Des cascades médicamenteuses potentiellement inappropriées à connaître et à rechercher. Toa55 / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Entre 22.000 et près de 50.000 personnes âgées en France pourraient être concernées par une ou plusieurs cascades médicamenteuses dont quatre apparaissent cliniquement pertinentes, selon une étude présentée en session orale du congrès de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), mercredi à La Défense.
Une cascade médicamenteuse est définie par la prescription complémentaire d'un médicament en réponse à un effet indésirable d'un traitement médicamenteux en cours, mais qui n'a pas été identifié comme tel puisqu'il est souvent interprété à tort comme une nouvelle affection, rappellent Frédéric Gervais, pharmacien aux Hospices civils de Lyon (HCL) et membre de l'observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et des innovations thérapeutiques (Omedit) d'Auvergne-Rhône-Alpes, et ses collègues dans leur diaporama.
Ces cascades peuvent exposer les patients à un risque inutile d'événements médicamenteux indésirables, à une qualité de vie réduite et à des coûts supplémentaires. Ces médicaments sont principalement associés à des risques accrus de troubles cognitifs ou de chutes, particulièrement délétères chez les personnes âgées.
Comme le rappelle le groupe de travail gériatrie de la Société française de pharmacie clinique (SFPC), qui a d'ailleurs créé un intergroupe avec la SFGG sur les médicaments chez les personnes âgées, une cascade médicamenteuse peut être appropriée lorsqu'elle est nécessaire ou bénéfique -par exemple, la prescription d'un laxatif en cas de constipation induite par un antalgique opioïde- ou potentiellement inappropriée lorsque l'initiation d'un nouveau médicament est cette fois inutile et potentiellement nocive.
Les chercheurs ont voulu estimer l'incidence des cascades médicamenteuses à partir des données 2022 du système national des données de santé (SNDS) et de l'outil ThinkCascades développé par Lisa McCarthy et ses collègues (Drugs Aging, 2022).
Dans cette étude rétrospective menée sur la population française de 65 ans et plus, ils ont mené deux approches analytiques complémentaires, une approche longitudinale et une analyse symétrique des séquences de prescription (PSSA), pour les produits impliqués dans sept cascades médicamenteuses considérées comme cliniquement significatives.
Parmi près de 17 millions de personnes, il apparaît qu'en 2022, entre 22.125 et 49.324 patients ont pu être concernés par une ou plusieurs cascades médicamenteuses parmi quatre des sept étudiées.
Il s'agit tout d'abord de la prescription d'un diurétique après un inhibiteur des canaux calciques en raison de la survenue d'un œdème périphérique, avec une incidence de 3,3% dans l'approche longitudinale et de 1,4% dans l'analyse PSSA.
La prescription d'un antipsychotique pouvant provoquer un syndrome extrapyramidal entraîne la prescription d'un antiparkinsonien, avec une incidence de respectivement 1,3% et 2%.
Les patients ayant une benzodiazépine peuvent développer une agitation paradoxale, pour laquelle un antipsychotique peut être prescrit, une cascade médicamenteuse retrouvée avec une incidence de respectivement 1,9% et 1,2%.
Enfin, les alpha-bloquants peuvent provoquer une hypotension orthostatique et des sensations de vertiges pour lesquelles des sédatifs vestibulaires (bétahistine, antihistaminiques, benzodiazépines) ont été prescrits, avec une incidence respective de 2,2% et 0,74%.
Toutefois, les données médico-administratives ne peuvent pas confirmer les motifs de prescription du second médicament, observent les chercheurs.
Cette étude a permis d'identifier et quantifier quatre cascades médicamenteuses cliniquement pertinentes chez le sujet âgé en France en 2022. Ces résultats soulignent l'importance de connaître et de rechercher ces cascades médicamenteuses lors de la prescription et la nécessité de s'interroger devant tout nouveau symptôme chez le patient âgé, commentent-ils.
Les quatre cascades identifiées sont à surveiller en particulier mais il est important d'évaluer s'il en existe d'autres, en particulier celles qui sont potentiellement inappropriées.
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 27 novembre 2025.
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