Nivolumab néoadjuvant associé à l’ipilimumab versus chimiothérapie dans le cancer du poumon résécable

Source :Revue de la littérature en Oncologie, rédigée par l’AERIO, l’Association pour l’Enseignement et la Recherche des Internes en Oncologie
Date de publication :25 novembre 2025
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Crédits : Silver Place - n° : 1388994501 - iStock / Getty Images Plus

Le nivolumab en association avec la chimiothérapie est le traitement néoadjuvant standard du cancer du poumon résécable, depuis la checkmate 816, avec un bénéfice en survie globale. L’association nivolumab et ipilimumab a démontré son bénéfice à long terme dans les carcinomes bronchiques non à petites cellules avancés. De plus, l’étude NEOSTAR a également pointé son intérêt en néoadjuvant, avec ou sans association avec la chimiothérapie.

L’article présente des résultats exploratoires de la checkmate 816. Les patients inclus dans l'étude pouvaient être des adultes avec carcinomes bronchiques résécables stades IB ou plus, en bon état général (PS 0 ou 1), sans mutations EGFR ou mutations ALK. Ils étaient randomisés en 1:1 pour recevoir en traitement néoadjuvant une association nivolumab (3mg/kg toutes les 2 semaines, 3 cycles) et ipilimumab (1 mg/kg, 1 cycle) ou un double de chimiothérapie à base de platine (toutes les 3 semaines, 3 cycles). La chirurgie avait ensuite lieu dans les 6 semaines après la fin du traitement néoadjuvant.

Les critères exploratoires étudiés étaient la survie sans événement (EFS), la survie sans événement après la seconde ligne (EFS 2), la réponse complète pathologique (pCR), la réponse majeure pathologique (MPR), la survie globale (OS), et le délai avant décès ou évolution métastatique (TTDM). Les niveaux d’ADN tumoral circulant et un score de 4 gènes inflammatoire étaient également étudiés.

221 patients ont été inclus, 113 dans le groupe immunothérapie, 108 dans le groupe chimiothérapie. Les caractéristiques des patients étaient comparables entre chaque groupe, et représentatifs de la population générale atteinte de cancer du poumon : âge médian de 64-65 ans, 65 % d’hommes. La majorité des tumeurs étaient au stade IIIA, et la moitié étaient des carcinomes épidermoïdes. Les patients noirs ou afro-américains étaient sous-représentés comparativement aux autres ethnies.

73 % des personnes ayant reçu de l’immunothérapie et 76 % de la chimiothérapie ont effectivement eu une chirurgie. Les deux causes principales étaient la progression de la maladie (16 % vs 8 %) et les effets secondaires (3 % vs 0 %). Lorsque la chirurgie était réalisée, l’approche mini-invasive était plus fréquente dans le groupe double immunothérapie (27 % vs 21 %), et moins de pneumectomies étaient pratiquées (11 % vs 21 %). Le taux de résection R0 était de 80 % dans le groupe nivolumab+ipilimumab, contre 71 % dans le groupe chimiothérapie. 

À la clôture de l’essai, le suivi médian était de 49,2 mois. L’EFS médiane était de 54,8 mois avec le nivolumab + ipilimumab (24.4 à non atteint) versus 20,9 mois avec chimiothérapie (14.2 à non atteint). L’EFS à 3 ans était de 56 % et 44 %. Les courbes d’EFS se croisent à 9 mois, signifiant qu’il y avait plus d’événements (décès, progression) dans le groupe double immunothérapie dans les premiers mois suivant la randomisation. Le bénéfice de l’immunothérapie semblait être constant dans les différents sous-groupes, si ce n’est peut-être un signal de moindre efficacité pour les cancers PDL1 < 1 % (non significatif).

Le pourcentage de pCR dans le groupe double immunothérapie était de 20,4 % (13,4-29, IC 95 %) versus 4,6 % (1,5-10,5, IC 95 %) dans le groupe chimiothérapie, avec un bénéfice observé dans tous les sous-groupes.

Le taux de MPR était de 28,3 % contre 14,8 %. Le taux de récidive était de 23 % versus 44 %, avec seulement 8 % de récidive métastatique dans le groupe immunothérapie contre 23 % dans l’autre. 

Les résultats d’OS étaient immatures au moment de la publication, bien qu’il semble avoir un bénéfice dans le groupe immunothérapie (HR 0,73, IC95 % [0,47-1,14] ; OS à 3 ans 73 % versus 61 %).

Concernant l’évolution du taux d’ADN tumoral circulant, une tendance à sa décroissance était observée en cours de traitement néoadjuvant dans les deux groupes, avec une décroissance qui semblait plus rapide pour les patients avec chimiothérapie. Les patients avec un score inflammatoire élevé au baseline semblaient mieux répondre à l’immunothérapie (plus de pCR et MPR). Aucun signal en ce sens n’a été retrouvé dans le groupe chimiothérapie.

87 % des patients avec double immunothérapie ont présenté des effets indésirables, dont 20 % de grade 3 ou 4 ; versus 99 % dans le groupe chimiothérapie dont 45 % de grades 3 ou 4. Pour conclure, ces analyses exploratoires semblent montrer une plus grande efficacité de l’association nivolumab ipilimumab versus la chimiothérapie, sur l’EFS, comme la pCR, la résection R0, avec une tendance en OS, avec moins d’effets indésirables. Cependant, il y avait plus de progression initiale et d’annulation de chirurgie pour cette raison avec l’immunothérapie. Le traitement standard néoadjuvant du cancer de poumon résécable demeure l’association nivolumab et chimiothérapie, et d’autres essais sont nécessaires pour évaluer l’intérêt de la double immunothérapie dans cette indication.

- Par Jeanne Duval -

Source | Awad MM, Forde PM, Girard N, et al. Neoadjuvant Nivolumab Plus Ipilimumab Versus Chemotherapy in Resectable Lung Cancer. J Clin Oncol. 2025;43(12):1453-1462. doi:10.1200/JCO-24-02239

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