Un pharmacien aux urgences pour réduire les réadmissions liées aux EIM

Source :M3 Manabu
Date de publication :10 juillet 2025
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On les connaît surtout derrière le comptoir de l’officine, délivrant ordonnances et conseils. À l’hôpital, leur présence reste trop souvent cantonnée aux pharmacies à usage intérieur (PUI). Il est rare de les croiser dans les couloirs des services, et on peine à les imaginer au sein des services d'urgences. Pourtant, c’est précisément dans ce type de services, qu’une étude menée au CHU de Montpellier a évalué l’efficacité d’un programme de transition de soin dirigé par un pharmacien pour réduire les réadmissions aux urgences dues au même évènement indésirable lié aux médicaments (EIM).


Les évènements indésirables liés aux médicaments (EIM) représentent une cause fréquente et évitable de recours aux urgences, en particulier chez les patients polymédiqués. Face à ce constat, au CHU de Montpellier, une équipe pharmaceutique a commencé à intervenir aux urgences en 2011, afin d’observer les EIM (projet Urgeim). L’étude, menée entre 2018 et 2021 et publiée dans JAMA, a évalué l’impact de ce programme de transition des soins innovant, coordonné par des pharmaciens hospitaliers, sur la prévention des réadmissions pour le même EIM.

L’étude Urgeim est un essai contrôlé randomisé, ayant inclus 330 patients adultes admis aux urgences avec un EIM, qu’il s’agisse d’un événement indésirable avec ou sans mésusage ou d’une non-observation du traitement ayant conduit à une évolution clinique défavorable.

Les participants ont été randomisés en deux groupes : le groupe témoin (n=163), recevant les soins usuels (anamnèse médicamenteuse réalisée par le pharmacien des urgences) et le groupe interventionnel (n=167). Ces derniers ont bénéficié d’un programme de transition dirigé par un pharmacien, incluant un contact post-hospitalier structuré avec le médecin traitant et le pharmacien d’officine, à la sortie de l’hôpital. Une lettre les informant du type d’EIM, des médicaments suspectés et des recommandations de prise en charge leur été adressée. Ces professionnels de santé étaient aussi appelés dans les 72 heures suivant la sortie du patient.

Le critère de jugement principal était la proportion de patients consultant à nouveau aux urgences dans les six mois pour le même EIM (défini par la récurrence du symptôme associé au même médicament suspecté). Les critères secondaires incluaient les admissions aux urgences toutes causes confondues, les hospitalisations, les décès et les consultations en médecine de ville.

Six mois après leur passage aux urgences, seuls 3% des patients du groupe interventionnel s'y sont rendus à nouveau pour le même EIM, versus 22,1% dans le groupe témoin (différence absolue de risque : −19,1 points de pourcentage ; IC à 95 %, −26,0 à −12,2 ; p < 0,001).

Les résultats à six mois démontrent un effet significatif de l’intervention : seuls 3,0 % des patients du groupe interventionnel ont présenté été réadmis pour le même EIM, contre 22,1 % dans le groupe témoin (différence absolue de risque : −19,1 points de pourcentage ; IC à 95 % : −26,0 à −12,2 ; p < 0,001). Une réduction significative a également été observée pour les hospitalisations liées au même EIM (1,8 % vs 17,8 %) et les passages aux urgences toutes causes confondues (21,0 % vs 35,0 %). Par ailleurs, les patients du groupe interventionnel ont davantage eu recours à des consultations en médecine générale (55,7 % vs 17,8 %) et spécialisée (42,4 % vs 24,0 %), suggérant une amélioration du suivi ambulatoire. Aucune différence notable n’a été constatée concernant les hospitalisations toutes causes confondues ou la mortalité.

Une étude multicentrique avec évaluation médico-économique à 12 mois est en cours de préparation afin de confirmer ces résultats et d’en évaluer l’efficience à plus large échelle.

Source | Villiet M , Laureau M , Perier D, et al. Consultations aux urgences pour événements liés aux médicaments avec ou sans intervention du pharmacien : essai clinique randomisé URGEIM . JAMA Intern Med. 2025 ; 185(6) : 669–678. doi : 10.1001/jamainternmed.2025.0640

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