
Les femmes de moins de 22 ans plus touchées que les jeunes hommes (29 % contre 19 %).kieferpix / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Un quart des jeunes de 15 à 29 ans en France métropolitaine et dans les outre-mer souffrent de symptômes dépressifs, avec des différences selon les régions, le sexe, leur niveau de vie, et ils sont encore plus nombreux à se déclarer stressés et inquiets, selon les résultats d'une enquête diffusés le 2 septembre 2025 par l'Institut Montaigne, la Mutualité française et l'Institut Terram.
Menée en avril par Ipsos auprès d'un échantillon représentatif de 5 633 personnes de 15 à 29 ans, cette enquête « dresse un état des lieux qui met notamment en lumière des inégalités entre les jeunes et des difficultés d'accès aux soins » et montre que « les jeunes sont massivement touchés par les problèmes de santé mentale », observe notamment la Mutualité française dans un communiqué.
Selon le questionnaire standardisé PHQ-9, 25 % des jeunes interrogés pourraient être atteints de dépression, contre 14 % qui s'autodéclarent en mauvaise santé mentale, « révélant un décalage entre la perception globale de son état psychique et le vécu symptomatique », une sous-estimation ou une banalisation de la souffrance mentale, lit-on dans la synthèse des résultats.
Face à « une conjoncture inédite, marquée par l'intensification des crises climatiques, la recrudescence des tensions géopolitiques et une instabilité économique et politique persistante », ils sont très nombreux à avoir peur de l'avenir : 94 % reconnaissent être inquiets à propos de l'actualité internationale (83 %), les enjeux environnementaux et climatiques (77 %) et/ou leur propre avenir (68 %).
Ils sont 87 % à se déclarer stressés par leurs études et 75 % par leur travail, avec une prévalence de la dépression plus élevée parmi les jeunes qui se déclarent souvent stressés.
Les résultats confirment que la santé mentale dépend de la vie sociale, avec 73 % des jeunes se déclarant en bonne santé mentale qui estiment avoir une vie sociale riche (pratiques sportives, culturelles), contre 43 % qui déclarent une vie peu active.
Il apparaît également que plus le temps passé sur les écrans et les réseaux sociaux notamment augmente, plus les troubles s'intensifient : 44 % de ceux qui y passent plus de huit heures par jour sont en dépression, soit le triple que ceux qui y passent moins d'une heure (15 %).
Les jeunes ruraux sont plus nombreux que leurs homologues urbains à se dire insatisfaits de l'offre locale en loisirs, activités culturelles ou sportives (24 % vs 12 %), mais le sentiment de solitude se révèle paradoxalement plus marqué dans les espaces fortement urbanisés : 64 % des jeunes vivant dans une métropole déclarent s'être sentis tristes, déprimés ou désespérés au cours des deux dernières semaines, contre 59 % en zones périurbaines et 54 % en zones rurales.
La santé mentale dépend également du niveau social des jeunes, avec environ 47 % des jeunes en grande précarité qui souffrent de dépression, soit près de trois fois plus que chez les jeunes sans difficultés économiques (16 %).
Les chiffres rappellent par ailleurs que les jeunes femmes sont plus durement touchées, avec 27 % qui souffrent de dépression, contre 22 % des jeunes hommes. L'écart est particulièrement significatif avant 22 ans (29 % vs 19 %).
Cette vulnérabilité de genre s'observe aussi dans les autres indicateurs : troubles du sommeil (76 % des femmes vs 67 % des hommes), fatigue persistante (87 % vs 78 %), stress lié aux études (56 % vs 32 %), observent les auteurs.
Des différences apparaissent entre les régions, avec des niveaux plus élevés de dépression chez les jeunes ultramarins : 52 % en Guyane, 44 % en Martinique, 43 % à Mayotte, alors que les proportions oscillent entre 19 % (Bourgogne-Franche-Comté) et 28 % (Provence-Alpes-Côte d'Azur) dans l'Hexagone. À cette détresse s'ajoute un fort mécontentement à l'égard des services publics, notamment en santé (43 % vs 21 % de moyenne nationale).
Un parcours de soins inégal, parfois inexistant
L'enquête a par ailleurs porté sur l'accès aux soins, montrant que seuls 38 % des jeunes interrogés ont déjà parlé de leur santé mentale à un professionnel de la santé et seulement 21 % à plusieurs reprises. Ils évoquent davantage leur santé mentale avec leurs amis (52 %) ou leur famille (47 %).
Lorsqu'ils consultent, les jeunes s'adressent tout d'abord aux psychologues (56 %), aux médecins généralistes (46 %) puis aux psychiatres (25 %). D'autres figures jouent également un rôle dans le premier accueil de cette parole : infirmiers (17 %), praticiens de « médecines douces » (14 %), médecins du travail (12 %), travailleurs sociaux (9 %)…
Cependant, 19 % des jeunes qui ressentent le besoin de consulter ne l'ont pas fait et 24 % de ces derniers déclarent ne pas oser franchir le pas par peur du jugement ou de la stigmatisation, à cause des coûts (17 %) ou l'impression que cela ne va pas les aider (18 %). En outre, 5 % déclarent ne pas avoir réussi à obtenir un rendez-vous et 6 % évoquent des difficultés d'accès territoriales.
L'enquête indique par ailleurs que 13 % des jeunes déclarent ne pas savoir vers qui se tourner et que près de 7 % cherchent un soutien moral sur les réseaux sociaux ou la possibilité d'échanger sur des forums, et davantage ceux qui souffrent de dépression (45 % vs 25 % en moyenne).
Les trois quarts (76 %) des 15-29 ans interrogés déclarent avoir été sensibilisés à la santé mentale, principalement par les réseaux sociaux (31 %). « Or, si ces contenus permettent une prise de conscience, leur fiabilité est très hétérogène », commentent les auteurs.
Les autres canaux restent inégalement mobilisés : seuls 20 % ont été sensibilisés par leur établissement scolaire ou universitaire, 19 % par un médecin ou un professionnel de santé et 11 % par des associations spécialisées.
Enfin, les jeunes ont été interrogés sur leurs attentes. Notamment, 36 % veulent avant tout un accès plus facile aux soins psychologiques et autant un renforcement de la sensibilisation, 34 % demandent que les soins soient rendus plus accessibles et 19 % souhaitent réduire le coût d'accès aux soins en santé.
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 2 septembre 2025.
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