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Effets indésirables du vaccin IXCHIQ : premiers résultats de l’enquête de pharmacovigilance

Les premières analyses de l’enquête de pharmacovigilance sur le vaccin IXCHIQ qui a identifié 18 cas graves dont 3 décès permettent de mieux caractériser les effets indésirables survenus en grande majorité chez des sujets âgés et fragiles.

Laurence Houdouin
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IXCHIQ, vaccin vivant atténue monovalent, a obtenu une AMM européenne centralisée le 28 juin 2024.

IXCHIQ, vaccin vivant atténue monovalent, a obtenu une AMM européenne centralisée le 28 juin 2024.EyeEm Mobile GmbH / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

L’enquête de pharmacovigilance sur IXCHIQ, vaccin contre le chikungunya, a identifié, à la date du 4 juin 2025 en France, 47 effets indésirables, dont 18 graves et 3 décès, principalement chez des sujets de plus de 65 ans et/ou ayant des comorbidités.

Parmi les 18 cas graves, 78 % (14/18) concernaient des sujets de plus de 65 ans (âge médian : 76,5 ans) et/ou qui présentaient des comorbidités.

Les symptômes graves évoquaient principalement un syndrome « chikungunya like ».

À ce jour, 8 patients sont rétablis, 7 ne le sont pas, et 3 sont décédés.

Le lien avec le vaccin est jugé « très vraisemblable » pour 1 décès.

Les taux de notification des décès sont estimés par le centre régional de pharmacovigilance à 8/100 000 doses globalement, et 18/100 000 chez les plus de 65 ans.

Trois signaux nécessitent des investigations supplémentaires :

  • encéphalopathie/encéphalite (n = 3) ;
  • chute entre J1-J5 (n = 7) ;
  • microangiopathie thrombotique (n = 1).

Trois événements sont sous surveillance : la survenue d'une insuffisance rénale, d'une thrombopénie (n = 4), et un mésusage chez des patients immunodéprimés.

La surveillance se poursuit et la réévaluation européenne du vaccin est en cours.

La campagne de vaccination contre le chikungunya avec le vaccin IXCHIQ poudre et solvant pour solution injectable a été lancée le 7 avril 2025 sur l’île de La Réunion [1].

Moins de 3 semaines plus tard, le 25 avril 2025, en raison de la survenue de 3 effets indésirables (EI) graves dont 1 décès chez des sujets de 65 ans et plus, la Haute Autorité de santé s’est prononcée en faveur d’une révision des cibles de la vaccination. IXCHIQ a ainsi été contre-indiqué dans cette tranche d’âge de façon temporaire dans l'attente de sa réévaluation européenne (cf. notre article du 3 juin 2025).

Au 2 mai 2025, 43 400 doses du vaccin IXCHIQ avaient été administrées dans le monde (France, autres pays de l'Union européenne, États-Unis, Canada) dont 43 % (soit 16 236 doses) à des personnes de 65 ans et plus, considérées comme à risque élevé de forme grave en cas d'infection par le chikungunya.

La campagne vaccinale s’est ainsi poursuivie à La Réunion, puis à Mayotte (à partir du 28 mai 2025), en ciblant uniquement les personnes de 18 à 64 ans présentant au moins une comorbidité.

Notifications spontanées en pharmacovigilance : 47 cas d’effets indésirables dont 18 graves

Le 2 juillet 2025, la publication des premiers résultats de l’enquête de pharmacovigilance réalisée par le centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP, Paris) permet de mieux caractériser les EI du vaccin IXCHIQ [2, 3]. La présentation, dans ce même document, des données de surveillance de l’infection par le virus du chikungunya à La Réunion permet une mise en perspective de ces données vaccinales (cf. Tableau et Encadré) [3].

Entre le 7 mars et le 2 juin 2025, 47 cas d’EI dont 18 cas graves ont été rapportés sur l’ensemble du territoire français dont 11 (23 %) en métropole et 36 (77 %) en zone endémique ou épidémique à La Réunion ou à la Martinique.

Ces cas déclarés concernaient majoritairement des sujets de plus de 65 ans :

  • 55 % parmi les cas non graves (16 cas sur 29 ; âge médian : 66,5 ans ; extrêmes : 35 à 77 ans) ;
  • 78 % parmi les cas graves (14 cas sur 18 ; âge médian : 76,5 ans ; extrêmes : 45 à 89 ans).

Parmi les 29 cas « non graves », 10 (34 %) présentaient des comorbidités. Les EI décrits sont surtout en lien avec une réactogénicité systémique au vaccin à type de céphalées (13), arthralgies (12), fièvre (11), myalgies (8).

Parmi les 18 cas graves, 14 (78 %) présentaient des comorbidités. Les EI évoquent principalement un tableau « chikungunya like », semblable à celui d’une forme grave d’infection par le virus (cf. Monographie VIDAL).

Un lien « très vraisemblable » avec le vaccin pour l’un des trois décès

À ce jour, sur les 18 patients ayant présenté un EI grave :

  • 8 sont rétablis ou en cours de rétablissement ;
  • 7 ne sont pas rétablis ;
  • 3 sont décédés (ces derniers avaient plus de 65 ans et présentaient d'autres pathologies associées).

D'après des critères chronologiques et sémiologiques [4], un lien avec le vaccin semble « très vraisemblable » pour un cas. Pour les deux autres : « il n’a pas été possible d’établir un lien ».

Selon le CRPV, les taux de notification des cas d'évolution fatale sont estimés à :

  • 8 cas pour 100 000 doses (ou 1 cas pour 12 640 doses) si l’on prend en compte l'ensemble des doses administrées ;
  • 18 cas pour 100 000 doses (ou 1 cas pour 5 412 doses) chez les 65 ans et plus.

Trois signaux potentiels en cours d'investigation

Des effets indésirables nouveaux ou inhabituels, suggérant un rôle possible du vaccin, ont également été mis en évidence :

  • encéphalopathie ou d’encéphalite (n = 3), survenue chez des personnes âgées ayant des comorbidités ;
  • chute (n = 7) entre J1 et J5 après la vaccination, dans un contexte de malaise vagal et/ou d'une fièvre et/ou d’encéphalopathie ;
  • microangiopathie thrombotique (n = 1) dont les premiers signes sont apparus dès J2 après la vaccination.

Ces 3 signaux potentiels font l’objet d’investigations complémentaires au niveau européen.

Trois événements sous surveillance

Trois événements sont sous surveillance :

  • une insuffisance rénale : en cas de fièvre postvaccinale chez un sujet âgé ou fragile, une évaluation de la fonction rénale est recommandée afin de corriger d’éventuels déséquilibres métaboliques ou hydroélectrolytiques ;
  • une thrombopénie : 4 cas associés à un tableau chikungunya like ont été rapportés ;
  • un mésusage dans un contexte d'immunodépression : rappelons qu’IXCHIQ, vaccin vivant atténué, est contre-indiqué chez les personnes immunodéficientes ou immunodéprimées en raison d’une maladie ou d’un traitement médical.

La surveillance se poursuit en lien avec les autorités européennes. La réévaluation de la balance bénéfice/risque de ce vaccin par le comité européen de pharmacovigilance (PRAC) de l’EMA est en cours. À suivre…

Tableau - Chikungunya à La Réunion : les chiffres clés au 4 juin 2025 (tableau 4 du [3])

Encadré - Les facteurs de risque de formes sévères d’infection par le virus du chikungunya

Les facteurs de risque de formes sévères d’infection par le virus du chikungunya à l’origine d’une hospitalisation de plus de 24 heures sont :

  • une obésité ;
  • une insuffisance rénale chronique ;
  • un diabète de type 2 ;
  • les âges extrêmes : moins de 6 mois et plus de 65 ans ;
  • une grossesse.

Les cas graves touchent majoritairement les plus de 65 ans et les moins de 3 mois.

 

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