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« COVID-19 longs » : la HAS publie des réponses rapides et des fiches techniques

On sait aujourd'hui que, quatre semaines après l'infection, plus d'un patient sur deux présente encore au moins un des symptômes initiaux de la COVID-19. À 6 mois, ils sont encore plus de 10 % concernés par une symptomatologie prolongée.
Pour optimiser la prise en charge de ces personnes, la Haute Autorité de santé (HAS), sur la base des conclusions d'un groupe de travail d'une quinzaine de professionnels de santé et de représentants d'associations de patients, vient de publier des réponses rapides sur cette problématique, complétées par une dizaine de fiches techniques.
Isabelle Hoppenot 16 février 2021 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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Six mois après l'infection par le SARS-CoV-2, plus de 10 % des patients ont encore des symptômes (illustration).

Six mois après l'infection par le SARS-CoV-2, plus de 10 % des patients ont encore des symptômes (illustration).


Fatigue, dyspnée, douleurs, troubles du goût et de l'odorat, etc. Plusieurs semaines, voire plusieurs mois, après une infection même peu sévère par le SARS-CoV-2, une proportion importante de patients présentent encore des symptômes, laissant ces personnes, mais aussi les médecins, souvent démunis. Toutefois, les données aujourd'hui disponibles montrent que l'état de santé de ces patients s'améliore le plus souvent de façon progressive en quelques mois, grâce à une prise en charge globale et personnalisée, pouvant inclure des traitements symptomatiques, du repos et une réadaptation respiratoire et/ou un réentraînement progressif à l'effort. Pour aider les praticiens dans leur démarche, la HAS vient de publier des réponses rapides et des fiches techniques, dédiées spécifiquement aux symptômes les plus fréquemment rapportés.

Première étape, reconnaître la souffrance des patients
Trois critères permettent de repérer les personnes souffrant de symptômes prolongés de la COVID-19 :
  1. ils ont présenté une forme symptomatique ;
  2. ou bien un ou plusieurs des symptômes initiaux persistent 4 semaines après le début de la maladie ;
  3. et aucun de ces symptômes ne peut être expliqué par un autre diagnostic.

Le médecin doit donc bien faire repréciser l'histoire de l'épisode initial, rechercher d'éventuelles complications de cet épisode initial qui seraient passées inaperçues, la décompensation d'une comorbidité, ou une autre pathologie, et évaluer l'impact des symptômes actuels sur qualité de vie. L'examen clinique, complet, doit notamment rechercher une hypotension orthostatique et comprendre une mesure de la SpO2.

Les symptômes d'évolution prolongée sont multiples, les plus fréquents étant une fatigue majeure, un essoufflement, des douleurs (en particulier thoraciques à type d'oppression), des palpitations, des troubles de la concentration et de la mémoire, des troubles de l'odorat et du goût, ou encore des symptômes cutanés. Comme le rappelle la HAS, la COVID-19 est une maladie encore mal connue, ses manifestations, qui sont très variables, peuvent fluctuer dans le temps et d'une personne à l'autre. Il importe donc de faire preuve d'écoute et d'empathie, de rassurer les patients sur le caractère temporaire et réversible de leur situation, en leur précisant qu'il existe des possibilités thérapeutiques.

Un projet de soins personnalisé et une participation active des patients
Cette première consultation donne lieu à un projet de soins personnalisé, avec des objectifs réalisables (cf. Encadré 1). « L'implication des patients souffrant de symptômes prolongés de la COVID-19 participe du succès de leur prise en charge », estime la HAS. Ils doivent ainsi être incités à identifier les facteurs déclenchant leurs symptômes et être orientés vers les sources d'information validées, éventuellement vers des groupes de soutien :
  • Une bonne hygiène de vie avec, dans la mesure des capacités de chaque patient, une activité physique quotidienne, est toujours recommandée.
  • Selon les cas, un réentraînement à l'effort assuré par un kinésithérapeute formé et/ou une thérapie cognitivo-comportementale, voire une prise en charge par un psychiatre, peuvent être utiles.
  • En cas de formes plus complexes et d'une absence de réponse aux mesures de premier recours, les patients peuvent être adressés à des organisations territoriales pluridisciplinaires et pluriprofessionnelles en relation avec des médecins expérimentés dans la prise en charge des patients ayant des symptômes prolongés de la COVID-19.
  • « Les régimes alimentaires d'exclusion, les vitamines et suppléments en vente libre, inutiles et potentiellement nocifs en automédication, ne sont pas recommandés, non plus que les approches dites de médecine « alternative » (acupuncture, auriculothérapie, ostéopathie, etc.), qui n'ont pas été évaluées dans ce contexte », précise la HAS.

Une dizaine de fiches pratiques spécifiques
Pour chacun des 10 symptômes les plus fréquemment rapportés, la HAS a élaboré une fiche pratique spécifique détaillant la prise en charge et les éventuels traitements à prescrire :
  • Pour la fatigue, symptôme le plus fréquent dans ces formes de « COVID long », il est ainsi préconisé d'identifier les facteurs déclenchants afin que le patient ajuste ses activités pour prévenir sa survenue. La guérison ne peut être que progressive, en s'appuyant sur une réadaptation douce à l'effort et, si besoin, sur un soutien psychologique.
  • En cas de dyspnée, la HAS ne conseille d'instaurer une corticothérapie inhalée qu'en cas de maladie respiratoire ou d'hyperréactivité bronchique. Une réhabilitation respiratoire est envisagée après une évaluation spécialisée si le patient reste symptomatique. En cas de syndrome d'hyperventilation, une prise en charge peut être assurée par un kinésithérapeute formé à cette pathologie.
  • La prise en charge des douleurs thoraciques, qui peuvent témoigner d'une péricardite, d'une myocardite, de douleurs pariétales ou viscérales non cardiologiques, est orientée par l'analyse sémiologique précise.
  • Face à des troubles du goût et de l'odorat, fréquents, la HAS préconise des lavages de nez au sérum physiologique et une rééducation olfactive précoce. Un avis ORL est demandé en l'absence d'amélioration après 2 mois de traitement.
  • Une plainte douloureuse doit conduire à une évaluation précise de ces douleurs, et au recours à des antalgiques de palier 1 en fonction du type de douleur, complété éventuellement par une mobilisation physique ou de la kinésithérapie. Les antalgiques de palier 2 doivent être évités.
  • Après avoir écarté une complication neurologique liée à la COVID-19 ou une pathologie intercurrente, la prise en charge de premier recours des manifestations neurologiques se fonde sur l'analyse attentive des symptômes, le repérage de leur mode d'apparition et d'évolution et un examen neurologique standard.
  • Les personnes ayant un déconditionnement à l'effort doivent bénéficier d'une réhabilitation respiratoire intégrant le réentraînement à l'effort (en l'absence de myocardite ou de péricardite), qui doit être assurée par un kinésithérapeute ayant reçu une formation spécifique.
  • Le syndrome d'hyperventilation peut justifier une prescription de kinésithérapie respiratoire spécifique, mais la HAS préconise aussi la pratique individuelle d'exercices respiratoires, qui peuvent être associés à des techniques de relaxation 15 minutes par jour.
  • Les mécanismes sous-tendant les troubles somatiques fonctionnels, souvent multiples et polymorphes, sont mal connus. Il importe de nommer le trouble sans le stigmatiser et d'éviter la pérennisation par le repos prolongé. Des activités telles que le Tai Chi, le Qigong, le yoga, la marche nordique, la natation ou le vélo peuvent être proposées dans un premier temps, complétées si besoin par un réentraînement à l'effort avec un kinésithérapeute ou une thérapie cognitivo-comportementale. La HAS déconseille les prescriptions médicamenteuses.
  • Enfin, les troubles dysautonomiques (vertiges, sueurs, troubles du rythme, nausées, frissons, etc.) relèvent d'une prise en charge non pharmacologique (éviter les environnements chauds, éviter de se lever rapidement, dormir en position semi-assise, etc.) et pharmacologique, adaptée au patient.

Bien sûr, ces recommandations évolueront avec l'avancée des connaissances. De nombreux suivis de cohortes de « COVID long » sont d'ores et déjà en cours, mais il faudra attendre plusieurs mois au moins pour en tirer de plus amples enseignements.

©vidal.fr

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