#Santé publique #Etude

Près de 4 millions de fumeurs quotidiens de moins en 2024 qu'il y a 10 ans dans l'Hexagone

Santé publique France a publié le baromètre 2024 sur la prévalence du tabagisme. La France compte 4 millions de fumeurs quotidiens en moins en dix ans. Les politiques publiques de prévention portent leurs fruits, mais les inégalités sociales et territoriales persistent.

1
2
3
4
5
(aucun avis, cliquez pour noter)
En 2024, parmi les 18-75 ans, 25 % déclaraient fumer et 18 % quotidiennement.

En 2024, parmi les 18-75 ans, 25 % déclaraient fumer et 18 % quotidiennement.Pixelimage / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

La France hexagonale comptait, en 2024, 8,4 millions de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans, ce qui représente 4 millions de personnes en moins par rapport à 2014, selon les premiers résultats concernant la prévalence du tabagisme issus du baromètre ad hoc de Santé publique France (édition 2024), publié le 15 octobre 2025.

Ces données se sont basées sur 35.000 réponses à un questionnaire adressé sur l'année 2024 à 80.000 personnes, avec un taux de réponse estimé à 56,6%.

Les dernières données récoltées révèlent que "24% des personnes âgées de 18 à 79 ans déclarent fumer du tabac" et "17,4% des personnes âgées de 18 à 79 ans déclarent fumer quotidiennement".

Ces chiffres sont significativement inférieurs à ceux observés trois ans plus tôt.

Parmi les 18-75 ans, en France hexagonale, 25% déclaraient fumer en 2024 (contre 32% en 2021) et 18% déclaraient le faire quotidiennement (contre 25% en 2021), révèle ainsi le baromètre.

"Si on compare le nombre de fumeurs de tabac quotidiens en 2014, avec les données du baromètre 2024 [en s'appuyant sur les tranches d'âge et la zone géographique communes aux dernières éditions du baromètre], on constate qu'il y a aujourd'hui près de 4 millions de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans en moins", s'est réjouie la Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France (SPF), lors d'une conférence de presse le 15 octobre 2025.

Une baisse observée aussi bien chez les hommes que chez les femmes. La prévalence de femmes fumeuses quotidiennes (18-75 ans, en France hexagonale) est ainsi passée de 22,5% en 2021 à 16,2% en 2024. Pour les hommes, cette prévalence a diminué de près de sept points en trois ans, pour atteindre 20,4% en 2024.

Le baromètre confirme par ailleurs le recul du tabagisme quotidien chez les jeunes de 18 à 29 ans (18,4% en 2024, vs 29% en 2021), s'alignant sur les estimations récentes de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).

"Plus de la moitié des fumeurs quotidiens (55%) interrogés ont déclaré avoir envie d'arrêter en 2024" et "17,3% ont déclaré avoir fait une tentative d'arrêt d'au moins une semaine" au cours des 12 derniers mois, selon les données présentées le 15 octobre 2025.

La prévalence du tabagisme reste toutefois plus importante parmi les 30-59 ans et parmi les hommes que dans le reste de la population générale, conformément à une tendance stable.

Le nombre de cigarettes fumées par les fumeurs quotidiens de 18 à 79 ans reste également stable (12,8 cigarettes) par rapport à 2021.

"Objectifs atteints"

Cette diminution généralisée, s'inscrit dans le prolongement d'une tendance amorcée en 2016, en lien avec la mise en place des politiques de prévention prévues dans le premier programme national de lutte contre le tabac (PNLT) et qui a été interrompue en 2020, dans un contexte marqué par la crise sanitaire.

Elle confirme par ailleurs l'atteinte de plusieurs objectifs fixés dans le troisième PNLT (2023-2027), qui étaient: compter moins de 22% de fumeurs quotidiens de 18 à 75 ans d'ici à 2025 et passer en dessous de la barre des 20% d'ici à 2027.

Viet Nguyen-Thanh, responsable de l'unité Addictions chez SPF, a toutefois appelé à la "prudence" dans l'interprétation des données et notamment dans l'exercice de comparaison avec celles des éditions antérieures.

"La collecte de données pour le baromètre 2024 a reposé sur une méthodologie nouvelle", a-t-elle expliqué.

Les répondants ont été tirés au sort sur la base des fichiers démographiques sur les logements et les individus (Fideli) de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et les réponses ont été délivrées aussi bien par téléphone que sur internet.

L'enquête a par ailleurs intégré la population des 18-79 ans, et non plus les 18-75 ans comme pour les éditions précédentes. Enfin, les départements d'outre-mer, à l'exception de Mayotte, ont été pris en compte.

"Même si les indicateurs analysés ne semblent pas présenter d'effets liés au mode de collecte, une partie des évolutions observées pourrait être due aux autres changements méthodologiques", a ainsi averti Viet Nguyen-Thanh.

Inégalités sociales et territoriales

Par ailleurs, "ces données, même si elles sont extrêmement encourageantes, ne doivent pas masquer que d'importantes inégalités sociales persistent dans la consommation de tabac", a souligné Caroline Semaille.

La proportion de fumeurs quotidiens reste en effet "deux fois plus élevée" parmi les ouvriers que parmi les cadres (25,1% vs 11,8%), selon le baromètre.

La prévalence est en outre "trois fois plus élevée", parmi ceux qui se perçoivent "dans une situation financière difficile" que parmi ceux se déclarant financièrement "à l'aise" (30% vs 10%).

Le baromètre montre enfin que le nombre de fumeurs quotidiens est "1,5 fois plus élevé" parmi les personnes au chômage que parmi les actifs occupés (29,7% vs 19,2%).

"Au-delà des écarts constatés entre catégories socio-économiques, l'envie et les tentatives d'arrêt sont aussi plus fréquentes parmi les plus favorisés", observe le baromètre.

"Ces données montrent qu'il faut poursuivre nos efforts et mieux viser les catégories socio-professionnelles plus précaires, à travers les campagnes de prévention", a souligné la directrice générale de SPF.

Le baromètre révèle par ailleurs un taux de prévalence qui diffère selon les régions.

En 2024, le tabagisme quotidien était plus fréquent (parmi les 18-79 ans) dans le Grand Est (19,8%), l'Occitanie (20,6%) et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur -Paca (20,9%).La prévalence était, à l'inverse, significativement moindre en Ile-de-France (14,6%) et en Auvergne-Rhône-Alpes (16%).

Ces disparités territoriales peuvent s'expliquer par le fait que, dans certaines régions, le niveau socio-économique des habitants est plus élevé, mais aussi par "les spécificités régionales pouvant intégrer aussi bien des facteurs culturels que les conditions de vie", a noté Viet Nguyen-Thanh.

Le Grand Est, l'Occitanie et la région Paca ont en outre "la spécificité d'être frontalières avec des pays où le prix du tabac est plus bas", ce qui a pu contribuer à "minorer l'effet des politiques françaises sur le prix sur le tabac" dans ces zones, a-t-elle complété.

Ces premières données, seront complétées en décembre par la publication d'un "panorama global" regroupant les 17 thématiques abordées par l'enquête du baromètre 2024, a expliqué Caroline Semaille.

Il "comprendra notamment des analyses régionales approfondies mais aussi des données spécifiques portant sur le vapotage en population adulte", a-t-elle précisé. 

La 10e campagne "Mois sans tabac" va démarrer

Ces données ont été publiées à quelques jours du lancement de la 10e édition du "Mois sans tabac".

Cette campagne nationale, qui se tient de fin octobre à début décembre, s'adresse aux fumeurs intentionnistes à l'arrêt âgés de 18 à 64 ans et vise à générer des tentatives d'arrêt de 30 jours (en utilisant l'outil Tabac Info Service).

Pour cette nouvelle édition, SPF "a fait le choix de centrer la campagne autour de la valorisation du parcours des ex-fumeurs", a expliqué Caroline Semaille.

Pour l'heure, l'agence sanitaire recense 39.000 inscrits.

 

Commentaires

Ajouter un commentaire
En cliquant sur "Ajouter un commentaire", vous confirmez être âgé(e) d'au moins 16 ans et avoir lu et accepté les règles et conditions d'utilisation de l'espace participatif "Commentaires" . Nous vous invitons à signaler tout effet indésirable susceptible d'être dû à un médicament en le déclarant en ligne.
Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !