Maladies psychiatriques, traitements antipsychotiques et risque métabolique
Les traitements par antipsychotiques peuvent s'accompagner d'une prise de poids et de troubles des métabolismes glucidique et lipidique tels qu'un diabète et/ou une dyslipidémie.
Parallèlement, selon une mise au point de l'ANSM publiée en 2010, l'espérance de vie des personnes atteintes de maladie mentale sévère est réduite de 20 % par rapport à la population générale, et leur exposition aux facteurs de risque suivants est plus importante : surpoids, sédentarité, tabac, hyperglycémie/diabète, hypertension artérielle, dyslipidémie. Ainsi, la prévalence du diabète de type 2 et de l'obésité serait 1,5 à 2 fois supérieure chez les patients schizophrènes que dans la population générale.
L'ANSM faisait alors observer que "Toutefois, il est difficile de distinguer dans ces données la part de la maladie elle-même de celle des traitements administrés chez ces patients".
Sur la base de ces données, elle recommandait qu'une collaboration étroite s'établissent entre le psychiatre et le médecin traitant pour la mise en place et l'adaptation d'un traitement antipsychotique, afin d'assurer une prise en charge optimale des patients (Cf. Tableau I).
traités par antipsychotiques
T0 | M1 | M3 | Trimestriellement | Annuellement | Tous les 5 ans |
|
Poids et IMC | X | X | X | X | ||
Périmètre ombilical | X | |||||
Glycémie à jeun | X | X | X | |||
Bilan lipidique | X | X | X | |||
Pression artérielle | X | X | X |
Cependant, selon une enquête conduite par le Dr Marine Le Pierres à partir des données de l'Assurance maladie (thèse de psychiatrie soutenue le 11 octobre 2018 à l'Université de Nantes), le respect de la surveillance biologique des patients traités par antipsychotiques reste insuffisant.
Dans ce contexte, l'ANSM renouvelle ses recommandations aux professionnels de santé dans un point d'information en date du 29 octobre 2018.
- Informer les patients
Une information des patients et de leur entourage doit permettre :
- de reconnaître des symptômes évocateurs d'un diabète (polyurie, polydipsie, perte de poids),
- de consulter rapidement leur médecin dans cette situation.
- Avant le traitement
- rechercher des facteurs de risque du patient (antécédents médicaux, traitements en cours, hygiène de vie) ;
- pratiquer des bilans cliniques et biologiques : calcul de l'indice de masse corporelle, mesure du périmètre ombilical, mesure de la pression artérielle, dosages à jeun de la glycémie, du cholestérol (total, HDL, LDL) et des triglycérides.
- Pendant le traitement
La stratégie de surveillance dépend des facteurs de risque trouvés avant l'instauration du traitement, des signes cliniques apparaissant pendant le traitement, et du traitement antipsychotique instauré.
- En cas de troubles cardiométaboliques détectés
- de rappeler aux patients les règles hygiéno-diététiques ;
- de définir la prise en charge thérapeutique en concertation avec le médecin traitant et le psychiatre, voire un autre spécialiste si nécessaire.
Pour aller plus loin
Antipsychotiques : rappel des mesures de suivi cardio-métabolique - Point d'Information (ANSM, 29 octobre 2018)
Suivi cardio-métabolique des patients traités par antipsychotiques - Mise au point (Afssaps, 26 avril 2010)