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Sécurité de l'anesthésie : des leviers pour diminuer encore les risques de complications

L’anesthésie est toujours une source d’angoisse pour les patients. Si des progrès majeurs ont été réalisés ces dernières années, il reste encore des pistes d’amélioration.

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Malgré les progrès de l’anesthésie, la peur de ne pas se réveiller persiste chez certains patients. 

Malgré les progrès de l’anesthésie, la peur de ne pas se réveiller persiste chez certains patients. gorodenkoff / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

À l’occasion du congrès de la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR), Le Monde s’est penché sur le sujet de la sécurité des anesthésies [1]. Car, comme l’avoue le Pr Jean-Michel Constantin, président de la SFAR et chef du service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, interrogé par le quotidien, « aujourd’hui encore la peur de ne pas se réveiller accompagne les patients qui doivent subir une intervention sous anesthésie ». Pourtant, de nombreux progrès ont été réalisés dans ce domaine, qu’il s’agisse du matériel ou des molécules utilisés. Et « jamais les blocs opératoires n’ont été aussi sûrs ». En attestent les résultats d’une étude américaine publiée en 2018 qui a permis d’estimer le taux de mortalité à cinq décès pour mille interventions [2].

Néanmoins, patients et praticiens en attendent toujours davantage. Pour le Pr Constantin « il sera difficile d’abaisser le seuil de sécurité de l’anesthésie par des innovations techniques ou médicamenteuses », mais ce qui pourrait changer la donne c’est l’amélioration du parcours du patient.

Comme souligné dans l’article, une première étape a été franchie entre 1980 et 1999 avec la mise en place d’une consultation préopératoire, la surveillance continue des constantes pendant l’intervention et le transfert ultérieur des patients en salle de réveil.

Cependant, les erreurs n’ont pas été totalement éradiquées. Le Monde cite à cet égard les résultats d’une étude menée par une équipe lyonnaise dans un centre chirurgical pédiatrique [3] et ceux d’une enquête réalisée au printemps 2025 au moyen d’un questionnaire envoyé aux membres de la SFAR. Parmi les 166 répondants, 53 (un chiffre faible, comme le souligne l’article) ont ainsi signalé différents types d’erreurs concernant, par exemple, la préparation des médicaments (choix du produit, dosage, étiquetage, voie d’administration, oubli…), l’identité, l'installation, la ventilation ou le réchauffement du patient. Heureusement, dans la majorité des cas, il ne s’est ensuivi aucune conséquence, mais une mise en jeu du pronostic vital a été rapportée dans 6 % des cas.

Pour le Dr Régis Fuzier, qui a mené ce travail, au lieu de cacher ou de banaliser ces problèmes, il faut considérer qu’il s’agit en fait d’« un terreau d’apprentissage extraordinaire ». D’ailleurs, les hôpitaux qui signalent le plus d’effets indésirables sont paradoxalement ceux qui ont développé une culture de sécurité.

Aujourd’hui, les erreurs surviennent davantage de problèmes d’organisation des équipes que d’individus isolés. Et finalement, l’enjeu est plutôt de développer l’apprentissage ou le renforcement des compétences non techniques.

Dans ce cadre, l’introduction depuis 2010 des check-lists préopératoires, à l’image de ce qui est fait dans l’aéronautique avant le décollage d’un avion, a permis de diminuer encore plus les taux de mortalité. La Haute Autorité de santé déplore toutefois une sous-utilisation ou une utilisation incomplète de cet outil. 

In fine, il apparaît en filigrane que des avancées majeures ont été effectuées ces dernières années... mais que l’on peut encore améliorer la sécurité de l’anesthésie pour réduire à la fois ses risques et les craintes des patients.

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