La vitesse de sédimentation a été beaucoup utilisée dans l'exploration des processus inflammatoires.solarseven / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
La Haute Autorité de santé (HAS) recommande, dans un rapport d'évaluation rendu public le 17 novembre 2025, de ne plus prescrire la vitesse de sédimentation, examen biologique fréquemment réalisé en routine, en raison de son manque d'efficacité et de l'existence d'alternatives plus performantes.
"La vitesse de sédimentation (VS) mesure la vitesse avec laquelle les hématies d'un échantillon de sang se déposent au fond d'un tube calibré en une heure. Cette mesure a été très largement utilisée dans l'exploration des processus inflammatoires", rappelle la HAS. Bien que sa place dans la stratégie diagnostique ait diminué au fil des années, elle est encore "largement prescrite", principalement en médecine générale et en rhumatologie, avec "seize millions de VS remboursées par l'Assurance maladie en 2023".
Notamment, "elle est souvent demandée dans le cadre d'un examen de routine chez des patients sans signe d'appel de pathologie inflammatoire", est-il rappelé.
En raison d'un intérêt incertain, la VS était déjà dans le collimateur des autorités depuis quelque temps. Elle faisait partie des examens biologiques qualifiés d'"inutiles" que la nouvelle convention médicale, signée en 2024 entre l'Assurance maladie et cinq des six organisations syndicales représentatives des médecins libéraux, prévoyait de fortement diminuer. Et à l'été 2025, un rapport des inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF) sur la biologie citait la VS parmi les examens qui pourraient faire l'objet d'une prescription renforcée en raison d'un "mésusage".
À la demande de l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam), la HAS a évalué l'intérêt médical de la VS, pour déterminer s'il restait des indications à cette mesure dans le cadre du soin courant, en vue de modifier ses conditions d'inscription à la nomenclature des actes de biologie médicale (NABM). Elle a réalisé une analyse critique de la littérature synthétique, le recueil de la position d'experts individuels et le recueil du point de vue collectif des organismes professionnels, des filières maladies rares et des associations de patients et d'usagers.
Cette évaluation a mis en évidence "trois inconvénients majeurs" de la VS :
- elle n'est pas reproductible : sur un même échantillon, elle peut varier de façon importante selon la technique utilisée, mais aussi lorsqu'une même technique est utilisée ;
- elle est peu spécifique et est affectée par de nombreux facteurs sans lien avec l'inflammation, tels que l'âge et le sexe. Elle peut donc varier indépendamment de la présence d'une inflammation ou de son intensité ;
- elle augmente lentement, et peut donc être encore normale alors qu'une inflammation est déjà en cours.
Par ailleurs, la HAS souligne qu'il existe plusieurs autres examens plus performants en plus de la clinique : d'autres marqueurs biologiques inflammatoires, notamment le dosage de la CRP (protéine C-réactive), ainsi que des examens d'imagerie.
La conclusion est que la VS n'a pas d'intérêt dans les "indications résiduelles" pour lesquelles elle est prescrite, qu'il s'agisse de la consultation de routine d'un patient asymptomatique en médecine générale ou d'indications plus précises, comme l'artérite à cellules géantes et/ou la pseudopolyarthrite rhizomélique, le lupus systémique, la polyarthrite rhumatoïde, les arthrites juvéniles idiopathiques ou la maladie de Still, le lymphome de Hodgkin et le myélome multiple et autres gammapathies monoclonales, dont la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS).
La HAS recommande donc "d'arrêter sa prescription et son utilisation, quelle que soit la situation clinique".
Au-delà de la question du remboursement, la haute autorité souligne l'importance "d'accompagner le changement de pratiques professionnelles et d'informer les patients".
Pour cela, elle publie en même temps que son rapport d'évaluation une fiche de bon usage pour informer les prescripteurs sur la "non-pertinence de la vitesse de sédimentation", en précisant que c'est désormais "un examen dépassé et qui n'est plus utile", voire délétère puisqu'il peut "conduire à des décisions cliniques erronées".
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 17 novembre 2025.
HAS, rapport d'évaluation Pertinence de prescrire la vitesse de sédimentation (VS), reste-t-il des indications à la VS ?, novembre 2025
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