Multirésistance en baisse chez les animaux de production et stable chez les animaux de compagnie.Sandra Vrekic / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
La part de l'association amoxicilline-acide clavulanique parmi l'ensemble des traitements antibiotiques administrés aux chiens et aux chats a fortement augmenté ces dernières années, pour atteindre un taux de 49% en 2024, ce qui risque de "favoriser l'émergence de résistances", ont averti des responsables de l'Anses à l'occasion de la publication, mardi, du bilan annuel sur l'antibiorésistance chez les animaux.
La hausse observée depuis 2011 -la part de l'amoxicilline-acide clavulanique était alors de 27%- est "très préoccupante", a estimé Jean-Yves Madec, responsable du pôle antibiorésistance à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), lors d'un point presse en ligne organisé par l'agence sanitaire.
Ce qui est préoccupant, "c'est que c'est vraiment une association génératrice de résistances", mais aussi et surtout, qu'il s'agit d'une "molécule extrêmement partagée entre l'homme et l'animal", a-t-il poursuivi.
L'Anses, qui diffuse son rapport annuel à l'occasion de la semaine mondiale pour le bon usage des antibiotiques, rappelle donc qu'il est recommandé de privilégier l'amoxicilline seule en traitement initial, et appelle plus largement à maintenir la vigilance concernant l'utilisation des antibiotiques chez les carnivores domestiques.
Car si les données collectées entre 2011 et 2024 montrent en effet que l'exposition aux antibiotiques a fortement baissé chez les animaux d'élevage (-15% pour les bovins, -51% pour les lapins, -65% pour les porcs et -71% pour les volailles), celle-ci n'a pas suivi les mêmes tendances chez les chiens et chats -ce qui a conduit à la mise en place, dans le cadre du plan EcoAntibio 3 (2023-2028), d'un objectif spécifique de réduction de 15% sur cinq ans de l'exposition de ces animaux domestiques.
Pour l'heure, après avoir augmenté de 3% entre 2022 et 2023, l'exposition aux antibiotiques des chiens et chats a diminué de 12,3% entre 2023 et 2024, rapporte l'Anses.
L'indicateur ALEA d'exposition des animaux aux antibiotiques, qui repose sur "une estimation de la biomasse traitée par rapport à la biomasse potentiellement consommatrice d'antimicrobiens", était de 0,567 en 2024 chez les carnivores domestiques, ce qui se rapproche de l'objectif de 0,546 fixé dans le plan EcoAntibio 3, a noté Anne Chevance, chargée de projets à l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) de l'Anses.
Dans l'ensemble, les données d'exposition aux antibiotiques toutes espèces confondues, estimées à partir des quantités de médicaments vétérinaires vendus, montrent qu'un palier semble atteint depuis quelques années, autour de 50% de réduction par rapport à 2011. Entre 2023 et 2024, l'ALEA a diminué de 0,4%.
L'Anses souligne par ailleurs que les niveaux d'exposition aux antibiotiques critiques que sont les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième et quatrième générations (C3G et C4G), "dont le maintien de l'efficacité est crucial pour la médecine humaine", restent "très bas" (1,2% de l'exposition totale en 2024). Entre 2011 et 2024, l'exposition aux fluoroquinolones a ainsi diminué de 87% et celle aux C3G et C4G, de 95%. L'exposition à la colistine a également diminué de 81% sur cette période.
La multirésistance en baisse chez les animaux de production
Jean-Yves Madec a présenté des données de surveillance de l'antibiorésistance dans la chaîne alimentaire. Celles-ci montrent que 87% des souches de salmonelles étaient sensibles aux antibiotiques (sans résistance observée à des molécules critiques), et que la résistance des Campylobacter aux fluoroquinolones était certes élevée (48%) mais que très peu de souches étaient résistantes à l'érythromycine (utilisée en médecine humaine en cas de campylobactériose).
La prévalence des souches d'E. Coli productrices de bêta-lactamases à spectre élargi (BLSE) a pour sa part augmenté entre 2022 et 2024 chez les volailles (de 9,6% à 19,6% chez le poulet et de 7,5% à 9,8% chez la dinde).
Le suivi de la résistance des bactéries pathogènes chez les animaux, réalisé grâce au Résapath (près de 122.000 antibiogrammes en 2024, soit 30% de plus que l'année précédente), montre que la résistance aux antibiotiques critiques pour l'humain "se stabilise et reste globalement basse". Par ailleurs, la fréquence des E. Coli multirésistantes était en baisse chez les animaux de production et stable chez les animaux de compagnie.
Dans l'ensemble, les données montrent que "les résistances aux antibiotiques critiques pour les humains restent très faibles, qu'il s'agisse des animaux malades ou de la chaîne alimentaire", a résumé Jean-Yves Madec, notant que des marges de progrès persistaient néanmoins selon les espèces animales.
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 18 novembre 2025.
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