Ciguatera aux Antilles françaises : l'Anses dresse la liste des espèces de poissons à risque

Source :M3 MANABU
Date de publication :25 juillet 2025
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L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a récemment publié un rapport d'expertise identifiant 67 espèces de poissons tropicaux susceptibles de provoquer la ciguatera. Cette intoxication alimentaire, communément surnommée « gratte » compte tenu des démangeaisons qu'elle entraîne, constitue un enjeu de santé publique dans les territoires français d’outre-mer.


À la suite d'un recensement des cas de ciguatera survenus entre 2002 et 2021, l'expertise, réalisée conjointement par la direction générale de l'Alimentation (DGAL) et le laboratoire national de référence "Biotoxines marines" de l'Anses, a conduit à l'identification de 67 espèces à risque, appartenant principalement aux familles des mérous, carangues et vivaneaux. 

Des échantillons de poissons ont été prélevés pour la recherche de ciguatoxines. En parallèle, une analyse d'ADN a également été effectuée par le laboratoire du service commun des laboratoires (SCL) de Marseille, afin d'identifier précisément les espèces impliquées dans ces intoxications.

À l'échelle mondiale, 50 000 à 100 000 cas de ciguatera sont rapportés annuellement, avec une importante sous-déclaration. L'incidence est particulièrement élevée dans les territoires français d'outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française.

La ciguatera, une intoxication alimentaire des zones tropicales et subtropicales

La ciguatera est causée par des ciguatoxines, produites par des algues microscopiques (Gambierdiscus toxicus) proliférant dans les récifs coralliens dégradés ou pollués. Ces toxines lipophiles s'accumulent progressivement dans la chaîne alimentaire : des petits poissons herbivores ingèrent ces microalgues, puis sont consommés à leur tour par des carnivores (carangues, murènes, mérous, barracudas, ...) qui seront mangés par l'homme. La concentration des ciguatoxines augmente considérablement à chaque niveau trophique.

Les ciguatoxines ne modifient ni l'aspect, ni l'odeur, ni le goût du poisson. Thermostables, elles résistent à la cuisson comme à la congélation. Le diagnostic repose essentiellement sur la clinique et le contexte de consommation récente de poissons tropicaux.

Les signes digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales) se manifestent en premier, quelques minutes à quelques heures après l'ingestion. Ils sont rapidement suivis de troubles neurologiques (paresthésies, dysesthésies, arthralgies, myalgies, inversion des sensations thermiques). Un ralentissement du rythme cardiaque et une hypotension artérielle peuvent aussi survenir, et durer trois ou quatre jours.

Les symptômes de la ciguatera sont très variables d’une personne à l’autre, mais aussi selon la région : sévérité, type de symptômes, durée, etc. Des rechutes peuvent être observées plusieurs mois après la contamination, en particulier après consommation de boissons alcoolisées ou de chair de poisson.

Que faire en cas d'intoxication ?

L'appel à un centre antipoison (CAP) ou une consultation médicale immédiate est recommandé en cas de suspicion d'intoxication. Bien que la ciguatera ne fasse pas l’objet d’une déclaration obligatoire, le signalement à la mission des urgences sanitaires (MUS) est de rigueur. Une intoxication alimentaire collective à ciguatoxines est présumée sur la base de la symptomatologie des malades ou si l’espèce du poisson consommé ou la zone de pêche sont identifiées comme étant à risque.

En l'absence d'antidote spécifique, le traitement est principalement symptomatique (antihistaminiques et anesthésiques locaux).

Renforcer l'information et la prévention

Les mesures préventives peuvent être rappelées en consultation : éviter la consommation d'espèces à risque, particulièrement les gros poissons prédateurs, et proscrire les parties les plus toxiques (tête, viscères, abats).

L'Anses recommande que cette information soit largement diffusée auprès des consommateurs, qu'ils soient résidents ou en vacances, et des pêcheurs.

Source | Anses – Ciguatera aux Antilles françaises : renforcer l’information sur les espèces de poissons pouvant causer cette intoxication

- Par Anne-Solène NAUDON -

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