
Les saponines triterpéniques de la réglisse, dont la glycyrrhizine, sont à l’origine du goût sucré.Liudmila Chernetska / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Dans un récent rapport, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) émet des recommandations [1, 2] à l'attention des professionnels de santé pour garantir la sécurité d'emploi des préparations à base de réglisse (cf. Encadré).
Chez l’adulte : les boissons alcoolisées (environ 65-70 %), les confiseries (environ 15-20 %) et les boissons chaudes (environ 7-16 %). Chez les enfants : les confiseries (un peu plus de 75 %), les boissons chaudes (environ 13-16 %) et les boissons rafraîchissantes sans alcool (environ 5 %). |
Des effets indésirables cardiovasculaires associés à la réglisse
Dans ce rapport, l'Anses a analysé une centaine de signalements d’effets indésirables recueillis dans le cadre du dispositif de nutrivigilance ou par les centres antipoison. L'hypertension artérielle (HTA) et l'hypokaliémie représentaient les effets indésirables les plus fréquents.
Ces effets indésirables, parfois sévères, étaient liés à une surconsommation ou un mésusage de produits alimentaire contenant de l'acide glycyrrhizique (ou son sel d'ammonium), dont des compléments alimentaires. Pour rappel, l'acide glycyrrhizique est un composant majeur de la réglisse (cf. notre article complet sur la réglisse et sa toxicité du 25 mai 2023), utilisé dans les préparations industrielles comme arôme alimentaire (E958).
Selon les conclusions de ce rapport, la consommation élevée et répétée de boissons et d’aliments contenant de la réglisse peut entraîner une hypokaliémie et une HTA pouvant être à l'origine de complications cardiovasculaires. Les auteurs du rapport rappellent également le potentiel d'interactions entre la réglisse et des médicaments diurétiques hypokaliémiants, laxatifs stimulants, glucocorticoïdes, digitaliques (digoxine), antihypertenseurs et médicaments susceptibles d’engendrer des torsades de pointe.
Des recommandations aux médecins, pharmaciens et diététiciens
Les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants, ainsi que les personnes souffrant de problèmes cardiovasculaires (notamment d’HTA), de problèmes rénaux ou hépatiques doivent être considérées comme des populations particulièrement sensibles aux risques associés à la réglisse.
En outre, l'analyse des données montre que chez plus de la moitié des consommateurs de réglisse (environ 6 adultes et 4 enfants sur 10), l'exposition à l'acide glycyrrhizique dépasse la valeur toxicologique indicative (VTi), ce qui implique de ne pas multiplier les sources potentielles de réglisse.
Ces observations et constats conduisent l'Anses à émettre plusieurs recommandations à l'attention des médecins, des pharmaciens et des diététiciens :
- pour les médecins :
- interroger les personnes atteintes de pathologies cardiaques ou rénales, d’insuffisance hépatique et d’hypokaliémie, et les femmes enceintes ou allaitantes, sur leur consommation de réglisse sous toutes ses formes, y compris les compléments alimentaires,
- prendre en compte le risque d'interaction avec des médicaments ;
- pour les pharmaciens :
- demander aux personnes souhaitant consommer des compléments alimentaires contenant de la réglisse ou de l’acide glycyrrhizique si elles sont atteintes de pathologies cardiaques ou rénales, d’insuffisance hépatique et d’hypokaliémie, ou si elles sont enceintes ou allaitantes,
- recommander de ne pas consommer un complément alimentaire à base de réglisse plus de 4 semaines,
- rechercher d'autres sources éventuelles de réglisse : boissons de type pastis (alcoolisées ou non), sirops, confiseries ou tisanes,
- prendre en compte le risque d'interaction avec des médicaments ;
- pour les diététiciens : déconseiller aux personnes atteintes de pathologie cardiaques ou rénales, d'insuffisance hépatique et d'hypokaliémie, ou aux femmes enceintes ou allaitantes de consommer de la réglisse sous toutes ses formes.
L’Anses insiste par ailleurs sur « la nécessité de déclarer auprès du dispositif de nutrivigilance les effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires dont ils auraient connaissance ».
Une information qui mérite d'être renforcée
Conformément à une directive européenne en vigueur, la présence de réglisse doit être mentionnée sur l'étiquetage des aliments et boissons lorsque la concentration en acide glycyrrhizique ou son sel d'ammonium dépasse un certain seuil (100 mg/kg d'aliments ou 10 mg/L de boisson) :
- « contient de la réglisse / les personnes souffrant d'hypertension doivent éviter toute consommation excessive ».
L'Anses considère que ces repères sont insuffisants et justifie sa position par les arguments suivants :
- le seuil au-delà duquel l’étiquetage est obligatoire est trop élevé et ne permet pas d’informer suffisamment le consommateur de sa consommation d’acide glycyrrhizique ;
- il n'est pas possible à ce jour de définir « une dose journalière maximale ne présentant pas de risque pour l'ensemble de la population, notamment pour les consommateurs d'aliments riches en réglisse » ;
- l'avertissement doit être élargi à toutes les populations, étant donné que des cas d’HTA graves en lien avec la consommation d'acide glycyrrhizique ou de réglisse ont été observés chez des personnes ne souffrant pas d’HTA.
Par conséquent, l’Anses recommande :
- d’indiquer sur l’étiquette des aliments la présence, même en faible quantité, de réglisse ou de son principal constituant actif, l’acide glycyrrhizique ;
- d'avertir les consommateurs sur les risques d'interaction de l'acide glycyrrhizique avec certains médicaments.
[1] Réglisse : attention à la surconsommation pour éviter les risques d’hypertension (Anses, 12 juin 2025)
[2] Rapport de l’Anses relatif à l’évaluation des risques relatifs à la consommation alimentaire de réglisse (Anses, mai 2025)
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