
Le HCSP publie sa contribution à la future Stratégie nationale de santé
La Stratégie nationale de santé, des domaines d'action prioritaires
En mai 2017, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a été saisi par les autorités sanitaires pour réaliser l'analyse de l'état de santé de la population, de ses déterminants et des stratégies d'action afin de déterminer les domaines d'action et des objectifs de la Stratégie nationale de santé (SNS).
Celle-ci détermine, de manière pluriannuelle, les domaines d'action prioritaires et les objectifs d'amélioration de la santé et de la protection sociale contre la maladie.
Une contribution du HCSP tenant compte du contexte national et international
Le HCSP vient de publier sa contribution à cette stratégie nationale de santé, sous la forme d'un avis et d'un rapport.
Pour y parvenir, il a pris en compte à la fois le contexte national et international (la stratégie Europe de l'OMS), les inégalités existant dans l'accès aux soins et à la prévention, et les priorités sanitaires telles que définies par le poids humain et économique des maladies chroniques, les déterminants de santé, les questions liées à la dépendance, etc.
Quatre grands problèmes de santé publique à prendre en compte
Selon l'avis du HCSP, il existe aujourd'hui quatre grandes priorités en termes de santé publique :
- l'exposition à la pollution et aux substances toxiques. Pour le HSCP, cette exposition est particulièrement problématique pendant la grossesse et chez les enfants, avec de fortes inégalités sociales en terme d'intensité de l'exposition. Des questions importantes persistent autour de l'impact sanitaire des nanotechnologies, des perturbateurs endocriniens ou des ondes électromagnétiques, ainsi que de l'exposition simultanée à plusieurs de ces facteurs (« risque complexe »).
- le risque infectieux, qu'il soit lié à l'antibiorésistance, à la réduction de la couverture vaccinale, ou aux infections émergentes par exemple liées au réchauffement climatique.
- l'augmentation rapide de la prévalence des maladies chroniques : entre 2015 et 2020, une augmentation estimée à 13 % pour les maladies cardiovasculaires, à 12 % pour le diabète de type 2, à 10 % pour les maladies respiratoires chroniques, à 11 % pour les maladies psychiatriques, par exemple. L'impact de cette augmentation sera considérable sur le plan humain (patients et aidants) et économique.
- les insuffisances du système de santé en terme d'adaptation aux enjeux : recours trop important aux hôpitaux, risques liés aux soins (entre 30 et 40 000 décès liés à des effets indésirables graves chaque année), inégalités territoriales de l'accès aux soins et à la prévention, etc.
Des déterminants de santé sur lesquels il est possible d'agir
Dans son avis, le HCSP identifie divers déterminants de santé qui peuvent devenir des leviers pour répondre aux principaux problèmes de santé publique identifiés. Il insiste sur une approche par déterminants plutôt que par pathologie pour éviter un empilement de mesures en silos, moins pertinentes.
Outre les déterminants classiques que sont l'alimentation, l'alcool, le tabac, la pollution atmosphérique, les pesticides ou les perturbateurs endocriniens, le HCSP met en lumière la littératie en termes de santé (la capacité à comprendre des informations sur la santé et les maladies), les facteurs sociaux, ainsi que des déterminants liés au système de santé : répartition de l'offre sur le territoire, continuité et sécurité des soins, qualité de vie des professionnels de santé, etc.
Notons cependant qu'étonnamment, le HCSP ne met pas l'accent sur l'activité physique ni sur la lutte contre la sédentarité, pourtant déterminants essentiels dans la prévention primaire, secondaire et tertiaire de nombreuses maladies chroniques et éléments importants de toute stratégie de santé.
Quatre principes d'action pour une stratégie plus efficace
Le HCSP identifie quatre principes qui, à ses yeux, sont essentiels pour améliorer l'impact de la Stratégie nationale de santé.
- L'inscription de la santé publique dans toutes les politiques grâce à une approche interministérielle et l'implication des collectivités territoriales et locales. Dans l'ensemble de l'action politique, l'attention devrait être portée sur les conséquences sanitaires à long terme (avec une évaluation de l'impact en santé), en particulier sur les questions environnementales (par exemple, l'aménagement urbain).
- La lutte contre les inégalités territoriales et sociales en termes d'accès aux soins et à la prévention, à tous les âges et en particulier pendant l'enfance.
- Une approche territoriale de la Stratégie nationale de santé : inscription dans une stratégie européenne, déclinaisons régionales de la stratégie nationale.
- L'implication des usagers et des citoyens dans une véritable dynamique de démocratie d'apprentissage : le HCSP insiste sur l'importance du niveau de confiance dans l'adhésion des Français aux mesures de santé publique. Des mesures énergiques devraient être adoptées pour améliorer l'information du public, contrer les fausses informations et permettre aux usagers de mieux comprendre les enjeux et, par là même, d'être mieux équipés et plus autonomes dans leur gestion du risque. Permettre la participation des citoyens aux décisions de santé publique favoriserait également la confiance.
Cinq axes pour la Stratégie nationale de santé
Enfin, dans son rapport, le HCSP détaille cinq axes pour la future Stratégie nationale de santé.
- Mettre en place une politique de prévention et de promotion de la santé ambitieuse et durablement financée. Pour le HCSP, il est urgent de développer la culture de la prévention et de la promotion de la santé chez les professionnels (sanitaires, sociaux et éducatifs), ainsi que chez les décideurs. Cette approche fondée sur la prévention devrait être menée dans une optique « vie entière » et en lien avec des mesures de lutte contre les risques environnementaux avérés.
- Mieux adapter le système de santé aux enjeux, en adoptant un virage vers la prévention, en favorisant les soins de ville, en augmentant la sécurité des soins, en étant davantage capable de répondre aux risques émergents, mais aussi en portant une attention particulière à la qualité de vie au travail des professionnels soignants.
- Développer les innovations en santé en favorisant l'accès à ces innovations par des expérimentations locales, en soutenant l'usage des outils numériques, et en facilitant les études menées à partir des mégadonnées (« big data »).
- Soutenir la formation et la recherche en santé publique et, en particulier, favoriser les interactions entre chercheurs en santé publique et décideurs, par exemple au sein des futurs centres d'expertises régionaux de recherche en santé publique (CERReSP).
- Définir une politique de santé spécifique pour les enfants et les adolescents, par exemple en leur permettant d'acquérir les savoirs et les attitudes nécessaires pour une meilleure gestion de leur santé tout au long de leur vie grâce à la mise en place d'un parcours éducatif en santé.
Le HCSP recommande également de continuer à utiliser des indicateurs synthétiques pour suivre la Stratégie nationale de santé et de favoriser à l'accès aux données pour permettre aux chercheurs de mieux l'évaluer.
Enfin, il recommande d'améliorer la cohérence entre la Stratégie nationale de santé et les divers plans et programmes en vigueur actuellement en élaborant et en mettant en œuvre un véritable Plan national de santé publique.
Pour aller plus loin
L'avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP) relatif à la saisine du 17 mai 2017 sur la Stratégie nationale de santé. 8 septembre 2017
Le rapport complet du Haut conseil de la santé publique (HCSP) relatif à la saisine du 17 mai 2017 sur la Stratégie nationale de santé. 8 septembre 2017
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