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L’étude française ASTER 70s, présentée à l’ASCO et publiée tout récemment dans The Lancet, évalue l’intérêt de la chimiothérapie adjuvante chez les femmes de plus de 70 ans atteintes d’un cancer du sein RH+ HER2−. Ce travail repose sur le constat que, bien que la chimiothérapie améliore la survie dans le cancer du sein précoce, les femmes âgées sont sous-représentées et très sélectionnées dans les essais, limitant la généralisation des résultats. De plus, les bénéfices sont mieux documentés pour les cancers RH−, tandis que des signatures génomiques validées (Oncotype DX, Mammaprint, Prosigna) ou en cours d’évaluation (Genomic Grade Index (GGI)) ont été développées pour mieux identifier les patientes RH+ à haut risque susceptibles de bénéficier de la chimiothérapie adjuvante.
ASTER 70s est la première étude de phase 3 randomisée de supériorité chez des patientes > 70 ans RH+ HER2− à haut risque défini par le GGI. Les participantes ont été randomisées entre chimiothérapie suivie d’hormonothérapie et hormonothérapie seule, avec une stratification selon le score G8, le statut ganglionnaire et le centre. Le critère principal était la survie globale (OS).
Parmi les 541 patientes incluses (âge médian 75 ans [72,4–79]), 40 % avaient une tumeur de grade 3 et 45 % un envahissement ganglionnaire. Dans le bras chimiothérapie, 20 % n’ont finalement pas reçu le traitement (analyse ITT). En intention de traiter, les survies globales, sans maladie invasive (iDFS) et spécifique étaient comparables entre les groupes, avec une légère tendance en faveur de la chimiothérapie (OS à 4 ans : 89,3 % sans chimiothérapie vs 90,5 % avec chimiothérapie ; à 8 ans : 68,3 % vs 72,7 % ; p = 0,21). Aucun sous-groupe, y compris les patientes N+ ou âgées de moins de 75 ans, n’a montré de bénéfice significatif. L’analyse per-protocol a donné des résultats similaires (OS à 4 ans : 89,2 % vs 91 % ; à 8 ans : 68,1 % vs 73,8 % ; p = 0,15). La qualité de vie était meilleure dans le bras sans chimiothérapie.
Cette étude présente des limites, notamment l’utilisation du GGI pour définir le haut risque plutôt qu’une signature validée comme l’oncotype DX, dont les résultats avec le recurrence score sont en cours d’analyse. Aucun schéma séquentiel n’a été testé, conforme aux recommandations SIOG 2021 qui réservent ce mode de traitement aux patientes très « fit » et à très haut risque. Enfin, malgré 20 % d’abandons dans le bras chimiothérapie, l’analyse per-protocol n’a pas révélé de bénéfice significatif. Malgré ces contraintes, ASTER 70s soulève la question de la désescalade de la chimiothérapie adjuvante chez les patientes RH+ de plus de 70 ans, un élément à considérer lors des prochaines discussions en RCP.
- Par Clément Grosnon -
2 minutes
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