Augmentation anormale des cas de microcéphalie au Brésil : le virus Zika est-il en cause ?

Au Brésil, le 28 octobre 2015, le ministère de la santé a notifié à l'Organisation mondiale de la santé, 54 cas de microcéphalie (circonférence inférieure au 5ème percentile conformément à la norme OMS) chez des nouveau-nés dans plusieurs hôpitaux publics et privés spécialisés de l'État de Pernambuco (nord-est du pays) depuis le printemps 2015. La plupart des cas étaient nés à terme ou proche du terme avec un excellent réflexe de succion, sans autres anomalies neurologiques. D'après les données du système de surveillance brésilien (Sistema de Informações de Nascidos Vivos), le nombre de cas de microcéphalies dans l'État de Pernambuco étaient les suivants : 20 cas rapportés entre janvier et septembre 2015 (dont 70% entre août et septembre 2015) versus 12 cas (2014), 10 (2013), 9 (2012) et 5 (2011).

Des investigations complémentaires ont indiqué que 7 autres États du Nord-est du Brésil avaient rapporté une augmentation d'incidence de microcéphalies chez des nouveaux nés, depuis juin 2015. Au 24 novembre, le ministère de la santé a mis à jour la situation épidémiologique concernant les microcéphalies : au total, 739 cas suspects de microcéphalie ont été rapportées, identifiées dans 160 municipalités dans neuf États du Brésil (rapport épidémiologique). L'état de Pernambuco conserve le plus grand nombre de cas (487), puis Paraíba (96), Sergipe (54), Rio Grande do Norte (47), Piauí (27), Alagoas (10), Ceará (9), Bahia (8) et Goiás (01). 


Différentes causes peuvent être à l'origine de microcéphalie y compris des infections durant le 1er trimestre de la grossesse, des expositions aux agents toxiques, prédispositions génétiques, déficits nutritionnels.

Le 18 novembre 2015, le ministère de la santé du Brésil a confirmé des PCR positives pour le virus Zika dans 2 prélèvements de liquides amniotiques de femmes enceintes d'un autre État, à Paraiba (diagnostic réalisé par le Laboratoire Flavivirus de l'Instituto Oswaldo Cruz, CIO-Fiocruz, PCR + avec génotype asiatique) : les 2 fœtus présentaient des microcéphalies (confirmées par échographie) et les 2 mères présentaient des symptômes compatibles avec une fièvre liée au virus Zika pendant leur grossesse. D'après les données bibliographiques, il semble que ce soit la première fois que du génome viral de Zika virus est retrouvé dans du liquide amniotique.

Pour rappel: le Brésil rapporte des cas de Zika autochtones depuis avril 2015 et les 8 premiers cas avaient été diagnostiqués à Bahia. Le 24 novembre 2015, le Brésil rapporte un total de 15 États affectés par le virus Zika.

Le virus Zika est un arbovirus membre de la famille des Flaviviridae et du genre Flavivirus, responsable de la fièvre Zika. Il tire son nom d'une forêt en Ouganda où il a été identifié pour la première fois en 1947. Répandu dans les régions tropicales d'Asie et d'Afrique, il est responsable en 2007 d'une épidémie sur les îles Yap, en Micronésie, où il infecte près des trois quarts des habitants de l'île. Il est, depuis cet épisode, considéré comme émergent.

Transmis par la piqûre d'un moustique infecté (Aedes aegypti, Aedes albopictus, Anopheles, Mansonia, Eretmapodites) il peut entraîner un syndrome proche des autres arboviroses, avec fièvre, éruption cutanée, céphalée et douleurs articulaires, spontanément résolutif.

Il est conseillé aux voyageurs de se protéger des piqûres de moustiques, en particulier pendant les heures de clarté, par le port de vêtements couvrants imprégnés d'insecticides, l'utilisation de répulsifs, contenant du DEET, sur la peau découverte et de moustiquaires imprégnées d'insecticide.

Source : Institut de veille sanitaire, Bulletin hebdomadaire international n°531 du 18 au 24 novembre 2015.