Bénéfice de la chimioradiothérapie versus la chimiothérapie après traitement d’induction pour la conversion d’un cancer du pancréas non résécable en cancer résécable

Source :Revue de la littérature en Oncologie, rédigée par l’AERIO, l’Association pour l’Enseignement et la Recherche des Internes en Oncologie
Date de publication :17 novembre 2025
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Crédits : Alena Butusava - n° : 2177425223 - iStock / Getty Images Plus

Cet article présente les résultats de l’essai CONKO-007, un essai de phase III, randomisé, en ouvert, multicentrique, évaluant, chez des patients atteints d’un cancer du pancréas localement avancé non résécable d’emblée, l’intérêt d’ajouter une chimioradiothérapie (CRT : gemcitabine + radiothérapie 50,4 Gy) après une chimiothérapie d’induction (FOLFIRINOX ou gemcitabine). Les patients étaient randomisés après trois mois de chimiothérapie d’induction et en l’absence de progression entre recevoir une CRT ou poursuivre la même chimiothérapie. La résécabilité était réévaluée de manière centralisée par un panel de chirurgiens.

Au total, 525 patients ont été inclus dans l’étude et 336 patients ont finalement pu être randomisés (159 patients ont présentés une progression lors de la chimiothérapie d’induction et 30 patients ont été exclus pour d’autres raisons). Après un suivi médian de 76 mois, le critère d’évaluation principal, correspondant au taux global de résection complète (R0), n’était pas significativement différent entre les deux bras (25% dans le bras CRT vs 18% dans le bras chimiothérapie ; p=0,113). Par ailleurs, le taux de résection chirurgicale était également similaire dans les deux bras : environ 36 % des patients de chaque groupe ont pu être opérés après traitement, sans différence significative. Cependant, dans le sous-groupe des patients opérés, le taux de résection R0 était significativement plus élevé après CRT : 69,4 % contre 50,0 % après chimiothérapie seule (p = 0,04), de même pour le taux de réponse pathologique complète (18% vs 2% ; p=0,004) et le statut ganglionnaire pathologique (74,5% de ypNO dans le groupe CRT vs 51,1% dans le groupe chimiothérapie, p=0,03), ce qui suggère un meilleur contrôle local de la maladie après CRT. En termes de survie globale, il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes : 15 mois dans le groupe CRT vs 14 mois dans le groupe chimiothérapie seule (Hazard ratio (HR) = 0,937 ; p = 0,57). 

Dans cet essai, la résection chirurgicale, en particulier si elle était R0, était associée à une amélioration de la survie globale : 19 mois pour les patients opérés contre 13 mois en l’absence de chirurgie (HR = 0,53 ; p<0,001).

La tolérance était marquée par une augmentation des toxicités hématologiques dans le bras CRT (plus de leucopénie et thrombocytopénie de grade 3 et 4 dans le groupe CRT), sans différence majeure des toxicités non hématologiques. 

En synthèse, la CRT après induction semble améliorer le contrôle local de la maladie chez les patients finalement opérés, sans bénéfice démontré en population totale ni sur la survie globale. La chirurgie et la résection R0 restent les principaux déterminants du pronostic, et la décision thérapeutique doit être individualisée en fonction de la réponse au traitement et de la tolérance.

- Par Julie Beclin -

Source | Benefit of Chemoradiotherapy Versus Chemotherapy After Induction Therapy for Conversion of Unresectable Into Resectable Pancreatic Cancer: The Randomized CONKO-007 Trial - Rainer Fietkau et al. ; JCO ; 13 aout 2025 

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