(AFP, publié le 08/07/2025)
Paris, France
Davantage de cas de diabète et de dépenses liées mais "des résultats sanitaires qui stagnent": la Cour des comptes appelle à réformer la prise en charge de cette maladie, notamment en intensifiant la prévention et en créant deux niveaux d'affection longue durée (ALD), selon la gravité.
Le diabète de type 2, forme prédominante, connaît une forte croissance en lien avec le vieillissement et l'augmentation de l'obésité, selon son rapport présenté mardi. Cette maladie chronique est en outre celle "qui touche le plus les personnes défavorisées": les 10% les plus modestes ont 2,8 fois plus de risque de la développer que les 10% les plus aisés.
Si la France reste dans les pays les moins touchés de l’Union européenne, après l’Irlande, les Pays-Bas et la Suède, environ 3,8 millions de personnes y étaient traitées avec des médicaments en 2023, soit "une prévalence de 5,2%, en croissance constante depuis le début des années 2000". S'y ajoutent des personnes sous traitement non médicamenteux ou sans traitement, et des diabétiques non diagnostiqués.
Le niveau de dépenses de santé imputables au diabète progresse aussi, principalement avec le vieillissement de la population, qui augmente le nombre de patients et de ceux ayant des complications. L'Assurance maladie l'estime à 10,2 milliards d'euros, en hausse de 34,8% depuis 2015.
"Enjeu financier important"
Mais "les résultats sanitaires ne progressent pas": le taux de réalisation des examens ne s'améliore pas, les hospitalisations pour complication baissent peu, note la Cour des comptes.
"C'est un enjeu de santé publique considérable et un enjeu financier important", a résumé son premier président Pierre Moscovici. "La prévention est la clef de tout : manger mieux, bouger plus, se connaître et se suivre mieux" et nécessite "une stratégie publique résolue", selon lui.
Pour la Cour, qui fait six recommandations, "la mise en œuvre, avant un éventuel traitement médicamenteux, de thérapies visant à modifier le mode de vie des patients devrait constituer le traitement de première intention du diabète".
Jugeant nécessaire de "réfléchir au remboursement d'un parcours de soins qui comprendrait une éducation thérapeutique et de l'activité physique", son rapport préconise de revoir le dispositif d'affection de longue durée (ALD) en créant "deux niveaux de reconnaissance, selon le niveau de sévérité et de complication".
Au niveau 1, l'exonération du ticket modérateur serait concentrée sur certains soins préventifs, examens de suivi et bilans mais ouverte à des thérapies non médicamenteuses de modification des modes de vie, aujourd'hui exclues du remboursement de droit commun. Au niveau 2, l'exonération concernerait toujours l'ensemble des soins liés à la pathologie.
"Une piste" à suivre, estime la Cour, même s'il faut "évaluer soigneusement" les implications concernant le "reste à charge pour les patients" et "l'équilibre entre les économies et les dépenses supplémentaires" pour l’Assurance maladie.
Alimentation favorable à la santé
En 2022, l'ALD diabète regroupait 3,6 millions d'assurés - la plus importante en nombre et l'une de celles au taux de croissance le plus rapide, précise le rapport.
"Les Français ne sont pas assez conscients qu'on peut à la fois améliorer considérablement la santé des patients et faire des économies substantielles, c'est vertueux", a estimé Pierre Moscovici.
Sachant que l'obésité est le facteur de risque principal de diabète, la Cour prône aussi d'intensifier l'information des consommateurs, l'encadrement de la publicité et la régulation de l'offre alimentaire.
L'affichage nutritionnel et l'encadrement de la publicité ainsi que la taxe sur les boissons sucrées "mériteraient de devenir plus contraignants, pour peser sur la formulation des aliments et faciliter un accès équitable à une alimentation favorable à la santé", selon elle.
Le rapport recommande "une action plus volontariste des pouvoirs publics", en augmentant le périmètre des programmes audiovisuels (télévision et réseaux sociaux) soumis à l'interdiction des produits gras, sucrés ou salés et en élargissant l'assiette de la taxe sur les boissons sucrées à tous les produits à sucres ajoutés.
Et pourquoi pas un Nutri-Score obligatoire ? "Pour l'instant, une règle européenne ne (le) permet pas" mais "la France doit continuer à mener le combat" dans l'UE, a répondu Pierre Moscovici.
- Par Isabelle CORTES -
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© Agence France-Presse
 
                 
                     
                     
                     
                                                                             
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