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Deux alertes r?centes aux??tats-Unis
Dans le Michigan, le Department of Health and Human Services (DHHS) a fait ?tat d'une augmentation significative du nombre de cas de gonococcie (ou gonorrh?e) signal?s dans l'?tat. Dans cet ?tat, comme pour l'ensemble des ?tats-Unis, le nombre de cas s'accroit r?guli?rement depuis une dizaine d'ann?e. Depuis 2014 l'?volution est la suivante : 9 688 cas en 2014, 10 330 en 2015, 12 450 en 2016, 15 742 en 2017, 17 300 en 2018, 18 264 en 2019, soit une augmentation annuelle variant de 5 % ? 26 %.
Dans son alerte, l'?tat du Michigan signale qu'au 31 octobre 2020 le nombre de cas de gonococcies a d?j? d?pass? les chiffres de 2019, ce qui laisse pr?sager une augmentation de 22 % des gonococcies signal?es pour 2020. Pour le DHHS, il est probable que cette augmentation soit sous-estim?e, l'?pid?mie de covid ?tant associ?e ? une r?duction des consultations pour d?pistage.
En Californie, les autorit?s sanitaires de l'?tat signalent une augmentation des infections gonococciques diss?min?es, une complication de la gonorrh?e non trait?e. La forme la plus fr?quemment rapport?e et celle d'arthrite septique. Les autorit?s sanitaires de l'?tat estiment que la pand?mie de covid entra?ne une diminution du d?pistage des infections sexuellement transmissibles (IST) et par cons?quent de la mise en route d'un traitement pr?coce qui ?vite la survenue de complications.
Les ?l?ments importants sur l'?pid?miologie des gonococcies aux Etats-Unis
Aux ?tats-Unis, en 2017, on d?nombrait 555 608 cas de gonococcies soit un taux d'incidence de 172/100 000 (? titre de comparaison, on d?nombrait en Europe?la m?me ann?e 89 488 cas confirm?s pour un taux d'incidence de 21,6/100 000).?Les principales caract?ristiques des cas ?taient les suivantes :?
- 91,6 % des malades avaient un ?ge compris entre 15 et 44 ans (dans le Michigan?51 % des malades ont moins de 25 ans)
- Les hommes sont plus fr?quemment infect?s et les statistiques effectu?es ? partir des donn?es de r?gions qui enregistrent le comportement sexuel ont montr? la r?partition suivante : 42,5% chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), 25,1 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les femmes et 32,4 % chez les femmes
- 60,1 % des cas rapport?s ?taient retrouv?s dans les zones ? forte densit? de population (dans le Michigan, le nombre de cas ?tait 5,5 fois plus ?lev? ? Detroit?que dans le reste de l'?tat et un tiers des cas concernait les r?sidents de cette ville, tandis que 52 % ?taient diagnostiqu?s dans la r?gion m?tropolitaine des comt?s de Macomb-Oakland-Wayne).
- Les Afro-Am?ricains repr?sentent la sous-population la plus touch?e (66 % des cas dans le Michigan, taux d'incidence 13,6 fois sup?rieur ? celui de la population blanche).
La pand?mie de covid accroit le risque d'Infections Sexuellement Transmissibles
Il existe quelques arguments pour ?tayer l'hypoth?se d'un impact de la pand?mie de covid sur les IST. En France, l'impact de la pand?mie sur la prise en charge et le d?pistage de l'infection ? VIH a ?t? document?. Dans une ?tude am?ricaine publi?e, mais non soumise ? un comit? de lecture, les auteurs concluent que, si les changements de comportement sexuel li?s ? la pand?mie peuvent r?duire la transmission des IST de mani?re transitoire, cela ne compensera pas l'augmentation du nombre de cas due ? la d?gradation de la prise en charge m?dicale constat?e au cours de la pand?mie. Enfin, des auteurs italiens ont ?galement lanc?s une alerte r?cente. Ils estiment que les comportements ? risque n'ont pas forc?ment diminu? en p?riode de covid 19, et qu'il existe un retard au diagnostic qui favorise l'apparition de s?quelles et de complications (J Eur Acad Dermatol Venereol . 2020 Jul 27 : 10.1111/jdv.16808)
Rappels sur les?infections ? gonocoque?et leur?pr?vention
La gonococcie (?galement appel?e gonorrh?e ou encore blennorragie) qui est due au gonocoque, une bact?rie nomm?e Neisseria gonorrhoeae, est la deuxi?me IST apr?s les infections ? chlamydia en terme de fr?quence.
Elle se transmet la plupart du temps lors d'un rapport sexuel vaginal, anal ou buccog?nital mais aussi de la m?re ? l'enfant pendant l'accouchement.
Elle se manifeste habituellement chez l'homme par un ?coulement g?nital purulent et des br?lures lors de la miction (ur?trite aigu?) ; l'incubation est de 2 ? 5 jours. Elle peut se compliquer d'une orchi?pididymite avec le risque d'hypofertilit?, d'une prostatite ou d'un r?tr?cissement ur?tral. Chez la femme, jusqu'? 70 % des cas sont totalement asymptomatiques. Lorsqu'elle est symptomatique, l'infection se traduit par une cervico-vaginite avec des leucorrh?es, souvent associ?e ? une ur?trite. L'?volution peut se faire vers, une salpingite compliqu?e ?ventuellement d'une st?rilit? et d'un risque de grossesse extra-ut?rine.
Il y a ?galement chez les hommes et les femmes des formes anorectales (anorectite purulente) et pharyng?es (asymptomatiques le plus souvent).
Les formes g?n?ralis?es sont plus rares : arthrites, septic?mies, endocardites, p?rih?patite chez la femme, atteintes cutan?es, m?ningite.
Par ailleurs l'infection ? gonocoque facilite la transmission du VIH.
Pr?vention?
Elle repose sur diff?rents moyens.
1. L'usage de pr?servatifs masculins et f?minins avec marquage CE avec tout partenaire occasionnel ou inconnu, quels que soient les pratiques sexuelles et le type de rapports.
2. Un d?pistage pr?coce de l'infection
2.1. A partir d'un pr?l?vement urinaire chez l'homme et un auto-pr?l?vement vaginal chez la femme, ainsi que sur un pr?l?vement anal en cas de rapports anaux et sur un pr?l?vement pharyng? en cas de rapports oraux.
2.2. Gr?ce ? l'utilisation de techniques de biologie mol?culaires extr?mement sensibles qui rechercheront ?galement une infection ? chlamydia.
2.3. Ce d?pistage peut se faire dans un laboratoire de biologie m?dicale sur prescription m?dicale ou dans un Centre Gratuit d'Information, de D?pistage et de Diagnostic (CeGIDD).
2.4. En France il n'y a pas de recommandations r?centes pr?cisant les patients cibles d'un d?pistage. La HAS en 2010 proposait deux strat?gies :
a. D?pistage cibl? dans les sous-groupes de population pr?sentant des facteurs de risque :
- Les personnes d?pist?es ou diagnostiqu?es pour une autre IST.
- Les personnes ayant des ant?c?dents d'IST, dont le gonocoque.
- Les hommes ayant des rapports avec d'autres hommes.
- Les personnes porteuses du VIH.
- Les hommes et les femmes ayant des comportements sexuels ? risque : personnes ayant eu plusieurs partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois et ayant une utilisation inadapt?e des pr?servatifs ; partenaire(s) sexuel(s) d'une personne infect?e par le gonocoque ou par une autre IST (il est primordial d'informer le patient des risques de recontamination justifiant de pr?venir les partenaires qu'il a eu au cours des 2 mois pr?c?dents les premiers sympt?mes) qui seront d?pist?s.
b. D?pistage de l'ensemble des individus ayant recours aux soins dans les CeGIDD, les centres de planification et d'?ducation familiale (CPEF), les centres d'orthog?nie et les centres de sant? sexuelle.
3. Un traitement adapt? et pr?coce qui limite le risque de complication et r?duit la transmission. ?Le traitement des partenaires r?cent est indispensable. Il repose sur 500 mg de ceftriaxone en une injection intramusculaire unique. On y associera un traitement adapt? aux infections ? chlamydia. Ces derni?res ann?es, les autorit?s sanitaires de nombreux pays s'inqui?tent de l'?mergence de bact?ries r?sistantes aux antibiotiques, avec le risque que les infections deviennent tr?s difficiles ? traiter.
Source :?Outbreak News Today.
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