant la grossesse était significativement plus élevée dans le groupe exposé aux analogues du GLP-1 que dans le groupe non exposé (+13,7 kg contre +10,5 kg), avec une différence de 3,2 kg entre les deux groupes.

Le risque de prise de poids gestationnelle excessive -selon les critères définis dans les recommandations 2009 de l'Institute of Medicine- était significativement augmenté de 32% dans le groupe exposé (65% contre 49% des grossesses étaient concernées, respectivement).

Le percentile de poids de naissance moyen était significativement plus élevé dans le groupe exposé (58,4% contre 54,8%).

Le risque de naissance prématurée était significativement augmenté de 34% dans le groupe exposé (17% contre 13%).

Ce dernier présentait également un plus grand risque de diabète gestationnel (20% contre 15%, risque augmenté de 30%) et de troubles hypertensifs de la grossesse (46% contre 36%, risque augmenté de 29%).

La taille à la naissance, le risque de petit poids ou de gros poids pour l'âge gestationnel, et le risque de césarienne n'étaient pas significativement différents entre les deux groupes.

"Ces résultats sont en accord avec ceux d'études précédentes qui ont observé une reprise de poids après l'arrêt du traitement par analogue du GLP-1 en dehors de la grossesse, et peuvent guider l'évaluation du risque obstétrical chez les femmes qui arrêtent leur traitement en vue d'une grossesse", concluent les auteurs.

Néanmoins, davantage d'études sont nécessaires pour apporter des informations préconceptionnelles aux personnes utilisant ou envisageant d'utiliser un analogue du GLP-1, ajoutent-ils.

"Il y a peu ou pas de recommandations sur l'utilisation préconceptionnelle des analogues du GLP-1", et si cette étude apporte des réponses aux questions concernant l'utilisation des analogues du GLP-1 en tant que facteur de risque obstétrical, "elle n'apporte pas de preuve directe permettant d'étayer le conseil clinique avant l'initiation d'un [tel] traitement, concernant ses risques et bénéfices potentiels pour de futures grossesses", estiment, dans un éditorial accompagnant l'article, Carolyn Cesta du Karolinska Institutet à Stockholm et ses collègues.

Mais avec l'adoption rapide des analogues du GLP-1 et d'agents plus récents pour la perte de poids, "il est crucial que nous fassions le maximum pour générer les preuves nécessaires aussi bien pour informer la prise en charge obstétricale que pour guider les décisions d'initiation de traitement", ajoutent-ils.

Montée en puissance de l'utilisation en post-partum des analogues du GLP-1

Une autre étude publiée le même jour dans le JAMA met en évidence la montée en charge de l'utilisation des analogues du GLP-1 en post-partum cette fois. Il a été suggéré que ces agents pouvaient être utilisés pour aider à la perte de poids en post-partum, mais on en sait peu sur cette utilisation, ou comment cela affecte les personnes exposées, ni sur la sécurité et l'impact de cette exposition aux premiers âges de la vie via l'allaitement maternel, soulignent Mette Bliddal de l'University of Southern Denmark à Odense (Danemark) et ses collègues.

L'analyse repose sur les données du registre médical des naissances danois entre janvier 2018 et juin 2024, et celles du registre national des prescriptions. Sur 382.277 grossesses recensées, 1.549 femmes ont eu une prescription d'analogue du GLP-1 dans les 182 jours suivant la naissance.

Le niveau d'utilisation était initialement bas, avec moins de cinq cas en 2018, puis a progressivement augmenté, atteignant 34 utilisatrices pour 10.000 naissances au deuxième trimestre 2022, avant une augmentation en flèche pour atteindre 173 utilisatrices pour 10.000 naissances au deuxième trimestre 2024.

Entre 2018 et 2022, le liraglutide était utilisé dans 33% des cas et le sémaglutide dans 67% des cas.

La plupart des utilisatrices étaient en surpoids avant la grossesse et seules 23% avaient un diagnostic de diabète, "ce qui suggère que l'indication principale d'utilisation est la perte de poids", commentent les auteurs. Ils appellent à de futures études en priorité sur la pharmacovigilance et des études ciblées afin d'alimenter et renforcer les recommandations cliniques et la prise de décision partagée sur l'utilisation des analogues du GLP-1 pour la perte de poids post-partum.

D'après une dépêche publiée dans APMnews le 24 novembre 2025.

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