Covid 19 : la HAS publie ses recommandations pour le début de la campagne de vaccination

Dans un document intitulé "Stratégie de vaccination contre le Sars-Cov-2 - Recommandations préliminaires sur la stratégie de priorisation des populations à vacciner" publié le 30 novembre 2020, la Haute Autorité de santé (HAS) précise les recommandations formulées au mois de juillet pour l'établissement des priorités entre les groupes de population qui pourront bénéficier des premières mises à disposition de vaccins contre la covid 19, attendues pour début 2021. Cette priorisation a deux objectifs :

• réduire le nombre d'hospitalisations et de décès imputables à la covid 19,
• permettre le maintien des activités essentielles du pays, particulièrement celle du système de santé, tant que dure l'épidémie.

Elle est fondée sur deux critères principaux :

• le niveau de risque individuel de développer une forme grave de l'infection par le SARS-CoV-2. Pour rappel, les facteurs de risque identifiés à ce jour sont d'abord l'âge (l'augmentation du risque débute clairement à partir de 50 ans), ensuite les maladies préexistantes ou associées (comorbidités) : obésité (IMC > 30), bronchopneumopathie chronique obstructive et insuffisance respiratoire, hypertension artérielle compliquée, insuffisance cardiaque, diabète, insuffisance rénale chronique, cancers récents de moins de trois ans, transplantation d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques et trisomie 21. Cette liste sera actualisée le cas échéant.
• le niveau d'exposition à la contamination imposé par l'activité professionnelle. Il est considéré comme très élevé pour les professions médicales et paramédicales, les auxiliaires de santé, les brancardiers, les travailleurs sociaux et acteurs des services à la personne accueillant ou entrant en contact avec des personnes infectées.

La réflexion menée par la HAS intègre par ailleurs les données récentes sur l'évolution de l'épidémie et celles disponibles sur les candidats vaccins, particulièrement les prévisions sur leur disponibilité progressive.

Un contrôle total de l'épidémie n'est pas envisagé à ce stade, en l'absence d'efficacité établie des candidats vaccins sur la transmission du virus et de connaissance des quantités qui seront disponibles. Les recommandations seront donc révisables, en fonction de l'évolution des données sur les différents aspects déterminants.

La HAS identifie 5 phases successives dans le déploiement de la vaccination, afin de parvenir aux objectifs visés. Dans une première phase, les premières doses de vaccin disponibles seraient réservées aux personnes âgées vivant en établissement collectif, dont les EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), et les professionnels de santé, particulièrement ceux se trouvant au contact de personnes infectées et ceux présentant eux-mêmes des facteurs de risque (âge supérieur à 65 ans ou comorbidité).

La deuxième phase commencerait en fonction de la disponibilité des vaccins. Elle devrait concerner les personnes de plus de 75 ans, puis celles de 65-74 ans avec des comorbidités, puis toutes celles de 65 à 74 ans. La vaccination des professionnels de santé serait également étendue aux personnels de plus de 50 ans ou avec comorbidité, quel que soit le mode d'exercice.

En phase 3, dans le but de réduire hospitalisations et décès, les vaccins disponibles iraient aux personnes de plus de 50 ans ou de moins de 50 ans avec comorbidités, et aux professionnels des secteurs identifiés comme indispensables au fonctionnement du pays (par exemple, sécurité et éducation).

La quatrième phase concernerait les personnes à risque élevé de contamination, mais non visées par les étapes antérieures : professionnels travaillant au contact du public ou en milieu clos, personnes vulnérables ou précaires (résidents des hôpitaux psychiatriques, sans domicile fixe, détenus).

Une vaccination large de toutes les personnes âgées de plus de 18 ans ne serait envisagée qu'en phase 5 et seulement si les vaccins sont disponibles en quantité suffisante.

Le scénario proposé, qui devra être validé par les autorités pour mise en application éventuelle, est assorti de recommandations complémentaires :

• la distribution des doses vaccinales devra être suivie, afin de pouvoir en réorienter le cas échéant vers des personnes prioritaires,
• un suivi de la vaccination "en vie réelle" devra être mis en place pour permettre l'actualisation des recommandations,
• à toutes les étapes du processus, l'information du public doit être claire et accessible.

La HAS rappelle en outre qu'elle ne recommande pas de rendre la vaccination obligatoire, pour aucun des groupes de population visés. On remarque qu'elle n'a pas fait intervenir dans sa réflexion de différences possibles entre les performances et indications des différents vaccins qui sont annoncés, ou les interrogations qui demeurent sur la possibilité et l'intérêt de vacciner les femmes enceintes et les personnes précédemment infectées par le SARS-CoV-2, de façon symptomatique ou non. Les données sur ces aspects sont en effet encore insuffisantes pour conduire à des décisions.

L'expertise correspondant à ces nouvelles recommandations sera intégrée prochainement dans l'outil MesVaccins de personnalisation de l'information sur la vaccination (disponible ici ou sur Vaccination info service) et le carnet de vaccination électronique de MesVaccins, de façon à permettre aux citoyens et aux professionnels de santé de se mettre en situation et d'être prêts avant le lancement de la campagne de vaccination contre la covid 19.

Référence

• Haute Autorité de santé. Stratégie de vaccination contre le Sars-Cov; Recommandations préliminaires sur la stratégie de priorisation des populations à vacciner.