
Une étude canadienne portant sur cinq Ehpad incluant un total de 1 228 résidents.Daniel Megias / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Des chercheurs canadiens ont développé un logiciel et une application associée qui permettent d'aider les médecins à déprescrire des médicaments potentiellement inappropriés chez les résidents d'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), selon les résultats d'une étude publiée dans JAMA Network Open.
Les prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées surviennent en particulier chez les personnes âgées qui présentent souvent plusieurs maladies chroniques, augmentant le risque d'événements indésirables, notamment des chutes, des fractures, des hospitalisations, des troubles cognitifs et un décès prématuré, rappellent la Dr Emily McDonald du McGill University Health Centre à Montréal et ses collègues.
Les résidents des Ehpad sont particulièrement concernés par ce problème, à cause notamment de troubles du comportement pour lesquels des antipsychotiques ou des sédatifs sont souvent prescrits hors autorisation de mise sur le marché (AMM). Ils suivent également des traitements prescrits de longue date qui sont peu réévalués.
Des initiatives sont prises pour réduire ces prescriptions, mais les études les évaluant restent limitées.
Dans cette étude, les chercheurs ont intégré et évalué un outil d'aide à la décision pour déprescrire dans les Ehpad. Pour cela, ils ont réalisé un essai contrôlé randomisé en grappes avec permutation séquentielle afin de tenir compte des tendances temporelles et de permettre à tous les centres de mettre en place l'intervention.
Ils ont développé un logiciel qui permet d'analyser les données propres à chaque patient et d'identifier les opportunités de déprescription. Une application met à la disposition du médecin ces données lorsqu'il se trouve au chevet du patient.
L'étude a été menée auprès de cinq Ehpad répartis en trois groupes, incluant un total de 1 228 résidents, dont 59 % recevaient au moins un médicament potentiellement inapproprié. Après une phase initiale de trois mois minimum, un premier groupe a commencé l'intervention, puis un deuxième trois mois après et enfin le troisième, trois mois encore après.
Les résidents avaient 84 ans en médiane. Le nombre médian de médicaments prescrits était de 10 par patient et le nombre de médicaments potentiellement inappropriés était de trois. Les médicaments potentiellement inappropriés les plus fréquents étaient les inhibiteurs de la pompe à protons (55,6 %), les anticoagulants (37,1 %) et les benzodiazépines ou hypnotiques sédatifs (39 %).
L'analyse a porté sur les 725 patients qui avaient au moins un médicament potentiellement inapproprié. Au cours de la phase initiale, un ou plusieurs médicaments potentiellement inappropriés ont été déprescrits chez 12,7 %, contre 36,4 % ensuite à l'aide du logiciel.
L'outil d'aide à la décision était associé à une plus grande probabilité de déprescription, avec un odds ratio ajusté (OR) statistiquement significatif de 1,58.
Les médicaments les plus fréquemment déprescrits au cours de la période d'intervention étaient des opioïdes, des antipsychotiques, le docusate (un laxatif), des benzodiazépines ou hypnotiques.
Les chercheurs observent toutefois que les chutes ont été significativement plus fréquentes au cours des périodes d'intervention, mais supposent qu'elles s'expliquent par une moins forte sédation des résidents, alors plus mobiles.
Cette étude montre que cet outil électronique d'aide à la décision apparaît comme une intervention qui peut être intégrée à la routine clinique des Ehpad pour favoriser la déprescription de médicaments potentiellement inappropriés, concluent les chercheurs.
D'après une dépêche publiée dans APMnews le 4 juin 2025.
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