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Pénurie de carburants : les intoxications par siphonnage explosent

Les périodes de pénurie de carburants sont associées à la multiplication des cas d’intoxication par siphonnage avec la bouche.

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Une pratique fortement déconseillée.

Une pratique fortement déconseillée.

Résumé

Au cours de la période de pénurie de carburants qui a sévi en octobre 2022, le nombre d’intoxications dues au siphonnage de carburants a été multiplié par cinq. Pour éviter les accidents, et dans un nouveau moment de tension sur l’approvisionnement en hydrocarbures, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et les centres antipoison déconseillent fortement cette pratique.

Le siphonnage de carburant consiste à vider le réservoir d'un véhicule en créant une aspiration du liquide pour le transvaser dans un autre récipient, comme un jerrican, pour remplir le réservoir d'un autre véhicule par exemple.

L'amorçage du siphon par aspiration permet au carburant de s'engager dans le tuyau. 

Pour y parvenir avec un liquide potentiellement toxique, il existe de petites pompes manuelles. Mais, en l’absence de ce matériel, de nombreuses personnes tentent d’y parvenir en aspirant avec la bouche, en espérant pouvoir cesser l’aspiration avant que le liquide n'atteigne la bouche. Malheureusement, cela n’est pas toujours le cas…

Cinq fois plus de cas d’intoxication par siphonnage

En octobre 2022, une période où jusqu'à un tiers des stations-service étaient à court de carburant sur le territoire national, les centres antipoison ont enregistré cinq fois plus d’intoxications par siphonnage de carburants (114 en un mois) que le nombre habituellement rapporté (en moyenne 23 cas par mois). Le carburant avait été siphonné à partir de réservoirs de véhicule routier (moto, scooter, mobylette), voire d’engin agricole ou de matériel de jardinage comme les tondeuses thermiques.

Les personnes exposées étaient majoritairement des hommes (96 %) et étaient en moyenne âgées de 36 ans. Les régions Île-de-France (39 % des cas), Auvergne- Rhône-Alpes (12 % des cas) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (11 % des cas), étaient les plus concernées. Les autres représentaient chacune moins de 10 % des cas.

L’exposition au cours de l’accident était essentiellement orale (111 cas sur 114), avec ou sans inhalation de vapeurs de carburant. Les trois autres personnes avaient inhalé des vapeurs sans ingestion.

Des intoxications pouvant être à l’origine de pneumopathies

En cas d’ingestion, les caractéristiques des hydrocarbures (très fluides, irritants et volatils) favorisent les fausses routes, ce qui peut avoir de graves conséquences sur les bronches [1]. Une fièvre ou une toux prolongée quelques heures après l'ingestion sont les premiers signes d’une éventuelle pneumopathie d’inhalation. Certains patients présentent des troubles respiratoires nécessitant une consultation aux urgences, voire une hospitalisation.  

Les sujets intoxiqués peuvent également souffrir de symptômes digestifs tels que des douleurs abdominales, un reflux gastrique, des nausées et des vomissements, et aussi de symptômes neurologiques comme des maux de tête, une somnolence ou des vertiges.

En octobre 2022 [2], les personnes intoxiquées étaient symptomatiques dans 88 % des cas (n=101), avec des signes digestifs pour 75 % d’entre elles. Il s’agissait principalement d’éructations avec relents d’essence (un tiers des cas), de vomissements (20 %) et de douleurs abdominales, épigastriques et/ou œsophagiennes (19 %).

Un tiers ont rapporté des signes respiratoires, essentiellement une toux (29 %), 4 % se sont plaints d’une douleur ou d’une gêne respiratoire. Des symptômes neurologiques ont été rapportés chez près d’une personne sur cinq, notamment des vertiges (9 %), des céphalées (6 %) ou une sensation d’ébriété (2 %). Enfin, des signes cardiovasculaires (tachycardie, bouffées de chaleur, rougeur du visage) étaient présents chez 5 % des sujets intoxiqués.

Que faire en cas d’ingestion de carburant ?

En cas d’ingestion de carburant :

  • ne pas se faire vomir pour éviter le passage de carburant dans les bronches puis les poumons ;
  • ne pas boire pour ne pas déclencher un vomissement ;
  • rincer la bouche à l’eau ;
  • l’administration de charbon n’est pas recommandée ;
  • surveiller les symptômes respiratoires (toux, fièvre, essoufflement) qui peuvent être retardés ;
  • ne pas exercer une activité à risque, comme la conduite automobile ou l’utilisation de machines-outils, car la vigilance peut être altérée ;
  • en cas de contact avec la peau, se laver les mains avec du savon et rincer.

En cas d’urgence vitale (détresse respiratoire, perte de connaissance, etc.) : appeler le 15 ou le 112 (ou le 114 pour les personnes sourdes et malentendantes). Hors urgence vitale, pour tout avis médical après ingestion de carburants, mieux vaut appeler un centre antipoison ou consulter un médecin.

Sources

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