Rage: une maladie gravissime, mais quasiment absente du sol français

Source :AFP
Date de publication :03 octobre 2025
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Par Julien DURY

La rage, dont un homme est mort la semaine dernière à Perpignan, est une maladie systématiquement mortelle quand les symptômes se déclarent. Même si elle fait des dizaines de milliers de morts chaque année dans le monde, elle est quasiment éradiquée en France et en Europe de l'Ouest.

- 100% de mortalité -

La rage est la conséquence d'un virus transmis à l'humain par la salive de certains animaux, la plupart du temps des chiens, généralement via des morsures ou griffures. Théoriquement possible, la transmission entre humains n'est, de fait, jamais observée. La contamination ne donne pas immédiatement lieu à des symptômes. Ils mettent au moins un mois à se manifester, parfois beaucoup plus: le patient finit par faire une encéphalite. Variables, les symptômes peuvent être des délires et des hallucinations, ou, moins souvent, une paralysie. La peur de l'eau, dit hydrophobie, qui se traduit par un spasme involontaire des muscles du cou et du diaphragme à la vue de l'eau, est assez caractéristique. Surtout, quand ces symptômes se manifestent, il est trop tard: le taux de létalité est alors de 100%, même si des cas extrêmement rares de guérison ont été signalés. Au niveau mondial, le bilan humain reste lourd. Chaque année, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la rage tue environ 59.000 personnes, souvent jeunes et principalement en Afrique et Asie. "La rage sévit dans de nombreux pays: Asie, Afrique dont le Maghreb, Europe Centrale, Moyen-Orient, Amérique du Sud..." détaille en France le ministère de la Santé sur son site.

- En France, une menace limitée -

En revanche "le risque d’exposition sur le territoire français est très faible", explique à l'AFP Hervé Bourhy, responsable du Centre national de référence de la Rage à l'Institut Pasteur, en France.

C'est cet organisme qui supervise les investigations sur le décès à Perpignan.

Depuis bientôt 30 ans, aucun carnivore - non seulement chien, mais aussi renard, chat... - n'a été contaminé par la rage sur le sol français. En conséquence, les cas humains sont extrêmement rares: moins d'une trentaine depuis les années 1970. Plus largement, les contaminations sont aussi exceptionnelles dans le reste de l'Europe de l'Ouest.

La plupart du temps, ces cas proviennent soit d'une contamination sur le sol étranger, soit par un animal lui-même contaminé hors de France et revenu sur le sol national.

"On a périodiquement des cas animaux d'importations, en provenance généralement du Maghreb mais pas seulement : des cas plus lointains sont parfois revenus par avion d'Asie", détaille M. Bourhy, estimant que la situation se produit environ une fois par an.

Dans le cas de Perpignan, le chercheur prévient toutefois que rien ne permet encore d'établir le mécanisme de contamination, même si le patient avait récemment effectué un voyage au Maghreb.

"Toutes les hypothèses sont encore ouvertes", assure le chercheur.

Par ailleurs, des cas très rares de contaminations par des chauve-souris ont été observés en France, avec un décès en 2019. Mas les enquêteurs ont déjà établi que ce n'est pas le cas ici, le cas étant "très probablement" lié à une morsure de chien, selon un infectiologue de l'hôpital de Perpignan.

- Comment se protéger ? -

Si M. Bourhy souligne que rien ne prête à l'affolement en France, il appelle à la vigilance chez les touristes se rendant dans des zones où la rage circule.

"Il faut rappeler à cette occasion aux voyageurs, notamment en Afrique ou en Asie, les risques qu’ils encourent s’ils sont griffés par un chien, un chat, une chauve-souris...", explique-t-il. "Dans ce cas il faut consulter son médecin ou se rendre dans un centre antirabique."

En effet, la rage est l'une des seules maladies pour lesquelles un vaccin peut-être efficace après la contamination. L'enjeu est donc de se faire vacciner après une morsure ou griffure, mais avant l'apparition des symptômes.

Et, de manière plus traditionnelle, le vaccin sert à prévenir le risque d'infection dans les populations des zones à risque.

"Plus de 29 millions de personnes reçoivent chaque année un vaccin contre la rage", précise l'OMS.

jdy/rap/de

© Agence France-Presse

(AFP, publié le 29/09/2025)

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