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Produits à base de CBD : une augmentation des intoxications liées à des formulations non fiables

L'ANSM et l'Anses alertent sur la présence potentielle et non mentionnée de substances interdites dans la formulation de certains produits à base de cannabidiol (CBD), à l'origine d'une augmentation des cas d'intoxications en France.

David Paitraud
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Des intoxications qui peuvent être dues à la présence de substances interdites.

Des intoxications qui peuvent être dues à la présence de substances interdites.Tinnakorn Jorruang / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Constatant une augmentation des cas d'intoxications liées à la consommation de produits à base de cannabidiol (CBD - cf. Encadré), l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l'Agence nationale de sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) mettent en garde les consommateurs et les professionnels de santé sur les risques associés à ces produits et émettent des consignes pour prévenir ces situations [1].

Encadré - Produits à base de CBD ou de cannabinoïdes : rappel réglementaire
  • Le CBD non médical est autorisé en France sous différentes formes [23].
  • Les aliments contenant du CBD ne sont (en principe) pas autorisés à la vente dans l’Union européenne : huiles, gélules, bonbons ou chocolat, gummies, sirops, gâteaux et autres préparations culinaires.
  • Les produits contenant des cannabinoïdes de synthèse (HHC, HHC-O, H4-CBD, H2-CBD, MDMB-PINACA…) ou contenant du CBD avec du tétrahydrocannabinol (THC) à un taux supérieur à 0,3 % sont classés comme stupéfiants [3]. Leur vente, leur achat et leur consommation sont interdits pour tous les usages (ingérer, vapoter, fumer…).

L’Assurance maladie conseille de privilégier l’achat du CBD en pharmacie : « Pour les produits vendus en pharmacie, l'origine, la qualité du CBD et son dosage sont rigoureusement contrôlés et garantis » [2].

Un étiquetage qui manque de fiabilité

En France, depuis début 2024, les centres antipoison et de toxicovigilance (CAP-TV) et les centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) ont enregistré plusieurs centaines d’intoxications chez des personnes ayant consommé des produits présentés comme contenant du CBD.

« Dans la majorité des cas, ces intoxications sont causées par des substances interdites présentes dans ces produits à l’insu du consommateur (cannabinoïdes de synthèse) ou des taux de THC supérieur à 0,3 % », note l'ANSM (cf. notre article du 4 février 2025).

Les investigations menées autour de ces signalements mettent en évidence des différences entre la composition annoncée sur l'étiquetage et la composition réelle :

  • différence quantitative : dans 8 produits à base de CBD sur 10, la teneur en CBD est différente de celle indiquée sur l’étiquetage, selon une étude menée en 2023 par les centres d'addictovigilance de Lyon, Paris et Montpellier, et soutenue par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) [4] ;
  • différence qualitative : présence de THC (principe actif du cannabis) ou de cannabinoïdes de synthèse (HHC, HHC-O, H4-CBD, MDMB-PINACA…) qui constituent « des molécules très puissantes mimant l’action du THC », souligne l'ANSM.

Prévenir les consommateurs des signes d'alerte

Les symptômes traduisant un effet inattendu ou indésirable à la suite de la consommation d’un produit à base de cannabidiol (CBD) sont variés et parfois graves (cf. notre article du 11 février 2025) :

  • fatigue ;
  • somnolence ;
  • nausées, vomissements ;
  • maux de tête ;
  • anxiété, crise d’angoisse aiguë, ou état d’agitation accompagné d’hallucinations ;
  • vertiges ;
  • tachycardie ;
  • perte de connaissance ;
  • idées ou comportements suicidaires ;
  • crise d’épilepsie.

Ces effets peuvent survenir quelles que soient la durée, la fréquence ou encore la forme sous laquelle le produit au CBD a été consommé : fumé, vapoté ou ingéré.

Vigilance et conduite à tenir

L'ANSM et l'Anses appellent les consommateurs à la vigilance. « Une attention particulière doit être portée aux produits étiquetés comme “puissants”, susceptibles d’être encore plus dangereux », prévient l'ANSM.

D'une façon générale, même lorsque la composition répond aux critères légaux, consommer du CBD n’est pas anodin : 

  • la présence, même en quantité limitée, de THC peut entraîner un risque de somnolence ou de léthargie. La consommation est donc déconseillée pour les travailleurs exposés à des risques industriels, les conducteurs de machines et les usagers de la route ; 
  • le risque d'interaction avec certains médicaments en cas de prise concomitante peut se traduire par une réduction de l'efficacité du médicament ou une majoration des effets indésirables (cf. notre article du 13 mars 2025) ;
  • il est nécessaire de mettre les produits à base de CBD hors de portée des enfants pour éviter le risque d'ingestion accidentelle.

En cas d'effets inattendus ou indésirables après consommation d’un produit contenant du CBD, la conduite à tenir est la suivante : 

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