
ALD 31 pour transidentité ou dysphorie de genre : 9 000 bénéficiaires en 2020 et 22 550 en 2023.Darko Mlinarevic / iStock / via Getty Images
La Haute Autorité de santé (HAS) a publié le 18 juillet 2025 ses recommandations pour l'accompagnement et la prise en charge des adultes trans qui visent à améliorer la qualité, la sûreté et l'homogénéité des pratiques en France et à permettre aux personnes concernées de prendre des décisions éclairées.
« C'est la première fois qu'il y a des recommandations nationales […] sur cette question de la prise en charge de la transidentité », a souligné Lionel Collet, président de la HAS, le 18 juillet 2025 lors d'une conférence de presse. Ces travaux, qui répondent à une saisine de 2021 du ministre de la santé, Olivier Véran à l'époque, ont été réalisés dans un « climat unique » qui n'aurait, d'après la haute autorité, pas eu d'influence sur leur contenu.
Si la note de cadrage initialement validée par le collège de la HAS concernait les personnes de 16 ans et plus, les 16-18 ans n'ont finalement pas été inclus dans ces recommandations qui sont un « premier volet dédié exclusivement à l'adulte ».
Le document présenté et publié, qui a été adopté seulement le 17 juillet 2025 par le collège, est encore en attente d'endossement par le groupe de travail, ce qui devrait être fait d'ici fin août.
« Aujourd'hui, nous constatons qu'il y a un consensus sur les adultes et qu'on ne retrouve pas le même consensus chez les mineurs, et qu'il y a également des données robustes qui nous manquent encore sur les mineurs, et qui nous conduisent à envisager d'aller plus loin sur les avis d'experts et les données scientifiques », a commenté Lionel Collet. La HAS prévoit de travailler très prochainement sur les mineurs, avec un cadrage à la rentrée pour un démarrage des travaux début 2026.
D'après l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui a participé à un premier rapport sur le sujet remis à Olivier Véran en 2022, il y a peu de données solides sur le nombre de personnes trans dans la population française. Il a seulement été possible d'évaluer à 9 000 le nombre de bénéficiaires du dispositif des affections de longue durée (ALD) au titre d'un diagnostic de transidentité ou dysphorie de genre en 2020, qui est monté à 22 550 en 2023.
« La transidentité n'est pas une maladie, et c'est encore moins une maladie psychiatrique », a également rappelé Lionel Collet en introduction, mais « la décision de transition va mobiliser un grand nombre d'acteurs qui vont être là à la fois pour l'accompagnement psychosocial, pour la prise en charge médicale, et le cas échéant pour la prise en charge chirurgicale ».
La première recommandation sur les 152 faites par la HAS concerne la définition à donner au terme de « personne trans». Elle reconnaît ainsi que « la caractérisation d'une personne en tant que personne trans s'appuie sur son autodétermination ».
Ensuite, l'enjeu des recommandations est de s'assurer d'une part que les personnes concernées puissent prendre « des décisions éclairées, et qu'elles puissent disposer des informations requises pour prendre cette décision », et d'autre part que leur prise en charge soit « sûre », « de qualité », et « homogène sur tout le territoire », a présenté le président de la HAS.
« Les études et témoignages nous montrent une très grande hétérogénéité des soins reçus par les personnes », ce qui est « source d'inégalités et de discriminations […] aujourd'hui fortes sur le territoire national », a ajouté Claire Compagnon. « Ces difficultés dans l'accès à des soins, à la fois en termes de refus ou de délais, exposent les personnes à un risque de renoncement aux soins, à une très grande pratique d'automédication, qui s'ajoutent à des vulnérabilités importantes » (notamment liées à santé mentale) et « à la stigmatisation, avec un surrisque de violence » et « de précarisation ».
« C'est un vrai sujet de santé car l'accès aux soins pour les personnes trans ne constitue pas un confort mais un enjeu vital en termes de bien-être, d'image de soi, de vie personnelle et aussi de santé globale et de vie sociale », a-t-elle appuyé.
Les recommandations de la HAS s'ouvrent ainsi, après la définition proposée, avec deux recommandations de « contexte » soulignant qu'il est « essentiel dans les parcours de soins de prendre en compte les déterminants sociaux et économiques en santé », et qu'il est recommandé d'intégrer « systématiquement » les personnes trans aux messages et actions de prévention en matière de santé sexuelle.
Répondre aux demandes de chirurgie
Une partie du document détaille ensuite la « conduite à tenir devant une demande de transition ». Les recommandations reposent sur une individualisation de l'accompagnement et de la prise en charge médicale, avec la définition d'objectifs. Sur le sujet, la HAS souligne la nécessité d'informer les patients « de l'absence de parcours types afin qu'elles soient encouragées à exprimer leurs besoins individuels » et aussi des « limites des différents traitements, afin d'éviter toute attente irréaliste ».
Le besoin d'un « environnement d'accueil bienveillant et adapté » est pointé, avec une formation des professionnels « aux bonnes pratiques d'accueil des personnes trans », ainsi que l'importance du travail avec l'entourage, social et familial.
Près de 60 recommandations sont faites sur la prescription d'hormones, féminisantes ou masculinisantes : bilan clinique attendu, dosage, suivi clinique et biologique, vigilance.
Concernant la chirurgie, « il est recommandé de répondre aux demandes de chirurgie des personnes trans, selon les mêmes modalités et dans les mêmes délais que pour les autres demandeurs ».
Pour les chirurgies de féminisation, la HAS préconise de répondre aux demandes de chirurgie faciale, thoracique et génitale des femmes trans le souhaitant. À l'inverse, il est recommandé de répondre aux demandes de chirurgie de masculinisation du thorax, d'ablation des organes génitaux internes féminins, de métaoidioplastie et de phalloplastie des hommes trans.
Il est précisé qu'« un avis psychiatrique systématique n'est pas recommandé » avant une chirurgie. La HAS recommande plutôt « de délivrer une information préopératoire claire, loyale et adaptée afin de permettre à la personne trans de donner son consentement éclairé ».
Des soins courants comparables à la population générale
Plus globalement, la HAS souligne que, même si aucune évaluation psychiatrique ou psychothérapie n'est obligatoire de manière thérapeutique, les professionnels de santé doivent être en capacité d'identifier les problèmes de santé mentale, neurodéveloppementaux ou psychosociaux des personnes trans.
La haute autorité rappelle que les thérapies de conversion ont montré des effets délétères et sont interdites par la loi.
Les recommandations de la HAS incluent aussi les soins dermatologiques - sur la dépilation faciale et/ou corporelle, sur les prothèses et implants capillaires, et sur le traitement de l'acné (fréquent chez les hommes trans) -, la rééducation orthophonique et les soins de kinésithérapie.
Sur le plan reproductif, « il est recommandé de proposer systématiquement une consultation d'information sur la préservation des gamètes aux personnes trans avant de débuter un traitement hormonal ».
Pour les soins courants, la HAS précise que les personnes trans doivent avoir « un suivi et une prise en charge comparables à ceux de la population générale ».
Il est aussi mentionné le besoin d'un dépistage des cancers « adapté au profil de la personne trans en fonction de ses organes, de ses antécédents personnels et familiaux ».
Enfin, le manque de consensus et d'études sur la détransition est mentionné. La haute autorité recommande ainsi à la fois « d'explorer les ressorts d'une détransition et de dépister d'éventuelles violences » et « d'accompagner les personnes qui souhaitent détransitionner selon les mêmes modalités que les demandes de transition ».
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 18 juillet 2025.
Transidentité : prise en charge de l’adulte (HAS, le 17 juillet 2025)
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