
Près de 86 000 participants ont porté un capteur de mouvement pendant une semaine.Jacob Wackerhausen / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
L'inactivité physique constitue un facteur de risque significatif pour les maladies cancéreuses. Une analyse des données de mouvements mesurées par capteurs, issues de la UK Biobank, montre que même de simples activités quotidiennes et une augmentation du nombre de pas sont associées à un risque moindre de cancer.
La prévention du cancer par l'activité quotidienne
Dans les pays industrialisés, jusqu'à la moitié des cas de cancer pourraient être évités par des modifications du mode de vie. L'activité physique représente un facteur essentiel dans cette prévention. Alors que les recommandations se concentrent généralement sur des formes d'exercice modérées à intenses, l'impact des mouvements quotidiens plus légers restait jusqu'à présent méconnu. Une récente analyse prospective de la UK Biobank fournit désormais des preuves solides que même une activité légère au quotidien et un nombre accru de pas sont associés à une réduction du risque de cancer.
L'objectif de cette étude était d'évaluer la relation entre l'activité physique mesurée objectivement et le risque de développer un cancer. L'analyse s'est concentrée sur un critère composite regroupant treize types de tumeurs précédemment associées à l'inactivité physique.
Entre 2013 et 2015, 85 394 participants ont porté un capteur de mouvement au poignet pendant sept jours. Les données brutes ont été converties, à l'aide d'algorithmes d'apprentissage automatique validés, en différentes formes d'activité : sédentarité, activité quotidienne légère, activité modérée à intense, ainsi que nombre de pas.
Durant la période de suivi moyenne de 5,8 ans, environ 3 % des participants ont développé l'un des cancers étudiés. Un niveau d'activité quotidienne plus élevé était significativement associé à un risque moindre de cancer. Même dans le deuxième quintile d'activité le plus bas, les participants présentaient une réduction du risque d'environ 16 % par rapport au groupe le plus inactif. Dans le quintile le plus élevé, cette réduction atteignait environ 26 %. Chez les hommes, la relation entre activité et risque apparaissait largement linéaire, tandis que chez les femmes, des effets non linéaires sont rapportés. Ces résultats sont restés stables même après l'exclusion de certains types de cancer ou des premières années d'observation.
Activité légère versus activité modérée à intense
Pour estimer l'intérêt pratique des différentes formes d'activité d'intensité variable, plusieurs modèles ont été élaborés. Une heure de sédentarité a été remplacée soit par une activité d'intensité légère, soit par une activité modérée à intense. Le risque de cancer s'en est trouvé réduit d'environ 7 % et 14 % respectivement.
Dans les modèles de partition prenant en compte simultanément tous les comportements en état d'éveil, le temps passé en position assise n'avait pas d'effet indépendant, tandis que les activités d'intensité légère comme les activités modérées à intenses exerçaient un effet protecteur significatif. Les hommes bénéficiaient davantage du remplacement d'une activité légère par une activité modérée à intense, alors que les femmes tiraient principalement profit du remplacement du temps de sédentarité par une activité d'intensité légère.
Le nombre quotidien de pas était associé de façon inverse avec le risque de développer un cancer. Comparé à 5 000 pas (référence), l'incidence du cancer diminuait de 11 % pour 7 000 pas, de 16 % pour 9 000 pas et de 20 % à 13 000 pas. Au-delà, l'augmentation du nombre de pas n'apportait que des bénéfices supplémentaires minimes. Après ajustement en fonction du nombre de pas, aucune relation significative n'a été observée avec l'intensité de la marche.
Mécanismes protecteurs potentiels
Les corrélations observées entre l'activité physique et une incidence moindre de cancer pourraient s'expliquer par divers mécanismes physiologiques, notamment une réduction de l'inflammation chronique, une amélioration de la sensibilité à l'insuline, des modulations hormonales et un renforcement du système immunitaire. En outre, l'exercice régulier influence favorablement les paramètres cardiométaboliques comme le pourcentage de graisse corporelle, la glycémie et la pression artérielle. Tous ces facteurs sont considérés comme des médiateurs potentiels dans le développement du cancer.
L’activité physique, un point de départ simple pour la prévention
Cette étude démontre clairement que même une légère activité quotidienne et une augmentation modérée du nombre de pas pourraient être significativement associées à un moindre risque de cancer. De simples trajets réguliers, ou le passage de la position assise à la position debout et à la marche, suffisent pour avoir un effet préventif.
Cependant, cette analyse repose sur une mesure de sept jours, effectuée au sein d’une cohorte globalement saine et socio-économiquement favorisée. Dès lors, l’évaluation des modifications comportementales sur le long terme ainsi que la transposition de ces résultats à d’autres populations nécessitent des études complémentaires. Les futures études d'intervention spécifiques devront clarifier quels schémas d'activité sont optimaux et comment établir des habitudes durables.
Quoi qu’il en soit, on peut d’ores et déjà retenir qu’intégrer davantage d’activité physique au quotidien est bénéfique et devrait être encouragé par le corps médical.
Auteur : Tabitha Brovot
Cet article est une traduction de l'original publié sur Gelbe Liste le 08.09.2025
Shreves AH, Small SR, Walmsley R et al. : Amount and intensity of daily total physical activity, step count and risk of incident cancer in the UK Biobank. British Journal of Sports Medicine, 2025; 59:839-847. doi : 10.1136/bjsports-2024-109360
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