Les données de 40 études incluant un total de 1,6 million de femmes ont été analysées.gpointstudio / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Pendant leur grossesse, deux tiers des femmes (68 %) prennent trop ou pas assez de poids par rapport aux recommandations, qui sont en cours de révision pour mieux s'adapter au contexte actuel et aux différentes populations, selon une large étude internationale publiée jeudi 20 novembre dans The British Medical Journal (BMJ) qui détaille les risques associés à ces prises de poids insuffisantes ou excessives.
L'indice de masse corporelle (IMC) maternel et la prise de poids pendant la grossesse, qui combine la prise de poids de la mère et celle du fœtus, augmentent actuellement à l'échelle mondiale en raison de facteurs connus, comme les vulnérabilités économiques et sociales ou la hausse de la consommation d'aliments ultratransformés, observent Rebecca Goldstein de l'université Monash à Melbourne (Australie) et ses collègues.
Or si la prise de poids gestationnelle est trop importante, mais également si elle est trop faible, cela peut entraîner des complications, comme un poids de naissance élevé ou une naissance prématurée, ainsi que des conséquences à long terme à la fois pour la mère et l'enfant, rappellent-ils.
Pour encadrer cette prise de poids, la plupart des pays s'appuient sur des recommandations élaborées par l'Institute of Medicine (IOM) américain, mais celles-ci sont fondées sur des données provenant principalement de femmes blanches vivant dans des pays à revenu élevé dans les années 1980 et elles ne reflètent donc pas la diversité ethnique des populations dans les pays à revenu faible, moyen et élevé, ni les changements d'alimentation, ainsi que d'autres facteurs environnementaux, notent-ils.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est lancée dans l'élaboration de normes mondiales en matière de prise de poids pendant la grossesse, afin de définir des recommandations optimales dans différentes situations.
C'est dans ce contexte que les auteurs ont souhaité étudier des populations contemporaines, avec différents IMC et niveaux de revenus dans plusieurs régions du monde, en documentant la prise de poids pendant la grossesse et en examinant l'association entre cette prise de poids et des complications cliniques.
Ils ont mené une revue systématique de la littérature médicale portant sur les données de 40 études observationnelles (dont 15 prospectives) qui incluaient, entre 2009 et 2024, un total de 1,6 million de femmes d'au moins 18 ans et couvraient cinq des six zones géographiques définies par l'OMS. Les auteurs n'ont pas trouvé d'études sur la zone Afrique. Parmi ces 40 études, 36 étaient de haute qualité.
En utilisant l'IMC à la fois selon les règles de l'OMS et selon celles définies pour les populations asiatiques (avec le surpoids débutant à 23 kg/m² et l'obésité à 25 kg/m², contre 25 et 30 kg/m² respectivement selon l'OMS), un peu plus de la moitié des femmes (53 %) avaient un IMC normal avant leur grossesse. Pour 6 % d'entre elles, il était en dessous de celui considéré comme normal, tandis que 19 % étaient en surpoids et 22 % obèses.
La prise de poids gestationnelle se situait dans les niveaux recommandés par l'IOM pour seulement un tiers (32 %) des femmes, en dessous pour 23 % et au-dessus pour 45 %.
Parmi les 40 études incluses dans la revue systématique, 25 étaient éligibles au format de la méta-analyse prévue par les auteurs, portant sur plus de 1,4 million de femmes.
Une prise de poids insuffisante était associée à un plus petit poids de naissance (-185 g en moyenne), à un risque plus faible de césarienne avec un odds ratio (OR, mesure approchant le risque relatif) à 0,90, d'enfant grand pour son âge gestationnel (OR = 0,67) et de macrosomie (0,68) et à un risque plus élevé de naissance prématurée (1,63), d'enfant petit pour son âge gestationnel (1,49), de petit poids de naissance (1,78) et de détresse respiratoire (1,29).
Inversement, une prise de poids gestationnelle trop importante était associée à un plus gros poids de naissance (+118 g en moyenne), à un risque plus élevé de césarienne (OR = 1,37), de troubles hypertensifs de la grossesse (1,37), d'enfant grand pour son âge gestationnel (1,77), de macrosomie (1,78), d'admission en soins intensifs néonatals (1,26) et à un risque plus faible de naissance prématurée (0,71) et d'enfant petit pour son âge gestationnel (0,69).
Nécessité de normes de référence internationales optimisées
En appliquant les critères asiatiques d'IMC, les prises de poids gestationnelles étaient associées globalement aux mêmes risques. Toutefois, une prise de poids insuffisante était également associée à un risque important de troubles hypertensifs de la grossesse (OR à 3,58).
Parmi les limites de cette analyse, les chercheurs ne peuvent exclure la possibilité que d'autres facteurs non mesurés, tels que le tabagisme, l'âge et l'origine ethnique, aient pu influencer leurs résultats. Il faudrait également améliorer la représentation des populations africaines et asiatiques, notent-ils.
Ils estiment néanmoins que leurs conclusions confirment et soulignent la nécessité de disposer, pour la prise de poids gestationnelle, de normes de référence internationales optimisées et fondées sur des données probantes, établies par l'OMS à partir des données individuelles des patientes et applicables à l'ensemble de l'échelle d'IMC dans les populations mondiales contemporaines diversifiées.
Bien que cette étude confirme en grande partie des connaissances établies de longue date, sa conclusion la plus frappante est la variation considérable entre les catégories d'IMC et les régions, remettant en question la logique manichéenne qui sous-tend de nombreuses recommandations cliniques, soulignent Annick Bogaerts et Dominika Osicka de la Katholieke Universiteit Leuven (Belgique) dans un éditorial accompagnant cet article.
"Conseiller aux femmes de respecter des objectifs chiffrés revient à négliger la diversité biosociologique qui caractérise la grossesse", font-elles valoir. "Plutôt que de mettre en garde toutes les femmes contre le dépassement de seuils fixes, les cliniciens pourraient se concentrer sur les schémas de prise de poids, leurs déterminants sous-jacents et des conseils personnalisés et non punitifs."
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 20 novembre 2025.
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