Situation, au 31 mars 2016, de l’épidémie de la maladie à virus Ébola en Guinée

En Guinée, entre le 17 et le 28 mars 2016, huit cas de maladie à virus Ébola ont été notifiés : quatre cas confirmés et trois cas probables (décès avec lien épidémiologique avec les cas confirmés) dans la sous-préfecture de Koropara de la préfecture de N'Zérékoré et un décès confirmé chez un contact de Koropara dans la préfecture de Macenta (préfecture de N'Zérékoré).

Le dernier cas confirmé le 28 mars est hospitalisé au centre de traitement Ébola de N'Zérékoré, dirigé par l'ONG Alima, dont le laboratoire support est celui de l'Institut Pasteur de Dakar. La comparaison des souches à l'origine de cette résurgence et des souches ayant circulé dans la sous-préfecture de Koropara, dans la région forestière et dans les pays frontaliers couplée à l'enquête épidémiologique auprès des sujets contacts permettra sans doute de comprendre cet épisode (rapport d'enquête non encore disponible).

Dans la sous-préfecture de Koropara, neuf sujets des deux sexes (4 à 65 ans) dont 4 hommes (15 à 62 ans) sont sortis guéris de la phase aiguë de la maladie à virus  Ébola entre le 3 novembre et le 25 décembre 2014, sur 24 cas pris en charge au centre de traitement Ébola de N'Zérékoré. Le décès du premier cas probable remonte à fin février 2016.

A la date du 31 mars 2016, le suivi des contacts est incomplet avec 98,5% (765/776 à suivre) dans la préfecture de N'Zérékoré et 0% (0/95 à suivre) dans la préfecture de Macenta, sous-préfecture de Kouankan +++. Cette absence de suivi à Kouankan est en rapport avec des réticences dans quatre villages qui refusent toutes interventions. Par ailleurs 10 contacts n'ont pu être identifiés ou ont été perdus de vue, 5 dans chacune des deux sous-préfectures.

La vaccination en ceinture des contacts et contacts de contacts (recensement de 1030 personnes), avec le vaccin r- VSV ZEBOV-GP (Merck), a commencé le 23 mars 2016. Au 31 mars, 778 contacts, dont 182 à haut risque, ont été vaccinés. Pour obtenir un engagement communautaire vis-a-vis de la vaccination, le Gouverneur de la région de N'Zérékoré et le préfet de N'Zérékoré se sont faits vaccinés les premiers devant la population.

Les activités de micro-cerclage (quarantaine à domicile) dans les villages des cas contacts et de ratissage (recherche active de cas suspects dans un périmètre de 5 à 10 km autour de ces villages, soit environ 1500 ménages dans 11 localités) sont mises en œuvre, associées dans la zone de résurgence au renforcement des activités de mobilisation sociale, de prévention et contrôle des infections (PCI), de distribution de matériels de protection, de l'organisation du triage des patients dans les structures de santé, toutes mesures qui s'étaient relâchées ces derniers mois, et à l'amélioration de la surveillance renforcée (formation de 34 agents communautaires), qui en a besoin comme dans le reste du pays. Il faut rappeler que 3 décès classés comme probables, lors de l'investigation du 17 mars, n'ont pas été déclarés lors de leur survenue et les sujets ont donc été enterrés sans sécurisation depuis fin février. Les cas confirmés depuis sont des contacts primaires ou secondaires de ces morts de maladie à virus Ébola.

Plusieurs pays ont fermé à nouveau leurs frontières avec la Guinée dont le Liberia.

Malgré cette résurgence d'importance, qui n'est pas encore contrôlée, l'Organisation mondiale de la santé a déclaré le 29 décembre la fin de l'urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) dans les pays d'Afrique de l'Ouest.