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L'Organisation mondiale de la santé recommande la vaccination contre le paludisme dans le cadre d’une lutte globale contre cette maladie

11 octobre 2021 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Le 6 octobre 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur la base des conseils de deux organes consultatifs mondiaux de l’OMS, l’un sur la vaccination et l’autre sur le paludisme, recommande que, dans le cadre d’une lutte antipaludique globale, le vaccin antipaludique RTS,S/AS01 soit utilisé pour la prévention du paludisme à Plasmodium falciparum chez les enfants vivant dans les régions où la transmission est modérée à élevée, tel que défini par l’OMS. Le vaccin antipaludique RTS,S/AS01 doit être administré à raison de 4 doses aux enfants à partir de l’âge de 5 mois pour réduire la charge de la maladie.

Cette recommandation s’appuie sur les résultats d’un programme pilote en cours au Ghana, au Kenya et au Malawi, qui a touché plus de 800 000 enfants depuis 2019.

Rappels sur le poids du paludisme.

Le paludisme reste une des principales causes de maladie et de décès chez les enfants en Afrique subsaharienne.

Selon l’OMS, en 2019 les estimations étaient de 229 millions de cas, 409 000 décès dont 274 000 chez les enfants de moins de 5ans, 94% des cas concernant la région africaine de l’OMS où en 2018  P. falciparum était à l’origine de 99,7% des cas. En 2019, environ la moitié des cas dans le monde ont été enregistrés dans 6 pays : Nigéria (23 %), République démocratique du Congo (11 %), Tanzanie (5 %), Burkina Faso (4 %), Mozambique et Niger (4 % chacun). Ces dernières années, l’OMS et ses partenaires ont fait état d’une stagnation des progrès réalisés contre cette maladie mortelle.

Définition des niveaux de transmission élevés et modérés

L'OMS a défini différents niveaux de transmission :

  • zone de transmission élevée : prévalence du parasite P. falciparum (PPPf) supérieure ou égale à 35 % ou incidence parasitaire annuelle (IPA = nombre de nouveaux cas confirmés de paludisme enregistrés au cours d'une année spécifique exprimé pour 1 000 individus) d'environ 450 cas pour 1 000.
  • Zone de transmission modérée ; PPPf supérieur à 10 % mais inférieure à 35 % ou IPA de 250 à 450 cas pour 1 000.

Le vaccin Mosquirix, ou RTS,S/ASO1.

Le vaccin RTS,S/ASO1, dont le nom commercial est Mosquirix, est un vaccin recombinant avec adjuvant développé par la société Glaxo Smith Kline (GSK) depuis 1987. Ce vaccin est constitué d’une protéine de fusion combinant un tétrapeptide d’une région conservée de la protéine circumsporozoïte, protéine la plus abondante à la surface des sporozoïtes de Plasmodium falciparum, un épitope de cette protéine reconnu par les lymphocytes T et, à sa partir N-terminale, l’antigène HBs du virus de l’hépatite B (RTS). Cette protéine à trois composants est associée à l’antigène HBs (S). Les protéines RTS et S vont spontanément fusionner pour donner des particules pseudovirales exprimant RTS et S à leur surface. Cette protéine vaccinale est associée à un adjuvant - AS01- associant saponine (QS-21) et liposomes de monophosphoryl-lipide. Ce vaccin a pour objectif le développement d’anticorps qui vont agir avant l’étape hépatique du cycle parasitaire chez l’homme et protéger contre le virus de l'hépatite B.

Le vaccin RTS,S/AS01 a été évalué dans un essai de phase 3 mené entre 2009 et 2014 en Afrique subsaharienne chez 15 459 enfants (6 537 d’âge compris entre 6 et 12 semaines et 8 922 d’âge compris entre 5 et 17 mois). Le vaccin a été administré par voie intramusculaire à raison d'une primovaccination à 3 doses à un mois d’intervalle suivie d’une injection de rappel 20 mois après la première dose. Le premier groupe a été suivi 38 mois et le second 48 mois. Chaque groupe a été divisé en 3 bras recevant respectivement les 4 doses de vaccin, 3 doses puis un rappel avec un vaccin anti-méningocoque C et 4 doses avec un vaccin anti-méningocoque C. Après 3 doses, dans l’année qui suivait, on notait une diminution du nombre d’accès palustre de 31,3 % dans le premier groupe et de 55,8 % dans le second. Après 4 doses, sur un suivi médian de 48 mois, l’efficacité globale dans chaque groupe était respectivement de 25,9 % et 36,3 %. L’efficacité était maximale dans les zones à haut niveau de transmission et diminuait dans le temps dans tous les cas, mais de façon moins marquée avec le schéma à 4 doses. En terme de sécurité, le vaccin était bien toléré, mais on notait une augmentation du risque de convulsion fébrile dans les 7 jours après injection.

Le vaccin Mosquirix a été approuvé par l'Agence européenne des médicaments (EMA) en juillet 2015. Le résumé des caractéristiques du produit est uniquement en anglais sur le site de l'EMA, mais le document a été traduit en français sur le site MesVaccins.net. Il s'agit du premier vaccin antipaludique homologué au monde et également du premier vaccin homologué contre une maladie parasitaire humaine, quelle qu'elle soit.

En 2015, le Groupe consultatif stratégique d'experts en vaccination (SAGE) et le Comité consultatif sur la politique de lutte contre le paludisme (MPAC) de l'OMS ont recommandé conjointement la mise en œuvre d’une étude pilote du vaccin en Afrique. Ce projet a été lancé en 2019 au Malawi, au Ghana et au Kenya. Il découle de ces études que :

  • plus des deux tiers des enfants des trois pays qui ne dormaient pas sous une moustiquaire bénéficiaient du vaccin RTS,S ;
  • la superposition des outils, plus de 90 % des enfants ont bénéficié d'au moins une intervention préventive (moustiquaires imprégnées d'insecticide ou vaccin antipaludique) ;
  • plus de 2,3 millions de doses du vaccin ont été administrées dans ces 3 pays africains et le vaccin avait un profil de sécurité favorable ;
  • aucun impact négatif de la vaccination n’a été relevé sur l'utilisation des moustiquaires, sur les autres vaccinations infantiles ou sur la prise en charge en cas de maladie fébrile ;
  • une réduction significative (30 %) du paludisme grave était obtenue, même lorsque le vaccin était introduit dans des zones où les moustiquaires imprégnées étaient largement utilisées et où l'accès au diagnostic et au traitement était bon ;
  • une diminution de l’efficacité vaccinale a été notée au bout de 5 ans, mais cette baisse ne remettait pas en cause la stratégie vaccinale qui concerne les jeunes enfants.

Si l’efficacité vaccinale peut être considérée comme modeste, il est cependant conséquent en terme de santé publique. La modélisation sur l’impact d’un schéma à 4 doses estimait le nombre de cas évité de 116 480/100 000 vaccinés et le nombre de décès évité à 484/100 000 doses. Le rapport coût/efficacité de la vaccination a été considérée équivalent aux autres interventions visant à lutter contre le paludisme dans les zones de transmission modérée à élevée du paludisme.

Source : Organisation mondiale de la santé.

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